Affaire de l'attribution du marché de construction de l'immeuble siège de l'Art: Jean Louis Beh entendu à la Pj

YAOUNDÉ - 25 Juin 2012
© Alain Bertrand Nkongo | L'Anecdote

Les enquêteurs veulent voir clair dans les tripatouillages qui ont abouti à l'octroi de près de 2 milliards de FCFA de rétro-commissions au Dg de l'Agence de régulation des télécommunications et Cie, par le biais d'un contrat sous-seing privé.

Les enquêteurs veulent voir clair dans les tripatouillages qui ont abouti à l'octroi de près de 2 milliards de FCFA de rétro-commissions au Dg de l'Agence de régulation des télécommunications et Cie, par le biais d'un contrat sous-seing privé. Le patron de ladite Agence s'est embourbé jeudi dernier, en essayant d'apporter ses éclaircis sur un embouteillage qui ne veut pas dire son nom.

C'est un Jean Louis Beh Mengue désarçonné qui s'est présenté devant la presse le jeudi 21 juin dernier. Dans une mine patibulaire gravement perceptible, le Directeur général de l'agence de régulation des télécommunications (Art) a plusieurs fois forcé un sourire, certainement pour détendre une atmosphère lourde sans y parvenir.

Nos recoupements d'après ce point de presse nous auront permis de mieux comprendre le maître d'ouvrage du marché de construction de l'immeuble siège de l'Art. Ceux-ci font état de ce que Jean Louis Beh Mengue a été entendu durant des longues heures dans les locaux de la police judiciaire (Pj) à Yaoundé. Les enquêteurs voudraient démêler les écheveaux des tripatouillages ayant eu lieu dans l'attribution du marché de construction du building devant abriter le siège de ladite structure. Comme nous le relevions à la «une» de notre édition n° 571 du 22 mai 2012 sous le titre: «Construction de l'immeuble siège de l'Art/ Jean Louis Beh Mengue s'octroie des commissions de près de 2 milliards de FCFA», le Dg dans sa tentative de démontrer que nos informations n'étaient pas fondées jeudi dernier. Après l'échec d'une première action, aux lendemains de la publication de votre hebdomadaire, consistant à amadouer certains organes de presse, en leur accordant des insertions pour qu'ils ne relayent pas l'information, Jean Louis Beh Mengue s'est plutôt enfoncé. C'est le moins que l'on puisse dire au regard des propos de circonstance du Dg de l'Art, qui se perdant davantage, a finalement entremêlé la frontière entre la vie de l'entreprise dont il a la charge et la sienne que le journal l'Anecdote a toujours dévoilé le caractère démentiel et satanique. Au terme de cette rencontre d'un autre genre avec les hommes et les femmes de médias, pourtant inscrite dans le registre du point de presse; le Dg de l'Art a proscrit toutes les questions que les journalistes avaient à lui poser. Les zones d'ombre heureusement étaient perceptibles sans efforts dans l'exposé de l'hôte du jour.


Un Dg aux abois.

«Il faut le noter, pour le déplorer, l'intrusion partiale de certains médias dans ce dossier. Sur la base des allégations et des affirmations sans fondement, et sans vérification aucune, ils ont fait état de tripatouillage sur la base des documents que les enquêteurs viennent d'établir comme faux ou falsifiés. Par leur acharnement, ces médias disqualifient l'opération et font un procès d'intention au maître d'ouvrage qui est le Directeur Général. Plus grave, le lynchage médiatique est nourri par des attaques personnelles avec des accusations à caractère politique et portant atteinte aux bonnes mœurs». Cet extrait des propos du Dg a le bonheur de montrer dans quel état d'esprit Jean Louis Beh Mengue se trouvait en ameutant la presse. Et pourtant, à la page 3 de la déclaration du patron de la structure de régulation, il y ressort que la situation a commencé à véritablement se compliquer le 26 janvier 2012. Lorsque l'un des membres de la sous commission refuse de Signer le rapport d'analyse des dossiers administratifs et des offres techniques, assorti d'un rapport de synthèse, ainsi que le prévoit l'article 27 alinéa 5. Le récalcitrant membre dénonce les manœuvres de ses autres collègues pour éliminer un soumissionnaire qui pourrait devenir encombrant dans l'une des étapes décisives dans l'attribution déjà orientée du juteux marché. Le membre en question réfutait la transformation du critère de «lisibilité» inventé par certains commissionnaires en un critère éliminatoire. Au mépris de la réglementation du code des marchés publics. La société objet de ce débat était Dpe-Inter. Les autres soumissionnaires étant: Groupement Bati, Top International, Groupe AOC, Optima Champigny, Groupe Dpe, Icon Epc, Sinohydro corporation, Eser Contracting, Arab contractors, China Shanxi et Kemen group. Au fil des étapes, les divergences des intérêts vont se faire plus profondes.

