Affaire des 100 milliards Fcfa Franck Biya: la bataille qui s'annonce

Source: Nouvelle Expression
Écrit par Par Valentin Siméon Zinga
Vendredi, 16 Novembre 2012 14:38

La République
Jamais peut-être qu’en ce mois de novembre 2012, le débat sur la Gouvernance, n’avait mis en scène, et interpellé autant d’acteurs, aux profils les plus diversifiés, de notre scène sociopolitique.

Les «révélations» relevant d’une supposée atteinte à la fortune publique, mise sur le compte de Frank Emmanuel Biya, qui animent un débat promis à un emballement dans les jours à venir, établissent une division du travail qui interroge notre démocratie. «L’affaire des 100 milliards», selon un référent médiatique déjà en vigueur, suggère – présomption d’innocence de rigueur !- que le fils du Chef de l’Etat, aurait manipulé, à des fins privées, des institutions relevant de la République, au rang desquelles des sociétés d’Etat.
Dans le jeu de rôle qui sert de trame et de détonateur à cette «affaire», se révèle, au premier plan, un complexe médiatico-associatif, qui articule l’entrée en scène de la «société civile». C’est en effet «l’Alliance pour la défense du bien public» qui se signale ainsi, par un sens consommé de la manœuvre, avec ce qu’il laisse apparaître cette capacité à saisir les opportunités. Il suffit, pour s’en convaincre, d’observer que la publication des éléments constitutifs du dossier- fort documenté - ne relève guère de quelque hasard : la conjoncture politique est de fait, marquée par l’ouverture de la troisième session ordinaire de l’Assemblée nationale. Plus. Le document qui met en cause, et sur la sellette le fils du président de la République, se soutient d’un appel pour les «élus de la nation», à se saisir de «l’affaire». Pas besoin d’un dessin, pour percevoir les desseins de cette démarche.
Mais de quel écho résonnera cette interpellation au niveau du Palais des verres de Ngoa-Ekelle ? S’il est hasardeux de se prononcer de manière catégorique sur la suite de ce « feuilleton », les usages suggèrent au moins une partie du scénario, en quelques épisodes. On peut, dans cette perspective, s’attendre à ce que les forces d’opposition au régime, opérant sur le théâtre parlementaire, mobilisent les instruments institutionnels qui encadrent le contrôle de l’Exécutif par le Législatif. Il faudra, à ce compte, explorer les voies des « questions orales », voire de la constitution d’une commission d’enquête parlementaire, dans le but affirmé de démêler l’écheveau. Les acteurs qui se recrutent dans les rangs de l’opposition sont bien conscients que ce serait le minimum, s’agissant d’une question de gouvernance sur laquelle leur verve est connue. On devrait y voir une démonstration purement symbolique ; la réalité des statistiques - sur lesquelles repose une part des stratégies de déploiement des forces politiques à l’Hémicycle- leur étant fatalement défavorable.
C’est précisément l’un des atouts du pouvoir en place, qui a si souvent su jouer d’un régime de contraintes que le sens de l’euphémisme a enfermées sous le vocable de «discipline du parti». Point besoin d’insister sur les consignes, ni d’hésiter sur le sens des prescriptions : le bon sens, en cette matière commande que l’on se souvienne qu’il s’agit d’une «affaire» qui, tout en mettant en scène le fils du président de la République, touche de plein fouet, le Chef de l’Etat. On verrait mal le Rdpc étaler ses divisions, ni peiner à se constituer un en bloc du rejet des initiatives éventuelles de l’opposition.
En attendant ces développements prévisibles - sans qu’il ya ait besoin d’une science sophistiquée du fonctionnement de notre landerneau politique, l’un des enjeux majeurs de cette «affaire» réside dans la nécessaire reddition des comptes à laquelle la République soumet ses «enfants», ne consacrant point de citoyen à part, ne se mêlant ni de filiation généalogique, ni d’affiliation politique. D’où viendront les éclairages  attendus? Qui portera la voix des éclaircissements espérés ? Frank Emmanuel Biya a cultivé depuis toujours, une réputation de grand muet, effacé. A moins d’une reconversion subite, on voit mal cette posture remise en cause. Jusque-là épargné par la chronique des «affaires» - si l’on excepte les accusations formulées il y a une quinzaine d’années par l’Organisation non gouvernementale «Survie» au sujet de l’exploitation du bois au Cameroun - l’opérateur économique a appris, il y a quelques semaines, les rigueurs des batailles de toutes sortes : une littérature juridique, particulièrement informée, le signalait sur la liste des débiteurs de la Commercial Bank of Cameroun. Il y opposa un silence énigmatique…
Mais cet épisode, inséré dans la conjoncture des procédures judiciaires en cours depuis des années, apparut comme un  signe de lâchage et d’avertissement tout ensemble. Un signal, sans doute. Et c’est précisément ce contexte «d’affaires tous azimuts», avec ses manipulations politiciennes sur fond de combats parmi les plus féroces, dont il n’est pas exclu qu’ils rythment encore de leurs secousses, le cours ultérieur de notre histoire politique. En libérant les énergies, et déridant les stratégies, ce temps des «affaires», n’a pas encore fini de nous instruire.




17/11/2012
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