Affaire des containers de l'Onu: Les éclairages insuffisants de Issa Tchiroma Bakary

Jean Francois Channon
Le Messager



Par la voix du ministre de la Communication , le gouvernement de la République a apporté quelques précisions sur l’affaire des containers de l’Onu qui a défrayé la chronique depuis quelques semaines. Mais l’opinion reste encore sur  sa faim...

Presque un mois après les révélations exclusives du Messager sur l’affaire des containers de l’Onu, le gouvernement camerounais est enfin sorti de son mutisme. Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary, a tenu à ce propos un point de presse dans son cabinet en fin de semaine dernière. Même si Le Messager n’a pas été formellement invité à ce point de presse, pour une affaire qu’il a pourtant déclenchée, les échos de cette rencontre entre le Mincom et les médias sont tout de même parvenus à notre rédaction.

Ainsi, Issa Tchiroma Bakary face aux médias a confirmé l’existence des containers de l’Onu. Pour le ministre de la Communication , il s’agit de 19 containers de l’Onu en provenance du Tchad et qui ont été interceptés par les autorités camerounaises. La précision qu’il donne est qu’il s’agit des containers appartenant à la Mission des Nations-unies au Tchad et en  République centrafricaine (Minurcat). “ Le constat a été fait, à l’examen des documents sommaires présentés, ainsi que les déclarations des convoyeurs aux forces de l’ordre, que les marchandises transportées appartenaient à la mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad Minurcat, en fin de mandat ” a déclaré le ministre de la Communication.

Mais, selon Issa Tchiroma Bakary le problème qui s’est posé est que les responsables de la Minurcat n’avaient pas pris le soin d’indiquer aux autorités camerounaises, le transit du convoi par le Cameroun. “ Les autorités compétentes ont décidé d’une part de la saisie de la Minurcat à ce sujet, d’autre part, le placement sous escorte de ce convoi jusqu’au port de Douala aux fins de vérifications supplémentaires ”, a commenté le ministre de la Communication. Ainsi saisie, la Minurcat aurait donc par correspondances datées des 3 et 18 mars 2011 fourni la documentation exigée par les autorités camerounaises pour permettre les commodités de transit. “ C’est ainsi que le gouvernement camerounais a, conformément à la convention des Nations Unies de 1946 et à la résolution 1923/2010 du conseil de sécurité, prescrit les facilités de transit et des exonérations au convoi ”. Voilà en substance ce que le ministre de la Communication a tenu à dire à l’opinion à travers les médias.

Pour mémoire, c’est dans la petite localité de Manjou, située à quelques 6 km de Bertoua que, le 3 mars 2011, la brigade de gendarmerie locale a intercepté un convoi de camions transportant des containers tous estampillés du logo des Nations-unies. Les chauffeurs, tous de nationalité tchadienne, ont d’abord déclaré que les containers contenaient des vêtements qui devaient être convoyés au port autonome de Douala. Mais après ouverture de certains containers par les gendarmes, ceux-ci auraient découverts qu’il s’agit plutôt des armes de guerre. Du coup, les containers ont été immobilisés à Bertoua, avant d’être acheminés sous haute sécurité à Douala, où ils ont été passés au scanner au niveau du port. Les éclairages apportés par le ministre de la Communication n’ont ainsi pas permis d’établir ce qu’il y avait effectivement dans ces containers. Mais Le Messager lors de son enquête a pu dire qu’il s’agissait bien des armes.

Bien éclairer

Depuis les révélations par Le Messager de cette affaire de containers, il y a eu une intense activité diplomatique entre le Cameroun et les Nations-unies. Car on peut continuer à se poser des questions sur le fait qu’une institution supposée aussi sérieuse que les Nations-unies ait  omis de prévenir les autorités camerounaises sur le transfert d’un convoi de logistique, dont des armes, par le territoire camerounais. S’est-il  vraiment agi d’une omission ? Difficile à dire. Maintenant, selon nos enquêtes, il est aussi confirmé que la destination de ces containers était bien... la Côte d’ivoire.

A ce niveau bien des choses se sont dites. D’abord que l’Onu qui depuis un temps est critiquée à tort ou à raison de soutenir implicitement le camp Ouattara dans la crise post électorale au pays de feu Houphouët-Boigny, aurait voulu faire convoyer, en toute discrétion, sa logistique militaire pour la mettre à la disposition des combattants des Forces nouvelles pro Ouattara. Faux. A indiqué le camp Ouattara et l’Onuci qui ont plutôt soutenu que ces containers des armes appartiendraient plutôt au camp du président Laurent Gbagbo qui aurait décidé de s’armer à partir de la Biélorussie , en passant par le Tchad. Maintenant que le gouvernement camerounais par la voix du ministre de la Communication vient d’affirmer qu’il s’agit bien des containers de l’Onu (sans révéler leur contenu), on attend de voir quelle destination prendront les dits containers et pour quelle fin.


28/03/2011
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