Affaire des 2 fillettes violées et assassinées a Douala - Me Paul Epanya Soppo Priso: «Les deux messieurs qui ont acheminé les dépouilles de mes enfants à l’hôpital général n’ont pas été identifiées…»

DOUALA - 07 SEPT. 2012
© Michel Michaut Moussala | Aurore Plus

L’affaire des deux fillettes Epanya décédées par noyage alors qu’elle était en vacances chez leur tante, employée do, a révélé que les défuntes ont été sodomisées. Et plus encore que leur décés est entouré d’un voile mystique qui continue à susciter des interrogations.


Me Paul Epanya Soppo Priso
Photo: © Aurore Plus


L’affaire des deux fillettes Epanya décédées par noyage alors qu’elle était en vacances chez leur tante, employée do, a révélé que les défuntes ont été sodomisées. Et plus encore que leur décés est entouré d’un voile mystique qui continue à susciter des interrogations. Au-delà de tout ce qui se dit et même de la procédure judiciaire qui suit son cours, nous avons tenu à avoir la version des faits du père des défuntes, afin qu’aux yeux de l’opinion nationale et internationale chacun se fasse sa religion. Au regard de ce qu’une campagne de manipulation des media bat son plein.


Depuis le 08 août 2008, date du décès de vos deux fillettes le monde des média qui a relayé cette affaire bouillonne littéralement pour en appréhender la vérité. De même, au sein du cercle familial, beaucoup a également été dit à ce sujet. En somme de quoi a-t-il été question et de quoi retourne le décès de vos enfants ?

Je vous remercie, Monsieur le journaliste de vous être rapproché de moi, pour venir à la source de l’information auprès du père des enfants décédés, auprès de la famille qui a été très affligée et éprouvée par le décès subit de Rosy et de Paola, le 08 août 2012. Je commencerai en vous disant que votre démarche est judicieuse. Elle est d’autant plus judicieuse qu’à la suite de l’émission qui a été diffusée mercredi dernier sur Canal 2 International, j’ai reçu plusieurs coups de fil, et même été assailli des visites. Des messages que j’ai reçus, et toutes les interpellations qui ont été posées, tant sur ma personne, que de celles de ma famille, ainsi que de mes amis, sont autant de questions qui doivent trouver des réponses. Raison pour laquelle, m’étant abstenu pendant un certain temps de toute déclaration, je me sens obligé aujourd’hui de raconter la chronologie des faits, du début jusqu’à la date de ce jour.



Epanya Sike Ekambi Rosy (8 ans)
Photo: © Aurore Plus




Epanya Soppo Audrey Paola (5 ans)
Photo: © Aurore Plus


Tout Etat constitutionnel a trois pouvoirs : - le pouvoir exécutif, - le pouvoir législatif - et le pouvoir judiciaire. Ce sont ces trois pouvoirs qui régulent la vie dans la société, ce sont ces trois pouvoirs qui garantissent l’intégrité des personnes, des biens, ce sont ces trois pouvoirs qui veillent au respect de la constitution. J’ai foi en ces trois pouvoirs, parce que l’Etat quelle que soit la circonstance, veille à la protection de tous les citoyens. Mais, s’il y a des choses qui au vu de certaines situations prêtent à équivoque, s’il y a des choses qui sont tues, s’il y a des choses qu’on cherche à dévoyer, des faits que l’on cherche à manipuler, c’est à ce moment-là que toute personne qui veut que la vérité jaillisse, saisit le quatrième pouvoir, qu’est celui de la presse, celui des média. Les média se sont déjà saisis de cette affaire. Mais au vu de la tournure que prennent les évènements y relatifs chaque jour, il est aujourd’hui de mon devoir de revenir sur les faits et de donner la vérité. Telle que moi, père victime du décès de ses fillettes, la conçoit.


Effectivement comment la concevez-vous ?

Mon, épouse et moi sommes ensemble depuis 13 ans, soit depuis 1999. J’ai eu à faire deux enfants : mon premier fils a 20 ans, il est aujourd’hui en France, à l’université. J’ai eu une fille de 8 ans, la nommée Rosy, cette fillette, paix à son âme est aujourd’hui décédée. Avant qu’elle ne décède, sa propre mère est décédée, il y a de cela trois ans en France, des suites de maladie. J’ai eu ensuite avec mon épouse, Paola qui au moment de son décès était âgée de 5 ans. Depuis la naissance de ma fille Paola, mes enfants sont avec moi. Mes deux enfants, je vous dirais même mes trois enfants avant que Christian n’aille en France y poursuivre ses études. Mais ma fille Paola en quittant ce monde, n’était jamais allée en vacances quelque part, ma fille n’a jamais passé la nuit hors de cette maison.

Sur le cas de Rosy, il arrivait parfois qu’elle aille passer les vacances dans la famille de sa mère ou chez ma grande sœur, avant que celle-ci n’aille habiter à Bangue village. Mais depuis qu’elle est avec moi il y a trois ans, elle n’était plus jamais partie de cette maison pour aller en vacances quelque part. Mon épouse, Florence Audrey n’était pas du tout en bons termes avec ma sœur aînée et ce, depuis qu’elle est dans cette maison ; elle ne s’est jamais entendue avec ma sœur pendant treize ans. C’est à l’occasion des deux médailles que ma sœur aînée qui travaille à Mtn Cameroon a reçues qu’il y a eu un apaisement du climat. Mon épouse s’étant approprié cette fête comme si c’était la sienne en s’impliquant de bout en bout dans l’organisation de la réception que ma sœur avait offerte. Surtout qu’elle avait reçu beaucoup de personnes à son domicile à Bangue Village, il y a environ trois mois. Voyez-vous, ma sœur aînée a été parmi les employés de Mtn Cameroon qui ont reçu les plus hautes distinctions. J’y ai été moi-même au domicile de ma sœur aînée, pour la première fois de ma vie, le jour où elle fêtait ses médailles.

