Affaire Bibi Ngota: Antoine Alo’o Bikoro et Dayas Mounoumé parlent du "Rio del Rey"

YAOUNDE - 07 MAI 2010
© Le Jour

Le directeur général du Chantier naval industriel du Cameroun (Cnic) et son collègue du Port autonome de Douala nient avoir perçu des commissions dans le cadre de l’achat du bateau-hôtel. Le directeur général du Chantier naval et industriel du Cameroun (Cnic), Antoine Alo’o Bikoro, son collègue du Port autonome de Douala, Dayas Mounoumé et l’expert financier, Francis Dooh Collins ont-ils perçus des commissions dans le cadre de l’acquisition par la Société nationale des hydrocarbures (Snh) d’un bateau-hôtel baptisé « Rio del Rey » ? Cette question a un début de réponse depuis mercredi dernier, dans la dernière édition de l’Action (n°711 du 5 mai 2010).

Messieurs Bikoro et Mounoumé se sont en effet prononcés dans le journal du Rdpc, parti au pouvoir, apportant ainsi, pour la première fois publiquement, leur version des faits dans cette affaire qui défraie la chronique depuis le décès en prison de Bibi Ngota, directeur de publication du journal Cameroun Express. «S’agissant des prétendues commissions, je ne suis concerné ni de prêt ni de loin», affirme, dans L’Action, Antoine Alo’o Bikoro (lire ci-dessous l’intégralité de ses propos). « Je ne suis concerné ni de près ni de loin. J’ai vu ce bateau pour la première fois le jour où il entrait au port de Douala », dit pour sa part, dans le même journal, Dayas Mounoumé.

Le document au centre de ce qui est devenu l’affaire Bibi Ngota indique que ces deux directeurs généraux ainsi que l’expert financier, Francis Dooh Collins ont été bénéficiaires de confortables commissions dans le cadre de l’acquisition du Rio del Rey: une enveloppe de 1.342.000.000 Fcfa pour les trois. Il s’agit en fait d’une correspondance adressée à l’administrateur directeur général (Adg) de la Snh avec entête de la présidence de la République et signature du ministre d’Etat secrétaire général de la présidence de la République, Laurent Esso dont la teneur suit: « Faisant suite à notre entretien téléphonique, j’ai l’honneur de vous informer de bien vouloir procéder dans les meilleurs délais et en toute confidentialité au paiement en avance de la somme de 1.342.000.000 Fcfa (un milliards trois cents quarante deux millions Fcfa) représentant les frais de commission des sieurs Dooh Collins, Antoine Bikoro Alo’o et Dayas Mounoumé dont l’objet est repris en marge de correspondance. A titre d’information, copie de toute correspondance éventuelle entre les parties contractantes de ladite prestation sera classée secret confidentiel ».

Vendredi 23 avril dernier, un peu plus de vingt quatre heures après le décès en prison de Bibi Ngota, le ministre de la Communication, Issa Tchiroma a affirmé, lors d’une conférence de presse, que cette correspondance était une contrefaçon, notamment, les signatures, les timbres, les marques et imprimés. « (…) une affaire de contrefaçon des signatures et timbres, des marques et imprimés, selon les chefs d'inculpation retenus par le Juge d'instruction connaissant de l'affaire », indiquait le ministre Issa Tchiroma.

La sortie médiatique du directeur général du chantier naval et industriel du Cameroun et celle du directeur général du Port autonome de Douala répond à une forte demande de l’opinion et apporte de nouveaux éléments dans la compréhension d’une affaire qui demeure cependant encore floue sur bien des aspects.

Antoine Alo’o Bikoro, dg du chantier naval et industriel du cameroun: « Sur ce dossier je n’ai même pas bu une bière »

«Oui j’ai participé en tant que expert aux premières négociations relatives à l’acquisition de ce bateau-hôtel par la Snh. Il s’agissait pour le consortium des pétroliers qui opèrent dans cette zone (Rio del Rey) de changer la barge qui était louée. Tous les opérateurs ont donné leur accord pour cette acquisition et le chef de l’Etat a autorisé le financement sur fonds propres de la Snh. Francis Dooh Collins était chargé des démarches pour le compte de la Snh auprès des partenaires techniques. Je suis surpris qu’on cite Dayas Mounoumé dans cette affaire. S’agissant des prétendus commissions, je ne suis concerné ni de prêt ni de loin. Pour tout vous dire, sur ce dossier je n’ai même pas bu une bière comme on dit vulgairement.»


Antoine Alo’o Bikoro, dg du chantier naval et industriel du cameroun : “J’ai vu pour la première fois ce bateau au port de Douala »

« Je ne suis concerné ni de près ni de loin. J’ai vu pour la première fois ce bateau à son arrivée au port de Douala »

Source : L’Action n°711 du 5 mai 2010



Les faits selon la déclaration du ministre de la Communication le 23 avril 2010

“ (...)En date du 05 février 2010, le Ministre d'Etat, Secrétaire Général de la Présidence de la République a saisi le Délégué Général à la Sûreté Nationale aux fins de l'ouverture d'une enquête contre le nommé Harris Robert Mintya Meka, directeur de la publication du groupe « Le Monde Info/Le Devoir », pour répondre des faits de contrefaçon des signatures, des marques et imprimés.

En effet, le sus nommé avait sollicité courant janvier 2010 une audience auprès du ministre d'Etat secrétaire général de la Présidence de la République, arguant de ce qu'il détenait un document compromettant à son endroit, qu'il souhaitait lui présenter.

N'ayant pas pu être reçu, M. Mintya a déposé à l'intention de M. le ministre d'Etat, secrétaire général de la Présidence de la République un document prétendument signé dudit Ministre d'Etat, adressant des instructions confidentielles au directeur général d'une importante société d'Etat.

Entendu par les enquêteurs de la Délégation Générale à la Sûreté Nationale, M. Mintya a rejeté toute implication de sa part, relativement à une quelconque contrefaçon du document en cause.

En revanche, il a reconnu avoir adressé le document querellé sous pli fermé au Ministre d'Etat, secrétaire général de la Présidence de la République.

Il a en outre affirmé avoir reçu ledit document d'un certain Simon Nko’o Mvondo, par l'entremise de M. Germain Cyrille Ngota Ngota, moyennant le paiement d'une somme de 30.000 fcfa, et a par ailleurs précisé que l'auteur du document apocryphe serait M. Sabouang Yen Serge, directeur de la publication du journal « La Nation ».

Suite à ce qui précède, les mis en cause ont été déférés le 05 mars 2010 au Parquet près le Tribunal de Grande Instance du Mfoundi, centre administratif, et le Procureur de la République a requis le 08 mars 2010 l'ouverture d'une information judiciaire à l’encontre des nommés Mintya Meka Harris Robert; Sabouang Yen Serge; Ngota Ngota Germain Cyrille, et Nko’o Mvondo Simon Hervé. Ce dernier, quoique en fuite, a été identifié.

Le 10 mars 2010, le Juge d'instruction connaissant de l'affaire a inculpé les trois premiers cités, à savoir les sieurs Mintya Meka Harris Robert, Sabouang Yen Serge et Ngota Ngota Germain Cyrille, pour les faits de contrefaçon des signatures et timbres, des marques et imprimés, avec mandat de détention provisoire. »



12/05/2010
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