Affaire avion Camair: Tchiroma évite les vraies questions

DOUALA - 27 SEPT. 2012
© David Nouwou | La Nouvelle Expression

Il préfère s’étendre sur les malheurs de Marafa. En esquivant soigneusement d’évoquer sa responsabilité dans le crash de 1995.

Au cours de la Conférence de presse qu’ila donnée mardi dernier au sujet de l’avion de la défunte Cameroon Airlines (Camair) qui avait crashé dans la mangrove de Douala en décembre 1995, Issa Tchiroma est formel : «tous les sinistrés du crash du Boeing 737-200 de la Camair [du 3 décembre 1995] ont été indemnisés». Et il ajoute : «outre les sommes allouées au titre de frais [ci-haut cités], les critères ayant servi à fixer les montants des indemnités principales ont reposé sur quatre principaux éléments : la législation ou la réglementation applicable, l’âge de la victime, la situation familiale, la situation économique du passager»

Mais pas d’explication précise, de même que de façon officielle, on ne saura rien de l’identité des bénéficiaires, ni des montants reçus. On se rappelle par exemple que la seule hôtesse de la Camair qui survit à la tragédie, avait déclaré il y a quelques mois qu’elle n’avait rien perçu au titre des indemnités. Mais ici, Tchiroma a rapidement trouvé une réponse, en expliquant que le personnel de la compagnie n’était pas assuré. Chose étrange.

Mais il ne donne aucune précision sur les indemnisations: «Cette précaution est conforme aux ententes convenues entre les bénéficiaires et l’assureur, et aux engagements pris de ce fait par ce dernier vis-à-vis des ayants droits et des victimes rescapées». Seulement, le fait de trainer à sa conférence de presse les responsables de Chanas Assurances, manifestement comme preuve de véracité de ses affirmations, peut-il mieux convaincre l’opinion que la publication des listes des bénéficiaires de ces indemnisations, ainsi que les comptes qui ont été crédités à cet effet ? Issa Tchiroma laisse là une porte ouverte à la vérification des listes des bénéficiaires supposées transmises par Chanas assurance (jadis Chanas Privat). On apprend que sur les 71 passagers, il y a eu 3 rescapés, 3 autres n’ont jamais fait l’objet de réclamations jusqu’au délai légal de prescription qui est de deux ans, et que le cas d’un Béninois reste pendant en justice.

«Le Mincom s’est posé une question importante, comme dans une espèce de monologue : «les journalistes vont me demander pourquoi cette communication maintenant?» Pour répondre, reprend-il, «le temps du gouvernement n’est pas le temps des médias». Et une voix lance dans la salle : «parce que Marafa n’est plus dehors ». Et le Mincom de sursauter: «ce n’est pas du tout ça ; le temps du gouvernement se situe entre celui du journaliste qui est l’historien du présent, et le temps de l’historien qui est le journaliste du passé». Et de poursuivre : «le gouvernement pensait que les professionnels de la chose que sont beaucoup d’entre vous, auraient dû prendre la peine de vérifier l’authenticité des informations». Ce qui à son goût n’a pas été fait. «L’objet de la communication d’aujourd’hui est de restituer la vérité, afin de tailler en pièces les allégations mensongères et attentatoires à l’honneur et à la dignité des personnes et du gouvernement».

On se rappelle pourtant que la première sortie de Tchiroma après la quatrième lettre de Marafa qui soulevait la question de la maintenance de l’appareil de la Camair, le ministre de la communication avait clairement laissé comprendre que la presse ne peut point devenir un tribunal pour lui. On peut néanmoins constater qu’il était volontiers devant le tribunal des journalistes mardi dernier, comme à une occasion murement préparée pour régler ses comptes à son frère de Garoua. Il a beau s’expliquer, cette conférence de presse survient au lendemain de la condamnation de l’ancien Sgpr. Comme par hasard.

Et il en a profité pour savourer toute une haine aux allures d’une victoire sur son ennemi : «Le ministre d’Etat (Marafa, ndlr) s’est positionné comme directeur de ma conscience, comme donneur de leçons. Il est allé jusqu’à intimer quasiment l’ordre au président de la République de ne pas me permettre de siéger au gouvernement. Maintenant qu’il est condamné pour dépravation, pour prédation et pour prévarication, qui de lui ou de moi mérite l’estime des camerounais ? Si j’étais accusé par un saint homme, je serai allé depuis longtemps à la rencontre de l’opinion pour m’expliquer. Mais je ne réponds pas à un dépravateur».

Au final, les problèmes demeurent entiers dans les extraits de la quatrième lettre de Marafa que nous publions ci-dessous.





28/09/2012
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