Après que ma grande sœur ait fêté ces médailles, mon épouse devait être consacrée ancienne d’Eglise et puisqu’elle allait vers Dieu, elle se consacrait au bon Dieu. Elle entreprit, sans m’en informer de se rapprocher de ma sœur aînée. Elle lui a dit à l’occasion, «tu es ancienne de l’Eglise, toi la grande sœur de mon époux et je vais aussi devenir ancienne de l’Eglise, je ne voudrais pas avoir des ressentiments vis-à-vis de quelqu’un, je veux être en paix avec ma conscience. Raison pour laquelle je me rapproche de toi. Il est de notoriété que nous ne nous entendons pas, j’aimerais que nous fassions la paix». Elles ont ainsi fait la paix, ma grande sœur, Bible en main. Et selon ce que mon épouse me rapporta plus tard, ma grande sœur lui aurait répondu : «si mon épouse est venue faire la paix avec elle, elle ne la repoussera pas, elle accepte cette paix et elle fonctionne avec la bible».

Mon épouse a été consacrée ancienne de l’Eglise et ma grande sœur s’est impliquée à l’organisation des festivités y afférentes. C’est par la suite, puisque les vacances sont arrivées que j’aie été surpris par un programme de vacances et selon lequel, mes deux enfants se devaient d’aller en vacances chez ma grande sœur. A plusieurs reprises, ma sœur aînée m’a appelé par rapport à ces vacances, j’ai repoussé la date de départ des enfants à deux reprises jusqu’au jour où, elle-même venait personnellement chez moi. A chaque fois, elle posait la question à ma fille aînée Rosy : «mais vous ne venez plus en vacances pourquoi ?». Rosy lui aurait répondu, «Papa ne veut pas nous amener en vacances et maman ne veut pas que Paola aille en vacances avec moi».C’est cette réponse qui me parvint. Finalement, je me suis dit, mon épouse ayant fait la paix avec ma grande sœur, pourquoi les enfants n’iraient-elles pas en vacances là-bas ?


Dans votre esprit était-ce pour consolider la paix entre votre sœur aînée et votre épouse ?

Puisque pour mon épouse, il était hors de question que ma fille puisse se retrouver chez ma grande sœur, pour quelque motif que ce soit, ce d’autant plus qu’elle n’était pas en paix avec ma grande sœur. Et ayant fait la paix et de surcroît ayant été consacrée ancienne de l’Eglise, mon épouse s’est naturellement dit que l’heure était propice. Mon épouse, sa nièce qui vit avec moi depuis huit ans environ, mes deux enfants et moi-même avons pris la direction de Bangue Village le 05 août 2012. C’était un dimanche, un dimanche de Sainte Cène. Nous sommes arrivés chez ma sœur aînée, avons trouvé trois messieurs assis dans son salon. Elle m’a présenté ces messieurs comme étant ses amis à elle et m’a fait asseoir en face de ces messieurs. Elle est allée dans la cuisine pour apprêter quelque chose pour nous recevoir. Toutefois, avant que je n’accompagne mes enfants chez ma grande sœur, je venais de manger avec un ami, Monsieur Samuel Tchouté. Nous avions mangé un poulet entier à deux. A la réalité, je n’avais pas faim.

La table a été dressée, mais à ma grande surprise, la table était dressée pour cinq personnes : mes deux enfants, la nièce de mon épouse, mon épouse et moi-même. Mais une table suffisamment grande pour accueillir une douzaine de personnes. Une autre table a été dressée au garage de ma grande sœur, pour les trois messieurs qui sont allés manger avec elle et un jeune homme qui était aussi là et une jeune fille. En principe, s’il y avait une réception qui était prévue pour nous, nous aurions dû trouver une table dressée pour nous. A ce moment précis, j’ai posé la question de savoir pourquoi ces messieurs ne mangeaient pas avec nous, ma sœur m’a répondu qu’elle préférait qu’ils mangent au garage. On nous a servis entre autres mets, un varan. Le varan, il ne me souvient pas d’en avoir mangé de ma vie, il ne me souvient pas non plus que ma sœur aînée ait déjà à me proposer des mets de ce genre, de cette nature. Habituellement, c’est des mets simples. J’ai 52 ans, elle m’a toujours proposé si ce n’est du poisson, du ndolé, du koki, bref du poulet, du bœuf ou des nourritures ordinaires que l’on trouve dans tout marché et même dans les supermarchés. N’empêche que mon épouse et moi avions mangé de ce varan. Avec du recul, le varan qui est comme un petit caïman ou crocodile, est un animal qui vit dans l’eau et vous comprendrez pourquoi je fais cette précision.


Pourrait-on dès lors penser que ce fut un repas prémonitoire ?

