Affaire Marafa: Comment Issa Tchiroma manipule les medias

YAOUNDÉ - 05 Juin 2012
© Olivier A. Ndenkop | L'Actu

Interpellé dès la première lettre de Marafa, le ministre de la Communication multiplie les stratégies pour contrôler la presse.

C'est un secret de polichinelle. Depuis que l'ancien secrétaire général de la présidence de la République (SG/PR) inonde la presse de «Lettres ouvertes», le gouvernement semble avoir perdu le sommeil. Comment taire l'ex-SG/PR? La presse est interpellée. Selon des informations puisées à bonne source, le ministre de la Communication (Mincom), Issa Tchiroma Bakary, multiplie les stratégies pour avoir main mise sur la presse, aussi bien publique que privée. Dans le premier cas, il a peu de souci à se faire. Car, en sa qualité de président du Conseil d'administration de la Cameroon Radio Télévision (CRTV), un coup de fil suffit pour s'assurer de la «conformité» de la composition des plateaux de débats. En cas de non satisfaction, Issa Tchiroma troque souvent sa casquette de ministre de la Communication, contre celle de PCA, pour obtenir le changement des invités sur un plateau, apprend-on. Notre informateur évoque l'immixtion grossière d'Issa Tchiroma dans l'émission «Scènes de presse», pendant la campagne présidentielle gabonaise en 2009. Il insiste pour dire que depuis que Marafa a évoqué son nom dans sa première lettre, le «Mincom veut tout faire pour étouffer la presse».

Le ministre de la Communication ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Il multiplie les interventions officieuses dans la composition des plateaux des talk show en audiovisuel privé. Appelant les présentateurs de ces émissions quelques jours avant, question de savoir si certains «bannis», en raison de leurs prises de position jugées anti gouvernementales, sont conviés. C'est ainsi qu'il a pris le soin d'appeler l'actuel présentateur de Canal Presse quelques temps avant l'édition du dimanche 27 mai dernier. Le but de cet «appel surprise» était simple: «imposer un invité qui défendra la position du gouvernement dans le cadre de la très médiatisée affaire Albatros. C'est ainsi qu'Issa Tchiroma est immédiatement passé à l'essentiel, en imposant son collaborateur et membre du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), Charles Atangana Manda. Joint au téléphone hier, le présentateur de Canal Presse a estimé que le terme «imposé» était fort. «Je ne peux pas dire que le ministre m'a imposé Charles Atangana Manda. C'était une suggestion.» Explique t-il. Non sans reconnaître que, «le ministre de la Communication n'a pas l'habitude de le faire». La stratégie gouvernementale pour contrer Marafa est bien huilée. Les thuriféraires du régime, tels des sapeurs pompiers surpris par des flammes, sont «parachutés» sur des plateaux des chaînes de télés à fort taux d'audience, pour éteindre le feu attisé par Marafa Hamidou Yaya.

Le dimanche 27 mai, pendant qu'Atangana Manda se battait pour dédouaner le pouvoir sur Canal2 International, Jean-François Mebenga, un autre membre du RDPC, tentait d'en faire autant sur Scène de presse. Ce dernier, voulant être plus royaliste que le roi, a déclaré en mondovision: «je doute que M. Marafa ait une carte du parti (RDPC, NdIr)». Invité dimanche dernier à l'émission Canal presse, Christophe Mien Zock, directeur des organes de presse du RDPC, a refusé de commenter les déclarations des «fantassins». Finalement, la bataille des médias précède celle des tribunaux.


05/06/2012
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres