Affaire du bébé volé: Vanessa Tchatchou craint pour sa vie

DOUALA - 08 Février 2012
© Joseph Flavien KANKEU | Le Messager

Selon la jeune maman, les policiers affectés à sa sécurité représentent plutôt une menace pour sa vie. Elle préfère dès lors passer ses nuits avec les gardes-malades dans le couloir de la maternité, depuis quelques jours.

Hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Ngousso-Yaoundé, mardi 7 février 2012. Il est un peu plus de 12 heures. Les usagers vont et viennent dans les différents couloirs. Les uns souhaitent honorer un rendez-vous avec leurs médecins. D'autres viennent rendre une visite de réconfort à des connaissances internées dans cette désormais tristement célèbre institution hospitalière. A l'entrée du pavillon de la maternité, il y a encore plus de monde. L'accès à la salle d'hospitalisation de cette unité est désormais filtré. A quelques pas de là, dans le couloir, quelques policiers armes au poing, sont assis sur des bancs réservés aux gardes-malades. En face d'eux, Vanessa Tchatchou, la mère du bébé volé le 20 août 2011, est installée. Elle échange avec son frère cadet. Ce dernier est recouvert d'un pagne, comme pour se protéger du froid. La jeune maman arbore une longue robe de couleur marron et un blouson. Des gangs et une paire de chaussettes noires viennent compléter cet habillement d'un autre genre en pleine saison sèche.

«C'est sur ces chaises que je dors depuis que ces policiers qui disent assurer ma sécurité m'ont bastonné et m'ont enfermé dans une salle pendant toute une nuit, afin qu'on prélève de force mon sang pour un test Adn. Alors que j'exigeais que cela se fasse en présence de la magistrate et de sa prétendue fille qui devrait aussi être prélevée», explique Vanessa Tchatchou, les traits tirés par la torture morale qu'elle subit depuis plusieurs mois. La mère éplorée préfère passer sa nuit avec les gardes-malades, pour être sûre de ne pas être enlevée ou tuée sans témoins.

«Les éléments de la Dgre sont déjà venus ici par deux fois me demander de venir avec eux vivre dans une autre maison au quartier, pour ma sécurité. J'ai refusé parce que je ne suis plus maîtresse de mon corps. Les journalistes et des inconnus qui m'ont soutenu veulent que je parte d'ici avec mon enfant. Et je ne faillirai pas», souligne courageusement la jeune fille avant de saluer une élève du Lycée de Ngousso-Ngoulmakong venue l'encourager. Vanessa n'aurait plus aucune intimité. Ces «gardes du corps» l'accompagnent partout où elle va, même aux toilettes. Ils écoutent aussi de force toutes ses conversations avec les visiteurs.


Forcer la vérité

Les mensonges du gouvernement à l'occasion de la sortie du ministre de la Communication ont été mis à nues. Issa Tchiroma Bakary avait en effet soutenu que l'un des copains de Vanessa, Ndjandja Pamen Cyrano avait réussi à faire sortir l'enfant de l'hôpital quelques heures après sa naissance, aidé en cela par une certaine Alabine Ngbwa Joceline. Par la suite, cet enfant a été expressément présenté comme étant celui inhumé à Nkoteng. Mais lors de la confrontation à l'hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Ngousso, le jeune garçon a ouvertement déclaré ne pas connaître Vanessa. A la grande stupéfaction du gouvernement qui souhaitait l'obliger à la reconnaître comme étant son ancien copain.

Le scénario macabre voudrait qu'il accepte d'avoir volé l'enfant parce qu'un autre homme prétendait être son père géniteur. Une manière de diaboliser Vanessa et de lui arracher le fruit de ses entrailles, tout en couvrant Catherine Bakang Mbock, la ministre des Affaires sociales qui, en violation de la loi, a signé des documents d'adoption à la magistrate en quelques jours.

Au moment où nous quittions l'hôpital hier, il était annoncé pour les prochaines heures, la reconstitution des faits avec pour acteurs principaux, les deux prétendus voleurs du bébé. Une manière pour le gouvernement de forcer la vérité, alors que le garçon, principal accusé, soutien bec et ongle ne pas connaître Vanessa, encore moins son enfant. Voilà la justice que le régime Biya veut infliger à une pauvre jeune fille dont on a grossièrement volé le bébé.


Test ADN: les Américains ou rien

Les péripéties qui ont conduit au prélèvement du sang de la jeune mère l'obligent à croire que les résultats des tests Adn seront truqués. Selon cette dernière, elle n'y accordera d'ailleurs aucun crédit, parce que tout est mis en jeu pour l'obliger à accepter que son bébé serait mort et enterré à Nkoteng. Donnant ainsi la chance à une magistrate soupçonnée de vol de bébé de garder un enfant qui appartiendrait à Vanessa Tchatchou. «Les choses ont été faussées dès le départ. On ne peut pas me tabasser pour obtenir mon sang et me dire qu'on peut faire de moi ce qu'on veut. Les manœuvres sont en cours pour truquer les résultats afin de laisser mon enfant à quelqu’un d'autre. C'est pourquoi j'exige que les Américains s'occupent de ce test. Seuls les résultats d'un test effectué aux Etats-Unis seront pour moi crédibles» soutient-elle mordicus avant d'ajouter: «Si c'est un problème d'argent, je demanderais une quête aux Camerounais. Juste pour la manifestation de la vérité». Emouvant!


08/02/2012
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