A mon sens ce fut effectivement un repas prémonitoire, mes enfants étant mortes dans l’eau. Par ailleurs, on appelle le varan, le crocodile et autres en Duala : Ngando. Mes enfants sont décédées chez Monsieur Ngando et dans l’eau. Après le repas cependant, je suis allé à la véranda avec mes filles, véranda à partir de laquelle on voit passer le fleuve Wouri, derrière le domicile de ma sœur aînée à environ cinquante mètres. Je leur ai tenu ces propos : «vous voyez l’eau là-bas. A la maison, vous ne sortez pas de la barrière sauf si c’est avec quelqu’un. Ici, il y a une barrière, mais il n’y a pas de portail. Voilà l’eau là-bas, n’y allez jamais. Et si d’aventure vous voulez jouer, la véranda est suffisamment grande, mais comme c’est la saison des pluies, vous pouvez vous salir, alors cantonnez-vous à la véranda.» Mon épouse m’a trouvé en train de donner ces conseils à mes enfants. A la fin de ces conseils, j’ai fait des prises de vues à mes enfants à côté de ma voiture, mais aussi bizarre que cela puisse paraître, ces photos ont toutes disparu de mon appareil de même que celles prises au niveau du garage où étaient assis les amis de ma sœur aînée. En revanche, j’y ai retrouvé celles prises avant et après lesdites prises de vues du dimanche 05 août 2012 au domicile de ma sœur aînée.


Au demeurant, comment avez-vous été informé afin de vous retrouver à la morgue à la suite du décès de vos enfants ?

Avant d’y arriver, je vous dirai comment nous avions eu des signes prémonitoires à leur décès. Au-delà du varan, lorsque nous étions en chemin pour Bangue village, à plusieurs reprises mon épouse s’est écriée en disant qu’elle sentait qu’elle étouffait. Toutes choses qui m’ont amené à lui dégrafer son soutien-gorge, ce qui ne lui était pourtant jamais arrivé auparavant. Par conséquent, quand elle arrive chez ma sœur aînée, elle avait le soutien-gorge dégrafé et elle l’a conservé ainsi, tout le temps que nous y avons passé. Et au moment de rentrer, ma sœur aînée me fit savoir qu’elle a un voisin qui a beaucoup d’argent et à l’encontre de qui circulent multiples rumeurs sur ces pratiques peu orthodoxes, notamment occultes ou mystiques. Pour ma part et sur le fait, je n’y ai accordé aucune importance tant il est vrai que ma grande sœur n’entretient pas de rapports particuliers avec ledit voisin, à en croire ses propres déclarations. Bien plus, mes enfants étaient chez ma sœur aînée et par conséquent y étaient en sécurité, qui plus est, elles étaient sous sa responsabilité. Néanmoins, je lui ai rappelé fort à propos que j’avais donné des conseils avisés aux enfants afin qu’elles ne sortent guère de la barrière, parce que ce sont des enfants qui ne savent même pas traverser une rue.

Sur ces entrefaites, nous nous sommes donné rendez-vous pour le mercredi 08 août 2012, pour que je vienne rendre visite aux enfants et que je leur ramène, le cas échéant, des friandises, des petites choses qu’elles aiment bien. Dans la nuit de mardi, alors que je me rendais au domicile de mon cousin, Monsieur Epanya Kaya à Deïdo, puisque nous étions ensemble à passer un bon moment, nous convînmes de prendre un ultime pot chez lui avant que de se séparer et que chacun de nous rentre chez lui. Chemin faisant et alors que nous étions aux alentours du Rond Point Deïdo, je sens une odeur forte d’œuf pourri dans la voiture. Une odeur qui m’intrigua et me fit surveiller le niveau de carburant sans véritable conviction, tant il est vrai que la voiture ne signalait aucune anomalie. Pourtant, la voiture fit subitement quelques secousses qui me contraignirent de m’arrêter un instant à la station MRS du Rond Point, question de ne pas uniquement me fier à la jauge qui pouvait me tromper. Aussi vais-je arrêter le moteur afin qu’on me mette davantage de carburant. Mais au moment de démarrer la voiture, elle ne démarre pas. Mais avant cette nuit, je me rappelle avoir omis de vous révéler un autre fait prémonitoire.

En effet, quand nous décidions de quitter le domicile de ma sœur aînée, cette dernière nous demanda de raccourcir le chemin à l’un des trois messieurs qu’elle reçut en aparté pendant que nous y étions, afin de le déposer à un niveau où il pouvait facilement emprunter son taxi pour son retour. Chemin faisant cependant et à la montée d’une pente, la voiture fit une embardée et s’embourba. Il fallut l’intervention des passants qui nous aidèrent à sortir de ce véritable bourbier. C’est ainsi que nous avons pu continuer et déposé le Monsieur en question au niveau du Rond Point Deïdo, ce dimanche soir-là. Ce rappel vaut son pesant d’or, tant il est vrai que c’est en face de l’endroit où nous avions déposé ce même Monsieur qu’il y a eu l’odeur d’œuf pourri qui me contraignit à y abandonner mon véhicule.

« Nous sommes arrivés chez ma sœur aînée, avons trouvé trois messieurs assis dans son salon. Elle m’a présenté ces messieurs comme étant ses amis à elle et m’a fait asseoir en face de ces messieurs. Elle est allée dans la cuisine pour apprêter quelque chose pour nous recevoir … On nous a servis entre autres mets, un varan. Le varan, il ne me souvient pas d’en avoir mangé de ma vie, il ne me souvient pas non plus que ma sœur aînée ait déjà à me proposer des mets de ce genre, de cette nature… N’empêche que mon épouse et moi avions mangé de ce varan. Avec du recul, le varan qui est comme un petit caïman ou crocodile, est un animal qui vit dans l’eau et vous comprendrez pourquoi je fais cette précision. A mon sens ce fut effectivement un repas prémonitoire, mes enfants étant mortes dans l’eau. Par ailleurs, on appelle le varan, le crocodile et autres en Duala : Ngando. Mes enfants sont décédées chez Monsieur Ngando et dans l’eau. »


Qu’avez-vous fait par la suite ?

