Affaire de l’arrimage de la CRTV au satellite: Jacques Fane Ndongo brise enfin le silence

YAOUNDÉ - 25 Juin 2012
© Jean-Paul Mbia (Corresp.) | La Météo

"Le Projet d'arrimage de la CRTV au Satellite, de l'avis des responsables techniques de la CRTV, a été conduit avec fermeté et perspicacité par le Ministre de la Communication avec l'appui décisif de la CRTV. Cette belle œuvre d'art est une puissante réussite technologique en Afrique"

Ci-dessous, La Météo donne à lire in extenso à ses lecteurs, le plaidoyer pro domo de l'ancien ministre de la Communication (2000-2004). Il faut dire que plus passent les années, plus cette histoire revient au bon souvenir des Camerounais, dont l'argent de leurs impôts avaient été mobilisés. Il se murmure même partout dans le pays que les dessous de l'arrimage de la Crtv au satellite seront l'un des sujets de la prochaine lettre ouverte de Marafa Hamidou Yaya, ex baron du régime détenu au Sed. Qu'importe!

Le Pr Fame Ndongo (actuellement ministre de l'Enseignement Supérieur) sans pression aucune, sort du mutisme "républicain" qu'il s'est lui-même imposé. Demain, nous espérons que d'autres acteurs de l'époque (à l'instar de Gervais Mendo Ze, ex Dg de la Crtv) suivront son exemple. Et parleront. D'ores et déjà, La Météo promet de leur ouvrir ses colonnes, car elle reste attachée à la liberté d'expression.

Arrimage de la CRTV au Satellite AB3 à l'occasion du Sommet France-Afrique du 17 au 19 janvier 2001 à Yaoundé

1.- Genèse du projet gouvernemental d'éradication des zones d'ombre et de silence: l'étude technique, menée en 1998 par la CRTV, sous la férule du Ministre de la Communication René Ze Nguélé, avait pour objectif d'arrimer la CRTV au satellite à partir du réseau hertzien (première hypothèse). Cette offre technique, comportant soixante sites à construire, a été jugée onéreuse car elle proposait une réhabilitation pure et simple du réseau hertzien pour un coût de 22 milliards FCFA. Une seconde hypothèse, présentée par le Mincom; était moins onéreuse: 8.2 milliards FCFA. Elle était hybride (signal numérique et signal analogique).

2.- Décision du gouvernement: une réunion interministérielle, présidée en février 2000 par le Premier Ministre et regroupant le MINEFI, le MINPAT, le MINCOM et le MINREX, adopte la proposition du Mincom René Ze Nguélé. Le 10 octobre 2000, du fait de la tenue du Sommet France-Afrique en janvier 2001, le Chef de l'Etat, par l'entremise du SGPR, prescrit au Mincom, un marché de gré à gré pour l'arrimage au satellite. Le projet de MDS est validé: 8,2 milliards de FCFA en deux phases (3,5 milliards et 4,7 milliards).


3.- Les raisons fondées de l'offensive du gouvernement camerounais contre la fracture numérique. La CRTV, créée par ordonnance présidentielle en 1987, peu après l'arrivée du Président Paul Biya au pouvoir, connaissait une dégradation continuelle de ses équipements et une obsolescence remarquée du système de diffusion hertzienne au sol.

Le taux de couverture nationale de la chaîne à capitaux publics était de 40% pour la radiodiffusion et de 30% pour la télévision, et ce, à trois mois de la tenue à Yaoundé du Sommet France-Afrique de janvier 2001. La réhabilitation du réseau hertzien terrestre de l'ordre de 22 milliards FCFA était onéreuse pour le gouvernement, ce d'autant plus qu'il allait créer une fracture et une facture sociales (entre les nantis et les démunis), au détriment de la politique de lutte contre la pauvreté et les exclusions prônée par le Président de la République (la CRTV n'est pas une chaîne à péage).

La solution la mieux disante et la plus efficace a été proposée par le consortium franco-camerounais pou un montant de 8.2 milliards FCFA en deux phases conformément à l'accord donné en février 2000. La finalité de son opération était la suivante: offrir à la CRTV, pendant et après le Sommet France-Afrique de janvier 2001, un système hybride de transport des signaux par satellite, puis un arrosage du champ de réception en mode analogique terrestre. L'accès au signal de la CRTV, au bout des travaux, allait être gratuit pour l'utilisateur, évidemment si l'on fait fi des redevances audiovisuelles relevées systématiquement, tous les mois, par le Ministre des Finances, sur les revenus de tous les salariés du secteur public.

