Affaire du bébé volé: Ombres et lumières de la version officielle du gouvernement

YAOUNDÉ - 08 Février 2012
© Faustin BALLA / Pie Bruno OMGBA | L'Anecdote

Le gouvernement apporte la lumière sur le rôle de l'hôpital gynéco obstétrique et pédiatrique et sur les soupçons qui pèsent sur dame Ndikum ex madame Bikoué la principale mise en cause. Le ministre de la communication Issa Tchiroma Bakary a dévoilé, jeudi soir, aux acteurs des médias une version des faits qui laisse entendre que le dossier intéresse l'Etat camerounais jusqu'au plus haut niveau.

Même s'il a fallu 167 jours aux forces de sécurité camerounaises pour rassembler des éléments permettant au gouvernement de la République de pouvoir enfin clarifier l'opinion sur ce qui est convenu désormais d'appeler «l'Affaire du bébé volé» ou encore, «l'affaire du bébé de Vanessa Tchatchou», il n'en demeure pas moins que la prise de position du porte parole du gouvernement met en lumière un certain nombre de faits qui ont guidé les enquêteurs. Au cours de son adresse face à la presse, le porte-parole du gouvernement a salué avec emphase, les prouesses réalisées par ces forces de sécurité dans la conduite des enquêtes relatives à cette affaire. L'intervention préliminaire du ministre s'est subdivisée en trois grandes parties. Dans un premier temps, il a été question d'un rappel des faits dont les débuts remontent au 20 août 2011. Le deuxième temps indiquait à quelle étape est rendue la procédure judiciaire relative au même sujet, et enfin le rappel des actions mises en œuvre par le gouvernement depuis août de l'année dernière pour clarifier cette situation.

Dans son récit des faits, le porte-parole du gouvernement rappelle et confirme des faits qui étaient déjà connus parce que relayés par la presse. Il ressort ainsi que le 20 août 2011, Vanessa a bel et bien donné naissance à un enfant de sexe féminin. Mais celui-ci prématuré est admis dans les couveuses contre le gré de sa grand-mère maternelle, Ndjeyep Sylvie qui se préoccupait de ce que cela allait leur coûter financièrement. L'enfant de Vanessa sera par la suite «adopté par des inconnus.» Il rappelle que c'est la mère de Vanessa qui va saisir les autorités judiciaires par plainte pour vol de bébé. Dans le même esprit, l'hôpital gynéco-obstétrique de Ngousso a également saisi la brigade de gendarmerie de Nkolmesseng pour demander l'ouverture d'une enquête.

C'est au cours des investigations qui s'ensuivent que Zoa Martin, l'agent de sécurité en service le jour de la disparition de l'enfant, déclare avoir laissé sortir, «par compassion», un couple portant un bébé enveloppe dans une serviette et qui prétextait être en train d'aller laisser ce corps qu'il disait sans vie à la morgue de l'Hôpital général située à proximité. A travers cette déclaration le ministre met sous les projecteurs l'hôpital gynéco obstétrique et pédiatrique et surtout son directeur en la personne du professeur Dooh Sama qui s'était déjà rendu célèbre par son implication dans l'affaire dite du Tenofovir. Le professeur est un habitué des pratiques mafieuses et c'est la raison pour laquelle il essaie de couvrir son collaborateur le docteur Serge Temkou dont la cupidité et la voracité auront déclenché une affaire désormais sur la scène internationale.

Les éléments des forces de l'ordre réussiront par la suite à mettre la main sur ledit couple qui passera aux aveux complets. Il reconnaîtra avoir gardé le bébé prématuré dans leur domicile au quartier Titi Garage. Mais mal leur en a pris puisque le bébé a rendu l'âme une semaine plus tard. L'inhumation a eu lieu dans la localité de Nkoteng, dans le département de la Haute Sanaga. C'est d'ailleurs en ces lieux que l'exhumation a eu lieu dans la journée de mercredi dernier, pour cause de prélèvement de la matière devant servir à la réalisation du test Adn par les soins du Laboratoire du Centre.

Les présumés auteurs du rapt de l'enfant ont été dans un premier temps appréhendés par les éléments de la brigade de gendarmerie de Nkolmesseng d'où ils réussiront à s'évader après leurs aveux. Mais ils ont perdu une fois de plus leur liberté de mouvement dans la nuit du 1er au 2 février.

Le porte-parole du gouvernement rappelle aussi que Dame Ndikum, la magistrate accusée par l'opinion d'avoir volé le bébé de Vanessa s'est dérobée aux tests d'Adn qui devraient pourtant déterminer sa maternité ou non. Il a ainsi pris à contre les tenants de la thèse de l'adoption que la magistrate a brandie dès la découverte du crime. Au cours de la rencontre tripartite entre la magistrate, les enquêteurs et la ministre des affaires sociales, la magistrate a refusé séance tenante de laisser l'enfant à sa garde subir ce même test Adn

Les conclusions de Tchiroma sont tranchées: la magistrate a avec elle une petite fille née le 13 août à l'Hôpital central de Yaoundé. Elle brandit des documents matérialisant qu'elle l'a bien adoptée malgré qu'elle a voulu taire cette page, faisant plutôt croire à son entourage qu'elle a procréé. Deuxièmement, l'enfant de Vanessa est décédée et enterrée à Nkoteng. Mais dans l'échange qui a suivi cette déclaration, le porte-parole du gouvernement n'a pas dit si les enquêtes se sont aussi intéressées aux dénonciations faites à l'encontre du Procureur de la République qui est accusé d'avoir empoché des centaines de milliers de francs Cfa pour défendre la magistrate qui est par ailleurs une de ses collaboratrices. Bien plus pourquoi ne pas soumettre les personnes réfractaires au test Adn si c'est ici que réside la manifestation de la vérité? A la gendarmerie, c'est plutôt une dame Ngombongo Marie qui a été interrogée en lieu et place du directeur de l'hôpital gynéco sans qu'on ne sache pourquoi...

Toutefois, met-il en garde, le gouvernement ne laissera personne récupérer cette affaire pour satisfaire ses ambitions politiques ou installer le pays dans le désordre. Par cette déclaration, il ressort que l'affaire du bébé volé promet encore d'être un long feuilleton.



08/02/2012
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