Les pompistes de la station MRS du Rond Point Deïdo ont fait appel à un électricien et à un mécanicien qui ont inspecté la voiture, mais n’ont pu déceler aucune anomalie justifiant son arrêt subit. Sur ce, j’ai rappelé mon cousin Epanya Kaya afin de lui signifier que mon véhicule ne démarrait plus, alors il est venu me chercher et nous avions décidé de garer la voiture à cette station toute la nuit du mardi 07 au mercredi 08 août 2012. Nous nous rendîmes chez lui et après je suis rentré à mon domicile. Le lendemain matin, c’est-à-dire le mercredi où décèdent mes filles, j’ai fait appel à l’électricien qui s’occupe habituellement de cette voiture à qui j’ai remis en mon domicile, les clés dudit véhicule mais également de l’argent pour d’éventuelles réparations. C’est ainsi qu’il se rendit au Rond Point Deïdo à l’effet d’y récupérer mon véhicule. Et y étant, il me fit savoir par téléphone que contrairement à mes déclarations selon lesquelles ledit véhicule ne démarrait pas, lui a pu le faire au quart de tour. Cela, vous pourrez le vérifier auprès de cet électricien qui s’appelle Moussa et dont l’atelier se trouve à Bonapriso, vers le carrefour Armée de l’Air. Il a ramené la voiture en mon domicile et a éteint le moteur. Voulant constater par moi-même que le véhicule démarrait effectivement, je n’ai pu le faire et fus contraint de demander à Moussa comment il le fit au rond Point Deïdo. Bien plus, je lui ai demandé de redémarrer la voiture, ce qu’il fit devant moi au niveau de mon domicile, devant mon portail.

Néanmoins et par mesure de précaution, je lui fis savoir qu’étant donné que je devais me rendre un peu loin, en l’occurrence à Bangue Village, je lui fis savoir que je ne voudrais pas que ladite voiture m’abandonne en pleine chaussée. Alors, amènes-la à ton garage et arranges-moi cette histoire. Aux alentours de 15 heures, je me rendis à son garage constatant que les réparations de Moussa prenaient plus de temps que prévu. Et quand j’y arrive, je le trouve en plein travail et me donna les explications selon lesquelles pour m’éviter les mauvaises surprises, il fut contraint d’enlever le démarreur et de changer le charbon qu’il contenait, quand bien même il était encore bon. Y étant, mon ami Samuel Tchouté m’a appelé et je lui ai dit où je me trouvais, de même un autre ami, Ngamga Bienvenu m’a appelé, je lui ai également dit où j’étais et tous deux vinrent me retrouver à ce garage. Nous y sommes restés et nous discutions en attendant que mon véhicule soit réparé afin de me permette de prendre la direction de Bangue Village. C’est donc vers 17 heures 30 minutes que ma sœur aînée m’appelle avec une voix alarmée en criant : «Soppo tu es où, viens vite tes deux filles sont décédées» et elle raccroche. A cette annonce, je me mis à crier et alors que je m’effondrais, mes amis me soutinrent en me demandant c’est quoi. Ce à quoi je leur répondis : «ma grande sœur chez qui j’ai envoyé mes enfants il y a trois jours et où je veux aller rendre visite séance tenante à mes enfants, m’appelle à l’instant pour me dire que mes deux enfants sont décédées». En criant, nous montons tous dans le véhicule de mon ami Ngamga Bienvenu et nous prenons la direction de Bangue Village. Chemin faisant, j’ai ameuté tout ce que j’ai comme amis, parents, confrères et ai rappelé ma grande sœur à l’effet de m’enquérir sur les causes du décès. Ce à quoi elle me répondit en me faisant savoir qu’elles sont mortes noyées dans la piscine du voisin d’en face.


A ce moment précis, les enfants étaient-ils toujours à Bangue-Village ?

Non, c’est à l’occasion qu’elle me fit savoir qu’elles étaient en train de se rendre, sa fille et elle-même à l’hôpital général où les dépouilles de mes filles avaient d’ores et déjà été acheminées et elle a une fois de plus raccroché. En ma qualité d’avocat, je sais que lorsqu’il y a ce genre de décès, on peut sortir les corps de la piscine ou de l’eau, mais on attend la police, les parents sur place, et à la limite le procureur de la République. On ne déplace pas les corps. Or, les corps de mes filles sont déplacés pour l’hôpital général sans qu’il y ait un constat de quelque élément du corps judiciaire. Devant ce genre d’anomalie, je dirai même d’incongruité j’ai dû recourir à vous, pour vous dire : voilà ce qui est en train de se passer, parce que cela commence déjà à être bizarre. Et quand j’arrive à l’hôpital général, j’y trouve une foule immense qui attendait car, des personnes ont été informées avant moi et parmi lesquelles certains de mes amis que j’avais préalablement informés. Tous étaient en émoi. Dans la foulée, on m’indique la salle où sont couchées mes filles et j’y entre. Mais en fonçant vers leurs dépouilles, je suis violemment intercepté par Monsieur Ekite Théodorin Martial, le petit-fils de ma sœur aînée, les yeux tous rouges avec une force que je ne lui aurai jamais soupçonnée. Ce Monsieur a réussi à m’entraîner hors de la salle.