Le projet gouvernemental, pour des raisons de conjoncture économique d'alors liée à l'ajustement structurel, sera scindé sur accord du Président de la République (Tenue de la réunion interministérielle), en deux phases distinctes: phase I (3,5 milliards FCFA) exécutée et la phase II (4,7 milliards FCFA), jamais réalisée jusqu'à ce jour pour des raisons strictement budgétaires (fonds non débloqués par le Ministère des Finances), à cause des contraintes restrictives du plan d'ajustement structurel.


4.- Réalisation du Projet:

A- Première phase (octobre 2000 - janvier 2001: 3.5 milliards f CFA).

a) Technique: l'opération techniciste de la phase I consistait en la transformation des signaux analogiques en signaux numériques, en vue de les faire monter au satellite retenu à savoir Atlantic Bird III (AB3). L'équipement nécessaire se trouvant dans les 18 centres de diffusion TV/FM existants, à savoir: Mbankolo, Douala. Garoua, Maroua, Ngaoundéré, Ebolowa, Bertoua, Bafoussam. Kribi, Sangmelima, Bamenda, Mvomeka'a, Lolodorf, Eséka, Kousséri, Mamfé, Meïganga, Nkambé, permet à cet effet de capter les signaux en provenance du satellite.

La construction de 23 nouveaux faisait également partie de ce dossier technique pertinent et validé par la commission interministérielle, sous l'égide du PM.

La phase II devait être dotée d'un budget de 4.7 milliards FCFA permettant de porter la couverture national de la CRTV à 100%. Cette phase décisive devait de ce fait intégrer tous les correctifs et les ajouts techniques de la 1ère phase, acquérir toutes les pièces de rechanges pour la maintenance et assurer, in fine, la formation, le recyclage et le perfectionnement du personnel.

Le 15 janvier 2001, les signaux radio et TV de la CRTV étaient disponibles sur le satellite NSS 803 du consortium français MDS International NTIN, filiale du Groupe France Telecom.

Le 17 janvier 2001: la CRTV émet sur satellite, au moment où s'ouvre le Sommet France-Afrique au Palais des Congrès de Yaoundé en présence de 32 chefs d'Etat d'Afrique et de France (Paul Biya, Jacques Chirac, Blaise Compaoré, Laurent Gbagbo, Abdelaziz Bouteflika, Matthieu Kérékou, Mohammed VI, ...). C'est le 2e plus grand événement politico-diplomatique organisé au Cameroun après le Sommet de l'OUA les 8 et 9 août 1996 à Yaoundé, en présence des têtes bien couronnées du landerneau mondial (Boutros Boutros Ghali, Jacques Chirac, Nelson Mandela, ...).

La 1ère phase a ainsi permis l'opérationnalité de la station montante à la CRTV en bande C avec la contribution du Satellite Telecom 2C. L'objectif initial a été atteint au cours de cette phase technique à savoir, arroser le territoire national, l'Afrique (les 54 Etats et les espaces physique, maritime et aérien), l'Europe de l'Ouest et du Centre, le Proche et le Moyen-Orient et la rive est du continent américain.

Emmanuel Nkpwelle, Michel Modeste Essono, Suzanne Ngo Lepna et Henri Steane Mpollo, respectivement Chef de Centre et Attachés dans les Centres de Communication des Ambassades du Cameroun à Bruxelles (Belgique), à Washington (Etats-Unis), à Riyad (Arabie Saoudite), au Haut - Commissariat du Cameroun au 84 Holland Park à Londres (Royaume-Uni, Grande Bretagne), reçoivent régulièrement, le signal de la CRTV, à partir de leur décodeur, depuis le 17 janvier 2001. Antoine Wongo Ahanda, Maître de conférences à l'ESSTIC, Université de Yaoundé II, Conseiller culturel du Cameroun à l'Ambassade du Cameroun à Paris (France), reçoit lui aussi, à partir de son bureau parisien, le signal de la CRTV, grâce à un décodeur. Cet outil technologique lui a permis de mener à bien, sous la direction du professeur Laurent Charles Boyomo Assala, des recherches scientifiques sur la diaspora camerounaise, le transnationalisme et le transfert des percepts et des affects, dans le cadre d'une Habilitation qui a été brillamment soutenue à l'Université de Yaoundé II. Le professeur Jacques Fame Ndongo était le président du jury.

b) Financement: l'exécution de ce marché technique de gré à gré a été ordonnée par le Chef de l'Etat, S.E Paul BIYA, le 10 octobre 2000, par une lettre du MINETAT SG/PR, Marafa Hamidou Yaya, pour le passage de la CRTV sur satellite, à l'occasion du Sommet France-Afrique (17-19 janvier 2001).

