Affaire des titres de Camtel:Fame Ndongo enfonce Biya et son fils

Cameroun/Affaire des titres de Camtel:Fame Ndongo enfonce Biya et son filsParti pour défendre Franck Biya, Jacques Fame Ndongo s’est mis à descendre l’administration : pour lui, y travailler, c’est s’engoncer dans un «lit douillet », dans «une niche à sous» où l’on «pantoufle». Un cinglant camouflet à son «créateur» Paul Biya lui-même, et à tous ceux qui, comme lui, n’ont jamais fait leur beurre que dans l’administration.

Franck Biya n’en est pas disculpé pour autant. La sortie médiatique de Jacques Fame Ndongo dans Cameroon Tribune du 27 novembre 2012 ne l’aura pas aidé. Loin s’en faut. On doit même se demander si le collaborateur de son père ne voulait pas saisir l’occasion pour démolir son «créateur», en feignant de défendre son fils :
«M. Franck Biya, un jeune homme paisible qui, après une solide formation professionnelle et universitaire, s’est lancé avec pugnacité et perspicacité dans le secteur privé où la compétitivité rime avec inventivité, ténacité et, parfois férocité. Et ce ne sont pas les lits douillets qui lui auraient fait défaut dans l’administration publique ou para-publique (…)

Opiniâtre, il a refusé de «pantoufler » dans une niche à sous où il eût été gratifié d’un salaire mirobolant ». Comme qui ? Comme son père Paul Biya, rentré dans «les lits douillets» et la «niche à sous» de l’administration de 1962 à nos jours. Soit 50 ans de sommeil dans les «lits douillets» et «niches à sous» de l’Education nationale, du Secrétariat général de la Présidence, du Cabinet civil, de la Primature et de la présidence de la République. Comme qui ?

Comme Jacques Fame Ndongo lui-même, qui, de 1972 à nos jours (40 ans de sommeil, (de coma ?)), baigne dans le même bonheur que son «créateur» et tous les autres employés de l’administration, si l’on s’en tient au jugement péremptoire du ministre de l’Enseignement supérieur.

Merci pour eux. Merci pour tous ceux, de l’administration, qui, chaque jour, diligentent les dossiers, facilitent la tâche aux Camerounais, remplissent leurs missions de serviteurs de l’Etat sans se glisser dans «les lits douillets» de l’administration. En contrepartie d’un salaire de misère. En principe.

Car, c’est au Cameroun de Paul Biya qu’un homme d’affaires peut avoir à envier un fonctionnaire, au salaire fut-il «mirobolant». Et il faut être Jacques Fame Ndongo pour se gargariser de ce qu’un homme normalement constitué, formé dans les meilleures écoles comme il le prétend, veuille laisser le monde des affaires pour aller faire fortune dans l’administration.

A moins que cette administration là, soit celle de passe-droit et de passe-passe qui permettent à n’importe quel cadre ou directeur de tondre de la laine sur le dos de l’Etat. C’est sans doute l’image de cette administration là que nous renvoie le ministre de l’Enseignement supérieur. Si Jacques Fame Ndongo, traite aussi rudement les agents de l’Etat, il doit savoir de quoi il parle. Lui-même étant dans les arcanes de l’administration depuis
toujours. Il doit avoir accumulé salaires mirobolants et avantages de toutes sortes pendant 40 ans, ce qui l’empêche de choisir «la porte étroite» des affaires comme il dit.

Plaidoyer inefficace d’un avocat distancé

Quoiqu’il dise, il ne peut parler des affaires qu’en dilettante. N’ayant jamais entrepris. Même s’il se fait fort d’encenser Franck Biya. «M. Franck Biya «s’est donné la peine» d’être courtois (il aurait pu être arrogant, insolent, outrecuidant, condescendant) ; il a pris le parti d’être intègre, travailleur, méticuleux, voire pointilleux.

Opiniâtre, il a refusé de «pantoufler » dans une niche à sous où il eût été gratifié d’un salaire mirobolant. Il a choisi la difficulté. Il a pris des risques en créant son entreprise, persuadé avec l’économiste autrichien Joseph Schumpeter, que l’entrepreneur est celui qui accepte de prendre des risques.» Belle définition de l’entrepreneur, Professeur ! Mais pas nécessairement celle de l’entrepreneur Franck Biya. Certes il a créé une entreprise, plusieurs même. Mais pour autant, est-il véritablement le bonhomme qui a trimé pour arriver à des résultats probants ? Il est permis d’en douter.

N’ayant pas voulu intégrer, comme le secrétaire national à la communication du Rdpc, les «lits douillets» et les «niches à sous» de l’administration, n’aurait-il pas pris le parti plutôt discret, mais non moins niche à sous de fils de président ? C’est à cela que Jacques Fame Ndongo aurait dû répondre. Au lieu de quoi, il s’est malicieusement caché derrière la sortie de son compère Jean-Pierre Amougou Belinga, monté au créneau quelques jours avant lui.

Le professeur a donc soigneusement évité d’aborder la question sur le fond. Pour la simple raison que le casFranck Biya est embarrassant. Pour lui comme pour tous les autres sapeurs pompiers de service. On peut le comprendre, même si sa posture de sapeur pompier commandait qu’il s’approche un peu plus des flammes. Mais est-ce vraiment évident pour notre rhétoricien national, agrégé ès flagornerie, de décrypter les montages financiers alambiqués du fils du président ? Tous ceux qui s’y frottent s’y piquent. Toute la littérature publiée sur l’affaire, au mieux, proclame sans le démontrer, que Franck Biya a honnêtement gagné ses milliards.

Jacques Fame Ndongo se contente d’affirmer que ladite opération «participe d’une initiative normale que peut prendre un entrepreneur (…) pour maximiser ses ressources financières, en toute honnêteté et dans le strict respect des règles imputrescibles du droit commercial».

Des mots, des mots. Dans cette affaire, Franck Biya a des choses à se reprocher. Et contrairement à ce que Jacques Fame Ndongo tente de faire croire, ce monsieur n’est pas victime de son nom. Bien au contraire. Tout porte à croire qu’il a réussi son opération d’achat et de placement de titres de Camtel tout bonnement parce qu’il s’appelle Biya (Cf. Article «C’est confirmé, Franck Biya s’est irrégulièrement approprié des milliards de l’argent public !).  A coup sûr, c’est sa naissance, et rien d’autre, qui lui a permis de gagner au bas mot 3 milliards de francs en un mois tout en faisant perdre davantage à l’Etat dans une opération délictueuse pour dire le moins.

Au final, Jacques Fame Ndongo n’aura pris sa belle plume que pour indiquer à l’opinion que la pléthore de fonctionnaires dont il fait partie constitue en réalité la caste des fossoyeurs de la République dans le sens où ils sont grassement payés à ne rien faire, si ce n’est pour jouir de leurs «lits douillets» et de la «niche à sous» mis à leur disposition par Paul Biya. En clair, il s’est attelé à critiquer le système administratif mis en place par son mentor.

Tout en se gardant bien de disculper le fils du président par des preuves irréfutables. Usant et abusant de figures de style et de tournures alambiquées, mettant du coup sa production hors de portée du Camerounais lambda qui aimerait bien savoir ce qui se passe avec Franck Biya et l’argent du contribuable. L’économie n’est pas la littérature. On a beau chercher, on ne voit pas toujours ce que Jacques Fame Ndongo a apporté à la défense de Franck Biya.

Le panégyrisme n’est pas une plaidoirie.

Dans le cas d’espèce, l’excès de zèle a même poussé le défenseur à la faute. Parti pour défendre Franck, le voilà qui prend en grippe Paul Biya avec son administration «lits douillets» et «niche à sous».

Défense nulle pour le fils... accusations graves du père

Au passage, sous le couvert de supposés détracteurs du Renouveau, il tire un bien méchant instantané du bilan de Paul Biya : «Cet infra-texte nauséabond se trame depuis plusieurs années et fait du président Paul Biya un «sujethéros satanique» [tu l’as dit !] obnubilé par la seule obsession viscérale de rester au pouvoir ad vitam aeternam en évitant de poser le moindre acte mélioratif pour le peuple camerounais (ni route bitumée, ni adduction d’eau, ni électrification rurale ou urbaine, ni école primaire, ni Ces ou Cetic, ni lycée, ni université, ni centre de santé ou hôpital, ni fibre optique, ni restitution de la camerounité de Bakassi, etc., mais en s’illustrant négativement par des actes horribles et hideux qui mènent notre pays vers le précipice et le naufrage (…)» Même s’il le prête à des tiers, le professeur Jacques Fame Ndongo ne peut ignorer qu’en communication comme en journalisme, insister sur des propos négatifs ne peut que ternir davantage l’image qu’on se propose de soigner.

A se demander si ce n’est pas à dessein qu’il en fait un étalage bruyant. Au demeurant, quoiqu’il dise, cet extrait est un aperçu du bilan de Paul Biya qu’il serait difficile de revendiquer sans lui porter préjudice. Parlant de route bitumée, il faut poser la question par exemple aux populations du Nkam qui doivent payer 10.000 francs pour parcourir une distance de 54 km en 10 heures entre Bafang et Nkondjock. De l’eau potable ? Même à Yaoundé, il est impossible de défendre le bilan de Paul Biya en mettant à son actif l’adduction d’eau. C’est tous les jours que les populations se plaignent du manque d’eau.

On aimerait d’ailleurs avoir les chiffres sur les maladies d’origine hydrique à Yaoundé spécifiquement et dans tout le Cameroun. Quant à l’université, certains étudiants prennent les cours à l’air libre à Douala, faute de salle. La fibre optique ? On attend toujours d’avoir une connexion internet comme tout pays qui se respecte. Le campus de l’université de Dakar, pour ne citer que cet exemple, regorge des «salles intelligentes» où les étudiants se connectent à volonté.

Chez nous, c’est dans les cybercafés malfamés aux connexions hasardeuses qu’ils vont se débrouiller. De la restitution de Bakassi, rappelons que c’est toujours sous Paul Biya que les Nigérians ont investi notre presqu’île, profitant du fait que l’administration camerounaise n’y existait pas. Qu’il se soit débrouillé pour que le Nigeria nous le restitue ne saurait relever d’un acte héroïque susceptible de le panthéoniser.

Bref, Jacques Fame Ndongo n’a pas non plus loupé Paul Biya qui souffre déjà assez en voyant son fils dans une sale posture. On vous l’a dit : l’ennemi est dans la maison.

© Les Nouvelles du Pays : Etienne PENDA


08/12/2012
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