Pourquoi vous a-t-il empêché de vous approcher des dépouilles de vos filles ?

Je ne sais pas pourquoi, moi le père des enfants j’arrive dans une salle où sont couchées les dépouilles de mes filles et ce Monsieur devant tout ce qu’il y avait comme témoins, m’a sorti de la salle quand j’allais vers lesdites dépouilles. C’est après pratiquement de chaudes altercations, des bousculades et l’intervention des gens qui me retenaient de part et d’autre que j’ai pu accéder à ladite salle où j’ai vu les dépouilles de mes filles couchées, emballées dans deux housses où seuls les visages émergeaient. Elles avaient par ailleurs des bandes collantes sur les lèvres et étaient complètement nues. Par la suite, on me présenta deux sacs en plastique où étaient consignés leurs vêtements et leurs chaussures. Ce faisant, j’ai fait faire des prises de vues et ai appelé le maximum de personnes auxquelles je pouvais avoir accès ce jour-là. Des avocats se sont déportés à l’hôpital général, des gens de la famille, notamment le chef du village, Monsieur Epanya Sosso, chef de Bonadoumbe qui sont tous venus m’assister.

Ensuite, nous avons été reçus par le pédiatre qui a reçu les dépouilles de mes filles. Je lui ai immédiatement posé des questions auxquelles il répondit à peine. Il s’agit du Dr. Eloumou Bissassa Patrick. Il me fit savoir qu’il y a deux messieurs qui ont acheminé à ses services les dépouilles de mes enfants, mais il ne les a pas identifiés. Ces messieurs lui ont simplement demandé si les corps pouvaient être mis à la morgue. C’est ainsi qu’il a nettoyé les enfants avec ses assistants en précisant qu’elles avaient fait les selles. Et à la question de savoir comment il n’a pas pu identifier ces messieurs qui lui ont pourtant demandé de nettoyer les enfants pour qu’elles soient dans des conditions telles qu’elles peuvent être mises directement à la morgue ? Il a rétorqué que ces messieurs seraient partis sans qu’il se rende même compte. Mais avant qu’ils ne partent, il ne leur avait dit que la morgue était pleine et qu’il ne pouvait par conséquent pas les y mettre. Comment dès lors imaginer que deux garçons qui amènent deux enfants décédés dans un hôpital public et où pourtant la garde est de rigueur par rapport aux entrées et aux sorties, on n’ait pas pu les identifier ?

Sur ce, je lui fis savoir qu’il y avait urgence de mettre les dépouilles de ces enfants à la morgue quand bien même il n’y aurait pas de place dans celle de l’hôpital général, toutefois l’autopsie sur lesdites dépouilles devra être faite. Et à la suite de cette demande que je lui formule, il me conseilla de faire acheminer lesdites dépouilles à la morgue de la garnison militaire et ce, quand bien même il faudrait réaliser l’autopsie à l’hôpital général. Sur ce, il me remit son adresse et me fit payer la somme de 20 000 Fcfa pour le travail qu’il aura fait sur leurs dépouilles. Nous embarquons par conséquent lesdites dépouilles dans le véhicule de mon chef de village et nous nous dirigeons préalablement vers la maison, sur les conseils de Monsieur Epanya Edimo, mon chef de famille qui s’était préalablement procuré une natte sur laquelle lesdites dépouilles devaient être étalées afin que leur mère qui était en pleurs les voie avant leur mise à la morgue. Arrivés à la maison, nous y avons trouvé une foule impressionnante de personnes. Et quand bien même certaines personnes s’opposèrent à la démarche consistant à présenter lesdites dépouilles à leur mère, je m’y tins en réconfortant préalablement cette dernière avant de lui imposer cette véritable épreuve. Sur ce, j’ai demandé qu’on fasse venir les dépouilles et qu’on les étale sur la natte qui avait été prévue à cet effet. Leur mère qui était couchée par terre au salon de mon domicile qu’on avait préalablement dégagé, put ainsi voir ces filles et les toucher avant que nous allions ensuite les déposer à la morgue de la garnison militaire. Cette même nuit, quand je formule le vœu de réaliser une autopsie des dépouilles de mes enfants, c’est parce qu’on me fit savoir qu’au moment où mes enfants ont été sorties de l’eau, elles respiraient encore. Deuxièmement, parce les ventres de mes enfants étaient plats, comme si elles n’avaient pas bu de l’eau.


Est-ce à dire qu’à l’hôpital général elles n’auraient pas subi un vidage d’eau ?

Ce médecin ne m’a rien dit à propos, il m’a simplement dit qu’elles étaient déjà décédées quand elles sont arrivées. Et à la garnison militaire non plus, puisqu’aussitôt arrivées, les dépouilles ont été injectées de formol, puis emballées avec des draps avant d’être mises à la morgue.


Est-ce à dire qu’on n’a toujours pas identifié ceux qui ont acheminé les dépouilles des enfants à l’hôpital général ?

Ces personnes ont été formellement identifiées et l’enquête dira de qui il s’agit. Et selon certaines indiscrétions, l’une de ses personnes a réussi la prouesse de partir hors du Cameroun. Quant à la deuxième personne qui a également essayé de partir du Cameroun, elle a été arrêtée par les éléments de la police judiciaire, le jour même où elle s’apprêtait à quitter le Cameroun. Elle est actuellement internée dans une chambre de sûreté à la police judiciaire.

