Affaire du bébé volé: Jusqu’où peut aller Paul Biya?

DOUALA - 15 Mars 2012
© Joseph Flavien KANKEU | Le Messager

Le chef de l’Etat a pris un certain nombre de mesures, sanctionnent de facto des personnalités impliquées dans la gestion de l’affaire scandaleuse du bébé volé à l’hôpital Gynéco-Obstétrique et pédiatrique de Ngousso. Mais l’instruction par lui donnée d’extraire de force la mère du bébé volé de cet hôpital, inspire des doutes sur sa capacité à aller jusqu’au bout. L’heure ne devrait donc pas être à l’enchantement.

Nos sources sont péremptoires. Paul Biya en personne aurait instruit une négociation avec la famille de Vanessa Tchatchou, dans le souci de la faire partir sans tambours ni trompettes de l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Ngousso. Il aurait même demandé que le compte rendu lui soit donné au fur et à mesure de l’avancement de la concertation. Ceci, apprend-on, sur la pression de son épouse Chantale à qui la mère du bébé volé avait lancé un message de détresse le 8 mars dernier. Pour y parvenir, le chef de l’Etat aurait mis sur pied une approche chronologique impliquant le nouveau directeur de l’hôpital concerné, Angwafor III Fru Fobuzshi et le Délégué général à la sureté nationale, Martin Mbarga Nguelé.

Le Pr. Angwafor III Fru Fobuzshi, installé quelques heures seulement avant, devait alors approcher la mère du bébé, se montrer très consterné par ses souffrances, lui promettre son soutien indéfectible et lui suggérer de regagner la maison familiale. C’est d’ailleurs ce qui a été fait. Sauf qu’après avoir promis monts et merveilles à la jeune fille, la situation est restée à la case départ. Cette dernière ayant balayé du revers de la main la fortune brandit par ce médecin, posant comme unique condition préalable à son départ, la restitution de son bébé.

Informé, le chef de l’Etat aurait actionné le plan «B», consistant à approcher les membres de la famille pouvant avoir une influence sur la petite Vanessa. Le Pr. Shanda Tonme est alors appelé à la rescousse. Lundi vers 15 heures, il est reçu par Martin Mbarga Nguelé. Une fois encore, il ne réussit pas au sortir de cette audience, à faire céder la mère éplorée qui continue de camper sur ses positions. L’alternative de la violence est alors envisagée. Vanessa Tchatchou est extraite de force par une soixantaine de policiers, violentée et jetée nuitamment, dans un état d’inconscience devant la maison familiale au quartier Tsinga à Yaoundé.

On se souvient pourtant qu’avant cet acte musclé et combien inhumain des forces de police, Paul Biya venait de relever de leurs fonctions le Pr. Ndoh Anderson Sama de l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Ngousso et son adjoint. Une décision intervenue vendredi 9 mars 2012, et très saluée par les militants des droits de l’homme comme un cadeau du week-end, et surtout, comme annonçant un dénouement heureux de cette affaire qui défraie la chronique depuis plusieurs mois déjà. Que non!


Ça ne suffit pas!

D’ailleurs que cet engagement brusque du chef de l’Etat à résoudre définitivement le cas Vanessa Tchatchou a étonné plus d’un Camerounais. Lui qui a l’art de rester sourd aux cris de détresse de ses compatriotes. Cela justifie peut-être cette soudaine affection pour sa personne, manifestée par certains leaders d’opinion. Même Vincent Sosthène Fouda qui se donne corps et âme pour que jaillisse enfin la vérité sur cette affaire n’entend pas passer par quatre chemins pour féliciter l’homme Lion. Il organise ce vendredi 16 mars une grande marche «de soutien et d’encouragement» à Paul Biya à laquelle il souhaite voir au moins 5 mille personnes.

Le Pr. Shanda Tonme a aussi salué l’implication effective du chef de l’Etat dans le dossier. Mais n’est-ce pas là une façon de célébrer la victoire avant la guerre? Vanessa Tchatchou n’a pas encore retrouvé son bébé. Ses jours sont même en danger dans une clinique de la ville. Sa sécurité est désormais abandonnée à elle-même, dans un contexte où la magistrate, le ministère des Affaires sociales, la famille du Pr. Ndoh Anderson Sama et même les proches des deux personnes incarcérées dans la cadre de cette affaire veulent la tête de cette pauvre «mère sans enfant». Le désarroi de la famille Vanessa Tchatchou est d’autant plus grand que sa mère (fille unique) qui a déjà de fortes chances de ne jamais plus revoir sa petite fille volée, court le risque de perdre sa fille Vanessa (unique fille).

On comprend bien que l’heure n’est pas encore à l’enchantement. Le combat mené par Vanessa Tchatchou n’a jamais été celui de faire partir le Pr. Ndoh Anderson Sama ou toute autre personnalité que ce soit. L’objectif du combat était et reste encore la restitution de sa fille. Ceux qui la soutiennent dans cette lutte ne devraient donc pas perdre cela de vue. Pour eux «ce serait cautionner le trafic d’enfant au Cameroun. La lutte doit continuer, car Paul Biya, s’il veut montrer sa détermination à faire éclater la vérité, doit faire interpeller la magistrate soupçonnée. Si elle ne l’est pas pour vol du bébé de Vanessa Tchatchou, elle doit l’être au moins pour faux et usage de faux. Car elle a illégalement obtenu l’adoption d’un enfant.» C’est dire que beaucoup reste à faire par le chef de l’Etat, s’il veut démontrer qu’au-delà de la pression internationale, il veut véritablement mettre un terme à ce phénomène de trafic des personnes dans son pays.


15/03/2012
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