Délai imparti au Ministre de la Communication: 03 mois et 11 jours. D'où le caractère "très urgent et exceptionnel" souligné dans le marché de gré à gré signé, le 19 octobre 2000, par le MINCOM avec le groupement franco-camerounais MDS International NTIN SA (Entreprise ayant présenté l'offre la moins disante et la plus efficace). Novembre 2000, après consultation restreinte de six soumissionnaires et l'accord de M. le SG/PM, Louis Marie Abogo Nkono, par une correspondance du 24 avril 2000, le consortium franco-camerounais MDS International NTIN S.A est retenu comme entreprise adjudicataire pour l'exécution du marché. Le montant retenu est celui de la 1ère phase: 3.5 milliards FCFA. MDS International NTIN et le sous-traitant français Metracom (architecte de la station montante à Mballa II) entreprennent les travaux à travers les sites techniques de la CRTV. Cette structure internationale, de droit camerounais, a exécuté les travaux dans les délais impartis.

c)Exécution des travaux:

Le Groupement MDS International NTIN a effectivement réalisé l'objet de la première phase en trois mois:

*Couverture à 100% du territoire camerounais par le signal CRTV via le satellite,

*Numérisation du signal CRTV.

*Résorption en VHF/FM des zones d'ombre et de silence radio et télévision.

*Les deux premiers volets ont été entièrement réalisés (passage sur satellite et numérisation à 100%) non seulement pour l'ensemble du territoire camerounais, mais aussi pour l'Afrique, l'Europe, l'Amérique et l'Asie.

*Mais, le dernier volet, résorption en VHF/FM des zones d'ombre et de silence, a été réalisé à 80%.

D'où la nécessité de la deuxième phase (voir évaluation par une commission mixte MINCOM-CRTV et accord formel du Chef de l'Etat répercuté par M. le Directeur du Cabinet Civil au MINCOM le 20 février 2001).

d) Paiement du marché:

Le Groupement MDS a été entièrement payé à hauteur de 3.478.089.00 FCFA sur la base des sommes reçues de la Trésorerie Générale de Yaoundé (MINEFI), au regard des travaux effectivement réalisés sur l'ensemble du territoire (compte d'emploi régulier assorti des pièces justificatives connues des principaux responsables). Le différentiel entre le montant total reçu du MINEFI (3.500.000.000 de FCFA) et l'enveloppe payée à MDS est constitué par les frais financiers, les primes d'astreinte servies aux cadres et personnels MINCOM et CRTV et le solde apuré à la date du 31 décembre 2001.

Il est à signaler qu'il a été procédé à la main levée de la caution de garantie du Groupement MDS International NTIN.

Toutefois, il a été rappelé au prestataire qu'il sera astreint à souscrire un nouveau cautionnement, pour garantir l'intégralité du marché évalué à 8,2 milliards de f CFA dont les phases 1 et 2 constituent un tout indissociable. Cette nouvelle caution ne lui sera restituée qu'à la réception définitive de l'ensemble des travaux, après l'exécution de la 2è phase du projet.


B- Deuxième phase

1- Nécessité managériale d'une continuité de l'intention gouvernementale: lettre du MINCOM au Chef de l'Etat, le 8 février 2001, assortie d'un compte d'emploi prévisionnel lisible et crédible.

La lettre du Ministre de la Communication précise les points ci-après dans le compte d'emploi prévisionnel:

- Location pour 2 ans du segment spatial au niveau du satellite (1 milliard FCFA, soit 500 millions FCFA x2).

- Location pour 2 ans d'un segment spatial additionnel destiné à couvrir toute l'Amérique pour 1 milliard FCFA (500 millions FCFA x2). - Résorption des zones d'ombre et de silence résiduelles (20 à 30%) pour le signal analogique pour 1.2 milliard FCFA.