Je reviens maintenant sur le processus qui suit, tant il est vrai que j’ai saisi l’ancien bâtonnier Me Charles Tchoungang qui était passé chez moi alors que nous étions à la morgue. Quand je l’ai rappelé, il est revenu avec un autre confrère, en l’occurrence Me Bekima. Ils m’ont entraîné à l’écart afin que nous puissions discuter. A cette occasion, j’ai fait savoir à Me Charles Tchoungang ce que j’avais comme suspicions au sujet du décès de mes filles, par rapport au fait qu’on les avait nettoyées, leurs ventres n’étaient pas ballonnés et qu’on prétendait qu’elles respiraient encore quand on les a sorties de l’eau. Par conséquent, des personnes qui respirent on ne les amène ni à la morgue et encore moins dans un hôpital si éloigné. On cherche le centre hospitalier le plus proche. Et je ne pense pas que l’hôpital général par rapport au domicile de Monsieur Ngando était l’endroit le plus proche où on pouvait amener des cas désespérés des enfants qu’il faut réanimer. Tout cela a amené les suspicions dans mon esprit. Raison pour laquelle j’ai demandé au bâtonnier de saisir très rapidement les instances judiciaires. A ce propos, il a saisi le parquet parce qu’il fallait faire une réquisition urgente pour l’autopsie de ces enfants. Donc, c’est bien moi le père par l’entremise du bâtonnier Charles Tchoungang qui aie parlé le premier d’autopsie de mes enfants. Cela a été fait et Me Charles Tchoungang a appelé le procureur de la République à quatre reprises et devant moi. Ce dernier a répondu qu’il prend des mesures immédiates. Et dès le lendemain, la police était sur le lieu du drame. Le parquet de Ndokoti à la suite notre saisine a fait une réquisition, et le Commissariat du 12e Arrondissement a été chargé de cette enquête. Nous sommes jeudi 09 août 2012, soit un jour seulement après la survenance du drame. C’est dire que tout cela a été fait avec beaucoup de célérité.


Pendant ce temps avez-vous été en contact avec Monsieur Ngando Mbongue, puisque c’est chez lui que les enfants sont décédés ?

Le 10 août 2012, mon confrère Joël Priso organise une rencontre avec Monsieur Ngando Mbongue, celui chez qui mes enfants sont décédées. A l’occasion, Me Joël Priso me fait savoir que Monsieur Ngando Mbongue serait passé dans la nuit du drame à mon domicile, il a voulu descendre de son véhicule mais à l’écoute des propos malveillants à son encontre et des menaces de certains plutôt prêts à aller mettre le feu à sa maison, il se serait ravisé de descendre de son véhicule. Il serait revenu le lendemain et c’est le même scénario qu’il aurait vécu aux alentours de mon domicile. Cette fois, c’est des groupes de gens qui racontaient tout ce qu’ils pouvaient raconter sur sa personne, ses pratiques sur lesquelles je ne reviendrai pas, mais toutes choses qu’il aurait entendu. Mais en fait, Monsieur Ngando Mbongue venait chez moi pourquoi ? A cette question, Me Joël Priso me dit qu’il a envie de me rencontrer parce que la situation est incontrôlable. Et en l’état actuel Me Epanya, nous sommes nés dans ce village ensemble, nous avons le même âge, nous avons suivi le même cursus scolaire, nous avons même été associés. Donc s’il ya quelqu’un dans ce barreau qui est plus proche de toi que quiconque, c’est moi Me Priso, je suis ton frère. Acceptes de rencontrer ce monsieur. Sur ce, j’ai informé ma famille de ce que ce monsieur a sollicité que je le rencontre, mais je n’irai pas chez lui et lui ne pouvant pas venir chez moi, à la limite nous pouvons nous rencontrer en terrain neutre. Finalement, il n’y a pas eu de terrain neutre et nous nous sommes rencontrés dans son bureau avec Me Priso à la Bicec. Monsieur Ngando Mbongue m’a présenté ses condoléances et m’a dit qu’il y a eu un drame qui s’est noué en son domicile alors qu’il était à son lieu de service. C’est par la suite qu’il apprend que les deux enfants qui sont décédées sont mes enfants.


Et son épouse dans tout ça ?

J’ai été associé à Me Priso jusqu’en 2001. Et dans ce cabinet d’avocats, il y eut un dossier de divorce de l’épouse actuelle de Monsieur Ngando Mbongue qui était préalablement mariée et son dossier de divorce a été traité dans ce cabinet. Moi-même ai suivi ce dossier de divorce. Et l’épouse de Ngando Mbongue actuelle, son oncle Monsieur Mpondo, paix à son âme, était l’ami intime de mon frère aîné, le feu colonel Epanya Tiki. Elle-même Passy Mpondo passait régulièrement au cabinet pour le suivi de son dossier de divorce. Depuis 2001, je ne suis plus associé à Me Priso et donc, j’ai perdu Passy de vue et ne savais même pas qu’elle s’était remariée et qu’elle était mariée à Monsieur Ngando Mbongue. C’est donc dire que cela fait onze ans que j’ai perdu Passy de vue. Et c’est lorsque je suis à l’hôpital général avec les dépouilles de mes enfants, que ma grande sœur me donne le numéro de téléphone de Passy et je l’appelle en lui demandant, Passy mes enfants venaient faire quoi chez toi, pour décéder dans ta piscine ? En retour, elle me demande c’est qui ? Je lui dis, c’est moi Me Epanya Soppo que tu connais bien. Pour toute réponse, elle me dit Me Epanya, je ne savais même pas que c’était tes enfants en s’exclamant.

