Affaire du bébé volé: Deux tests ADN s’affrontent

YAOUNDE - 12 MARS 2012
© Josephine Abiala | Mutations

Le Conseil de Vanessa Tchatchou envisage la solution d’une troisième expertise pour faire définitivement la lumière

«Le procès n’a même pas encore commencé. Tout ce qu’on observe tout autour, c’est de l’agitation dans la mesure où on ne respecte pas les normes juridiques », a indiqué Me Hippolyte Meli. Une réaction de l’avocat de Vanessa Tchatchou qui intervient à la suite de la publication vendredi dernier, par le collectif dénommé « Rendons lui son bébé » des résultats de tests Adn qui, d’après lui, sont ceux prélevés sur Vanessa Tchatchou et le bébé « adopté » par la magistrate mise en cause dans cette affaire.

Il découle de ces tests réalisés au Centre hospitalier universitaire Vaudois de Lausanne (Suisse), qu’il « existe un lien de parenté de 99, 9% entre les deux sujets». Selon Vincent Sosthène Fouda, le porte parole de ce collectif, né spontanément de la solidarité des camerounais d’ici et d’ailleurs et d’autres personnes, une copie de ces résultats a été transmise « pour protection et remise au parlement européen».

TEST CONTRADICTOIRE
Il découle de ces tests réalisés au Centre hospitalier universitaire Vaudois de Lausanne (Suisse), qu’il « existe un lien de parenté de 99, 9% entre les deux sujets».


Alors que, quelques jours plus tôt, précisément le 06 mars 2012, c’est le procureur de la république, Jean Fils Clébert Ntamack, qui rendait public un communiqué. Il apparaît dans ce communiqué que les tests prescrits dans cette procédure ont établi « sans équivoque qu’il n’y a aucun lien de maternité entre l’enfant que détient la magistrate et Vanessa Tchatchou ». Toutefois, l’Avocat émet des réserves sur ce qu’il qualifie de « prélèvements clandestins », surtout que le premier prélèvement n’a pas reçu l’autorisation du système judiciaire camerounais. Jusqu’à ce jour le flou persiste quant à l’ordonnateur de ces prélèvements. Des zones d’ombre qui subsistent et qui font croire à une machination, « un mensonge grossier, un montage » de la part des autorités camerounaises comme l’explique le collectif pour qui, il n’y a pas eu « de tests d’Adn qui ont été faits par l’Etat camerounais».


Troisième arbitre

Et Me Meli d’enfoncer le clou, « le procureur a obscurci la vérité. Le jour où on a prélevé la salive de Vanessa Tchatchou, j’étais en déplacement et j’ai demandé que cela soit reporté mais cela n’a pas été fait ». C’est donc par la force, le 03 février dernier, que la mère du bébé volé va voir sa salive prélever. Ce qui lui avait valu, l’on se souvient alors, plusieurs blessures dans la bouche.

Autre argument avancé par l’avocat : depuis le 13 février 2012, c’est le juge d’instruction qui est habileté à diriger les investigations. « Le procureur Ntamack est une partie au procès. Il s’écarte de son rôle de diriger les enquêtes de la police judiciaire. Ces résultats devaient être transmis au juge. Ce n’était pas à lui de le faire». Des vices de forme qui ouvrent ainsi les portes à la nécessité d’un «troisième arbitre» comme le souhaite Me Meli, président de l’assemblée générale de l’ordre des Avocats du Cameroun (Pagoac). Sa désignation devrait, croit-il savoir, permettre aux différentes parties de faire un protocole d’entente pour fixer les dates du prélèvement qui doit se faire au vu et au su de tout le monde.

Par ailleurs, depuis près d’un mois, l’avocat de la famille précise que le juge désigné le 13 février n’est plus habilité à connaître d’une affaire qui implique la magistrate Caroline Medjang Ndikum Ateh, la mise en cause. D’où son intention de récuser ce premier juge, histoire de laisser la place au magistrat instructeur désigné par la Cour Suprême pour mener les investigations.

Ce dernier aura donc la charge de désigner un expert ayant prêté serment et qui va faire des prélèvements dans les conditions élaborées dans le protocole de désignation. Seulement, en attendant que le système judiciaire se mette véritablement en place, Vanessa Tchatchou continue d’attendre que « lui soit restituée sa fille », mystérieusement disparue le 20 août 2012, à la maternité de l’hôpital gynéco obstétrique et pédiatrique de Yaoundé. Un hôpital dont le limogeage du directeur général, intervenu ce week-end, est étroitement lié à cette affaire de vol de bébé qui n’a pas fini de défrayer la chronique. Et à propos de laquelle le ministre Issa Tchiroma vient d’annoncer la création d’une commission rogatoire s’inscrivant dans le cadre d’une enquête plus approfondie.




12/03/2012
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