- Formation du personnel CRTV spécialisé pour la gestion des nouveaux outils pour 200 millions FCFA. - Maintenance des équipements de la CRTV et de l'ensemble des 60 stations de reprise au sol pour 500 millions FCFA.

- Réhabilitation du réseau hertzien pour 800 millions FCFA.

Cette lettre recevra l'accord du Chef de l'Etat, à travers le Ministre Directeur du Cabinet Civil, par la correspondance no 578/CC/CAB/PR du 20 février 2001. Le Ministre de l'Economie et des Finances est saisi pour exécution de la décision présidentielle. Cette mesure n'a jamais été effective pour les raisons de pénurie budgétaire, d'ajustement structurel, de conjoncture économique et d'atteinte du Point d'achèvement de l'Initiative PPTE.


2- Restriction budgétaire, ajustement structurel, conjoncture économique et financière, atteinte du Point d'achèvement le 26 avril 2006: obstacles institutionnels au non déblocage des 4,7 milliards FCFA pour la 2è phase.

Le Ministre de la Communication, dans le cadre de la 2nde phase, a proposé cinq points essentiels: - La nécessité de maîtriser le coût du projet. - Les risques de dégradation des équipements techniques.

- La nécessité de poursuivre le fonctionnement des nouvelles stations.

- La maintenance de la logistique et de l'ensemble technique du système satellitaire du Cameroun.

- L'exigence d'une justice sociale.

L'accord pour l'exécution de la 2ème phase du Projet Satellite a été prescrit par le Secrétaire Général de la Présidence de la République, suite à une note du Ministre de la Communication du 08/02/2001 et une transmission de l'accord de S.E. Monsieur le Président de la République par Monsieur le Ministre Directeur du Cabinet Civil, le 20 février 2001.

En dépit de l'accord du Président de la République et des multiples relances du Ministre de la Communication aux instances compétentes, cette 2è phase est restée lettre morte, pour des raisons strictement budgétaires. La non exécution de cette 2è phase était bien susceptible d'induire les conséquences néfastes suivantes:

-Dégradation des centres de réception / réémission construits en 2000/2001 par le Groupement MDS International NTIN;

-Vandalisme des équipements (la réception provisoire n'ayant pas eu lieu du fait de l'indissociabilité des phases 1 et 2);

Détérioration du taux de couverture en analogique, qui était de 80% en 2001.


3- Les mesures conjoncturelles du gouvernement pour encadrer et optimiser l'éradication des zones d'ombre et de silence au Cameroun et consolider le positionnement du signal CRTV dans les pôles technologiques de tous les continents, de 2006 à 2012.

Les successeurs successifs du Ministre Jacques Fame Ndongo ont pertinemment remis le dossier de la poursuite de l'éradication des zones d'ombre et de silence dans le portefeuille du gouvernement.

- Le projet baptisé Red Comzoft a permis d'identifier une quinzaine de sites techniques pouvant accueillir les équipements de rediffusion des signaux TV/FM de la CRTV (Batouri, Akwaya, Mundemba, Ekondo Titi, Poli, Touboro, Banyo, Woum Campo, ...). Les travaux sont en cours d'exécution.

Depuis l'exercice budgétaire 2006 (Atteinte du Point d'achèvement, le 28 avril 2006), des dotations financières sont régulièrement inscrites pour améliorer la qualité du signal, étendre le signal par l'éradication à 100% des zones d'ombre et de signal et arroser les 54 Etats africains et ceux d'Europe, d'Amérique et d'Asie, et ce dans le noble objectif républicain, d'aujourd'hui et de demain, de faire rayonner les acquis élogieux de la Politique des Grandes Réalisations prescrite par le Président de la République Chef de l'Etat, et mise en œuvre par le Premier Ministre Chef de Gouvernement.

Le Projet d'arrimage de la CRTV au Satellite, de l'avis des responsables techniques de la CRTV, a été conduit avec fermeté et perspicacité par le Ministre de la Communication avec l'appui décisif de la CRTV. Cette belle œuvre d'art est une puissante réussite technologique en Afrique, dans le cadre de la retransmission technique par la radio et la télévision, du signal étincelant du Satellite Atlantic Bird 3.

Jean-Paul Mbia
Chef de la Cellule de Communication du Ministère de l'Enseignement Supérieur.



28/06/2012
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