« Et quand j’arrive à l’hôpital général, j’y trouve une foule immense qui attendait… Dans la foulée, on m’indique la salle où sont couchées mes filles et j’y entre. Mais en fonçant vers leurs dépouilles, je suis violemment intercepté par Monsieur Ekite Théodorin Martial, le petit-fils de ma sœur aînée, les yeux tous rouges avec une force que je ne lui aurai jamais soupçonnée. Ce Monsieur a réussi à m’entraîner hors de la salle. Ensuite, nous avons été reçus par le pédiatre qui a reçu les dépouilles de mes filles. Il s’agit du Dr. Eloumou Bissassa Patrick. Il me fit savoir qu’il y a deux messieurs qui ont acheminé à ses services les dépouilles de mes enfants, mais il ne les a pas identifiés. Ces messieurs lui ont simplement demandé si les corps pouvaient être mis à la morgue... Et à la question de savoir comment il n’a pas pu identifier ces messieurs qui lui ont pourtant demandé de nettoyer les enfants pour qu’elles soient dans des conditions telles qu’elles peuvent être mises directement à la morgue ? Il a rétorqué que ces messieurs seraient partis sans qu’il se rende même compte. »


Que savait-elle donc ?

Que puis-je y répondre. Toujours est-il que nous sommes au bureau de M. Ngando, qui me dit Me Epanya, moi-même j’arrivais souvent au cabinet peut-être ne te rappelles-tu plus de moi. Je lui ai dit non, puisque son visage était tout nouveau pour moi, un peu comme si je n’arrivais pas à me rappeler que ce Monsieur et moi nous nous étions déjà rencontrés à une occasion ou à une autre. Par contre son épouse, je l’ai maintes fois rencontrée dans le cadre de son dossier de divorce. Alors M. Ngando Mbongue me dit, que son épouse qui me connaît bien est très choquée par ce qui est arrivée et qu’elle est même actuellement sous soins intensifs et n’arrive même pas à marcher. En fait, elle serait tombée en descendant les escaliers, le jour du drame et a eu mal au niveau du bassin. Mais elle aimerait beaucoup venir avec lui me présenter leurs condoléances, mais également à mon épouse et à ma famille en mon domicile. Qu’en plus, nous sommes tous des Sawas, il y a quelque chose qui est arrivée et que nous acceptons que son épouse et lui viennent nous présenter leurs condoléances.

Ensuite, il me dit qu’il aimerait même venir de temps en temps nous assister lors de la programmation des obsèques. Et bien mieux, cet accident s’est produit chez lui et il aimerait s’impliquer dans l’organisation des obsèques. Parce que les obsèques, il le sait, la famille va les organiser, avec le soutien des amis. Bref, il voudrait aussi en faire partie avec tous ceux qui sont proches et qui voudraient organiser ces obsèques. Enfin, il dit avoir vu les images de toute cette journée dramatique en son domicile et les a gardées. Il a notamment vu le décès accidentel de mes enfants dans sa piscine et, m’a décrit à l’occasion ce qu’il a eu à voir. Je lui ai dit avoir compris tout ce qu’il venait de dire et qu’en retour, la seule chose que je lui demande à l’immédiat c’est qu’il me remette le Cd d’enregistrement des images vidéo de toute la journée. Ce qu’il m’a du reste formellement promis. Nous sommes alors, le vendredi 10 août 2012, soit deux jours après la survenance du drame. Pourtant jusqu’à ce jour je ne suis toujours pas en possession dudit cd qu’il m’a pourtant formellement promis.


Au moment de vos entretiens avec M. Ngando, le Commissariat de Bonamoussadi est-il d’ores et déjà saisi de la procédure de remise de ce cd par ce dernier ? Sinon à quel moment l’aurait-il fait ?

M. Ngando Mbongue ne m’a jamais remis cette bande, mais vous comprendrez avec les développements qui vont suivre. Après la promesse qu’il a faite de me remettre une copie de la bande, je me suis mis à attendre. Après, j’ai reçu l’information de ce que c’est le Commissariat du 12e Arrondissement qui est saisi du dossier. Alors j’ai appelé aussitôt ledit Commissariat et on m’a dit qu’il était question de faire une descente au domicile de M. Ngando Mbongue avec le procureur de la République près du Tribunal de première instance de Douala –Ndokoti, Le Commissaire de sécurité publique du 12e Arrondissement et l’enquêteur pour aller visionner ces images de vidéosurveillance. Je leur ai dit que j’aimerais également faire partie de cette descente ce d’autant plus que M. Ngando Mbangue m’avait lui-même promis une copie de ces images que je n’ai toujours pas reçues. Or, ladite descente était prévue pour le samedi 11 août 2012 et dès la matinée de ce samedi, j’ai essayé en vain de joindre le Commissaire du 12e Arrondissement et j’ai fini par comprendre par la suite qu’il n’y eut point de descente comme prévu. Le jour suivant, à savoir le dimanche 12 août 2012, je rappelle Me Priso au téléphone tout en lui demandant s’il faut mettre autant de temps pour entrer en possession des images qui sont filmées et enregistrées ?

