Affaire des 165 millions de la SCDP: La SGBC dos au mur…

Yaoundé, 02 Mai 2013
© Yves Marc Kamdoum | La Météo

D'un informateur introduit, le Tribunal criminel spécial (Tcs) estimerait qu'il faut minutieusement reprendre les enquêtes. Entre temps, les employés de la Sgbc et de la Scdp provisoirement libérés, sont sous haute surveillance. Les premières indiscrétions indiquent que l'étau se resserre sur la Sgbc, qui n'est pas à son premier coup.

Depuis le mercredi 24 avril, Lydienne Engomé Essomé, Julie Ngwesse Muabe de la Scdp et les trois employés de la Sgbc respirent temporairement l'air de la liberté. Déférés le 14 mars 2013, ces employés ont séjourné à la prison centrale de Kondengui, à Yaoundé, dans le cadre de l'affaire des 165 millions de francs de la Scdp, logés à la Sgbc. Ce n'est, selon des sources proches du Tcs, que partie remise, puisque que ces employés restent sous haute surveillance policière, en attendant que l'écheveau soit davantage démêlé. D'ailleurs au Tribunal criminel spécial, toutes les pièces du puzzle seront bien rassemblées pour établir les responsabilités des uns et des autres de manière détaillée, aussi bien à la Sgbc qu'à la Scdp.

Pour cela, il faudra fatalement répondre à un flot de questions qui laissent aujourd'hui tout le monde perplexe, y compris les nouveaux limiers à qui l'enquête vient d'être transmise par le Tcs. Entre autres interrogations de ces flics spécialisés: pourquoi après avoir constaté des irrégularités entre les by Text-Enhance">documents en sa possession et les avoirs de la Scdp dans les livres de la Sgbc, Lydienne Engomé Essomé, chef de la cellule de trésorerie, est-elle restée muette pendant près de deux semaines avant d'alerter son patron, le Dg Gaston Eloundou Essomba, pour un si gros écart de plus de 165 millions de FCFA? Au niveau du Tcs, l'on n'est pour l'heure pas. avare de confidences. «En prenant le soin de relever toutes les incohérences apposées sur les ordres de virement telles que les dates, montants, signataires, etc., cette dame savait peut-être ce qu'elle préparait». «Il est quand même curieux, que Lydienne Engomé Essomé ait pu attendre une longue période avant d'en informer sa hiérarchie», se demande un cadre de la Sgbc qui pense qu' «elle serait le suspect n°1 au niveau de la Scdp». Apparemment, cette période de mutisme de Lydienne Engomé Essomé, avait pour objectif de laisser le puzzle aller jusqu'à son terme, soutient un observateur habitué des couloirs des banques pour conclure que «...de pareille erreur se paie cash. On comprend pourquoi elle a été mise en quarantaine dès l'ouverture de l'enquête interne à la Scdp. Il était juste que le Dg ordonne, que les avoirs de l'entreprise soient sécurisés, surtout qu'il ne reconnait pas avoir signé de tels documents». Sur ce volet d'ailleurs, le Dg de la Scdp reste catégorique. Vraisemblablement, les fraudeurs lui ont fait un bébé dans le dos, en imitant sa signature pendant qu'il s'attelait aux cérémonies de dernier hommage à un de ses parents. Bien plus, approché, Olivier Débordes, le Directeur d'exploitation ne se reconnaît pas également dans ces ordres de virement qui portent sa «soi-disant signature».

Autre curiosité qui transparaît dans ce scandale, c'est l'attitude de la Sgbc. Au lieu de faire la politique d'autruche, on se serait attendu à ce que cet établissement financier produise sa banque d'images qui est conservée pendant 30 jours. Plutôt, et plus curieux, les images qui concernent l'affaire des ordres de virement ont été détruites en l'espace de deux semaines, comme par enchantement. Pourquoi et par qui et dans quel intérêt, se demandent des observateurs prudents? «Tout porte à croire que les responsables de la banque ont fait leur coup avec leurs complicités la Scdp. Il ne suffit pas de prétendre qu'il était trop tard pour empêcher l'exécution de la transaction, alors que la disparition des images est flagrante», confie un enquêteur averti. Plus grave, ajoute un Directeur Général d'une importante société de la capitale économique, «le fondé de pourvoir de la Sgbc soutient que sa signature a elle aussi été imitée, n'y a-t-il pas là anguille sous roche? Pourquoi ne s'était-il pas rendu compte de l'entourloupe un peu plus tôt alors qu'il y est sur place à la Sgbc? La Sgbc n'est pas à son premier coup. Elle est coutumière du fait». Tel semble avoir été la pirouette de Ngongang Duprince, l'homme à qui les 165 millions de francs ont atterri dans les poches, et qui s'est empressé d'aller chercher des ordres de virement à la Sgbc pour percevoir ce pactole auprès d'une coopérative. Lequel Ngongang Duprince reste introuvable jusqu'à ce jour. Déterminé, Gaston Eloundou Essomba qui n'en démord pas, est déterminé à aller jusqu'au bout de cette affaire pour que la Scdp non seulement rentre dans ses droits, mais pour que les bandits, où qu'ils soient et quel qu'ils soient, rendent gorge.


Rappel des faits

Pour la Sgbc, l'opération aurait été conforme. Mais si l'on se montre regardant sur les conditions de dépôt des ordres de virement, on s'apercevra que l'orthodoxie bancaire n'a pas été respectée dans cette affaire. Le 22 octobre 2012, les documents sont déposés à la banque Sgbc. Mais, les comptes de la Scdp ne seront débités qu'après le 25 octobre suivant, comme l'attestent deux télécopies de confirmation des paiements ordonnés à la banque. Ce qui intrigue aujourd'hui, c'est le fait qu'au moment de leur dépôt à la banque, lesdits virements ont curieusement été endossés par le caissier Henri Kouedji, (pourtant absent de la Scdp au moment des faits), et le chauffeur en service à la Direction administrative et financière, Georges Ekine. Un véritable flou artistique!

Il faut rappeler que ces ordres de virement ont été établis sur papier-entête de la Société camerounaise des dépôts pétroliers (Scdp), et portent les fausses signatures du Directeur Général Gaston Eloundou Essomba et du Directeur d'exploitation, Olivier Débordes. Ces ordres signés le 18 octobre 2012 sont adressés à la Société générale des banques du Cameroun (Sgbc). Mais particulièrement deux ordres de virement vont intéresser les enquêteurs: le premier: n°000007867 est supposé régler partiellement une facture datée du 26 septembre 2012, dont le montant total, toutes taxes comprises, est d'un peu plus de 71 millions de FCFA.

Le second, signé également le 18 octobre 2012, pour un montant de 38,720 millions de francs au bénéfice d'Alpha Construction est établi pour apurer totalement la facture supposée. Il faut préciser que les deux ordres de virement sont établis au bénéfice de l'entreprise Hydrochimie Cam. Le premier de 35,450 millions de francs et le second de 44,724 millions de francs sont signés dans les mêmes circonstances. Un vol organisé en somme!



02/05/2013
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