Malgré que le maître d'ouvrage ait eu à remplacer en violation flagrante de la réglementation sur le domaine sans consultation le non signataire décrit comme «porté disparu» par un des siens, l'harmonie est loin de revenir au sein de la commission. Puisque le Président de la sous commission d'analyse est contre un examen approfondi des offres financières. Lui, ayant déjà son préféré parmi les 04 soumissionnaires dont les offres financières ont été retenues. Le rapport qui en découlera ne sera visé que par le seul président. Une fois de plus, cet aspect de la réglementation sur les marchés publics qui prévoit de dissoudre la commission en cas de désaccord criard entre ses membres est boycotté. Une sorte d'aveuglement volontaire dont le seul objectif était de tracer le chemin à un soumissionnaire précis. A cette étape de la maffia, «China Shanxi avait déjà signé une convention sous-seing privé prévoyant la rétrocession d'une commission d'un montant de 1 800 000 000 FCFA sous couvert des Ets Fma et Ets Megamod. A ce niveau, les Chinois feront une erreur stratégique en voulant violer les règles du deal secret…Constatant qu'ils ont l'offre la «moins disant» et donc bien placés pour se voir attribuer le marché de dizaines de milliards FCFA; l'entreprise du pays de Hu Jing Tao va désormais refuser de verser les retro commissions. Erreur fatale. Avec le concours de la commission spécialisée de contrôle des marchés de bâtiments et des équipements collectifs de l'Armp, le maître d'ouvrage va rapidement coller au Chinois le motif imaginaire de «prix anormalement bas.»


Sprint final.

Après l'éviction de Shanxi dont l'offre profanait à 9 milliards et Dpe-Inter (11 300 000 000 FCFA), il restera Bati service (11,5 milliards); Eser (15,4 milliards) et Arab contractor (15,1 milliards). Les jeux semblent dès lors faits avec l'évidence que Bati service l'emportera quoiqu'il arrive, le redressement de ces trois offres éligibles, qui a eu pour effet le renchérissement des montants initialement proposés, en raison de la prise en compte de double virage prévu dans le Rpao, malgré une fois de plus la violation évidente de la réglementation qui n'autorise aucun redressement de prix mais une correction arithmétique de ceux-ci abouti au résultat programmé depuis plusieurs étapes. Bati service:-offre initiale 11 539 944 633 Ttc —offre redressée 13 000 448 900 Ttc, Eser 15 442 560 069 Ttc 15 442 560 069 Ttc; Arab contractors: 15 126 684 804 Ttc 15 270 678 981 Ttc. Chacun des lecteurs pourra remarquer le déséquilibre dans l'ampleur du redressement des prix. Mais un coup de théâtre intervient le 02 avril 2012. La commission spécialisée de contrôle des marchés des bâtiments recommande contre toute attente la réintroduction du groupe Dps-Inter au projet sprint final. Estimant que cette entreprise a été éliminée à tort sur la base d'un critère subjectif de «lisibilité». Cette recommandation semble respectée. Le 05 avril dernier, toutes les soumissions concernées sont convoquées par la commission des marchés publics de l'Art. Le représentant de Dpe-lnter est effectivement au rendez-vous comme l'attestent certains soumissionnaires. Mais l'autre jour, Jean Louis Beh Mengue a informé les journalistes que «l'absence du représentant de Dpe a été relevée». Ici, la maffia organisée par le maître d'ouvrage regagne en épaisseur. Pour éliminer cette fois Dpe-Inter, China Shanxi ayant une fois de plus été écarté à cette nouvelle ouverture des offres, le rapport de l'offre financière martèle «la non-conformité de l'offre avec les spécifications des clauses techniques particulières». Il est à préciser que les entreprises soumissionnaires adhèrent au cahier des clauses techniques particulières qui leur est proposé par le maître d'ouvrage, et donc photocopié. Elles se doivent donc de le parapher en cas d'acceptation de ces clauses. D'où vient donc la non-conformité avec les spécifications du cahier des clauses techniques particulières, si ce n'est une autre manœuvre dont le but est de laisser libre voie à Bati service qui avait déjà accepté de verser les retro-commissions de 1,8 milliards FCFA. Le 18 - avril 2012, par correspondance n°149/Lsp_cscm/Bec, la commission spécialisée donnera comme programmé un avis favorable pour l'attribution du marché de construction de l'immeuble siège de l'Art au groupement Bati, pour un montant de 12 836 681 FCFA Ttc. Mais les Chinois de Shanxi vont refaire éruption après cette «dernière» étape. Ils demandent l'annulation du marché d'attribution de ce marché, le processus ayant été entaché d'imperfections d'après eux. Ce que va faire le ministre des Travaux publics, au regard des éléments palpables de tripatouillages disponibles, le 18 mai 2012. C'est donc un Jean Louis Beh Mengue pris dans son piège de corruption qui est aux abois. Toutes incongruités qui devaient conduire à l'élimination de fait, au regard de leur implication dans les manœuvres de corruption, de Bati services, le cabinet Macha dont les accointances avec le maître d'ouvrage semblent avérées et Shanxi du processus d'attribution de ce marché. Affaire à suivre.




26/06/2012
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