Surtout qu’il y a beaucoup de membres de la famille qui voudraient également visionner ces images pour se faire leur religion, tant il est vrai que nous tenions des réunions quotidiennes et au cours de l’une de ces réunions, j’ai parlé aux membres de ma famille de mes entretiens avec M. Ngando Mbongue et par conséquent de la promesse qu’il m’avait faite de mettre à ma disposition la bande du déroulé du drame en son domicile. Raison pour laquelle ma famille continue d’attendre qu’il réagisse, or la bande ne vient toujours pas. Bien plus, les uns et les autres supputaient sur la probabilité d’une manœuvre visant à trafiquer les images vidéo. Parce que tous se demandent, s’il faut-il tant de temps pour réaliser une copie des images qui sont d’ores et déjà enregistrées ? Ce que je reçois comme explications quant à ce retard, c’est qu’il faut transcrire les images en mode Avi, pour qu’elles puissent être lisibles dans un lecteur Cd ou Dvd. Par ailleurs, ces images ont été gravées et ne peuvent être lisibles dans un lecteur Cd ordinaire qui donne plutôt des images toutes blanches. A ces explications, ça fait tilt dans ma tête. Pour me consoler, je me dis que vivement se la descente rogatoire qui était programmée au domicile de M. Ngando Mbongue pour y visualiser les images. Sur ce, j’appelle à nouveau mon ex-associé Me Priso, un de mes collaborateurs, Me Sango et un photographe tout en disant à Me Priso que je prenais moi-même les choses en mains. Ce même dimanche, j’ai pu avoir le Commissaire qui me fit savoir que M. Ngando Mbongue était à l’Eglise et qu’à ce titre le procureur de la République et lui-même attendent que M. Ngando Mbongue leur fasse signe avant d’opérer toute descente à son domicile. Une fois de plus, j’appelle Me Priso en lui demandant de dire à son client, M. Ngando Mbongue que j’étais en train d’arriver chez lui avec un photographe et que, comme on ne peut pas graver ces images je vais les filmer à partir de ses écrans.


En l’absence des autorités judiciaires et de la force publique, vous a-t-il finalement reçu ?

Si ! Et de 14 heures à 21 heures, nous avons pu visionner ces images en présence de M. Ngando Mbongue et son épouse, ainsi qu’en compagnie de son avocat Me Priso, mon collaborateur Me Sango et bien entendu le photographe et moi-même. Nous avons ainsi pu filmer lesdites images à partir des écrans de M. Ngando Mbongue, le photographe qui a été commis en a réalisé un Cd. Ces images nous les avions visionnées au niveau de la guérite de M. Ngando Mbongue. Ce qui m’a amené de poser des questions, notamment celle de savoir si à partir de cette guérite où sont sensés être en poste des gardiens, ils peuvent y visionner tout ce qui se passe ? Curieusement l’on me répond oui. Car, bien que ladite guérite soit quelque peu exigüe nous avons pu y visionner et filmer les scènes qui se déroulèrent dans le domicile de Monsieur Ngando ce 08 août 2012. Ce que j’ai bien évidemment rapporté aux membres de la famille aussitôt rentré à mon domicile aux alentours de 21 heures passées. Toutefois, nous n’avons pu visionner que des images émanant de quatre caméras et c’est ainsi que j’ai pu filmer l’entrée de mes enfants dans la concession Ngando Mbongue. Le chiffre quatre à son importance, car les quatre caméras montraient mes enfants comment elles sont entrées, comment elles sont arrivées à la piscine. La première personne à se retrouver à cette piscine avec mes filles c’est le nommé Ekité Théodorin Martial qui m’a agressé à l’hôpital général lorsque je suis entré dans la salle où les dépouilles de mes enfants étaient couchées. C’est la première personne qui amène mes enfants vers cette piscine. Or, mon neveu en question, nous avons tenu une réunion de famille à laquelle il n’était pas présent, mais avec mon chef de famille Monsieur Epanya Edimo, nous avons pu l’interroger plus tard et il a déclaré qu’il était entré dans cette maison où il aurait passé cinq à dix minutes maximum. C’est ce qu’il a du reste déclaré lors de son audition à la police. Il serait sorti ces dix minutes après parce qu’il devait accompagner l’amie de sa grand-mère qui était arrivée à leur domicile. Et après l’avoir accompagnée, il devait aller réparer son téléphone.


Et en quoi ses déclarations de Théodorin Martial Ekité seraient-ils importantes ?

Mais contrairement à ses déclarations, les caméras vidéo le montrent entrant dans la concession Ngando Mbongue à cinq reprises où il serait resté pendant une heure et 30 minutes au moins, pour quelqu’un qui déclare y être resté dix minutes à peine. Dans la continuation de nos recherches c’est Monsieur Ekite Théodorin Martial qui dormait avec mes filles. Le premier jour, mes filles auraient dormi avec leur tante qui le matin les a lavées. Dans la nuit de lundi à mardi et de mardi à mercredi, mes filles auraient dormi avec Monsieur Ekite sur le même lit et c’est lui qui les a lavées. Face à tout cela, ce sont les suspicions sérieuses au vu de l’attitude de ce monsieur. Au vu de ses déclarations, au su des faits surtout que quand quelqu’un a déjà fait une déclaration, il ne peut pas y revenir. Surtout dans le cadre d’une enquête criminelle de cette ampleur. Lorsque le lendemain du jour où nous avions visionné ces images, c’est-à-dire le lundi, j’appelle le Commissaire et lui dis que nous sommes allés la veille (le dimanche ndlr), voir ces vidéos et que j’espère qu’eux-mêmes pourront avoir accès à ces images, le Commissaire Ela du 12e arrondissement va s’écrier en m’invectivant sur ces mots : « vous êtes allés visionner ces images en quelle qualité et pourquoi ? »

Interview réalisée par Michel Michaut Moussala



08/09/2012
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