Affaire Albatros: Controverse autour des arrestations

Affaire Albatros: Controverse autour des arrestations

Aurore Plus

 

YAOUNDE - 05 MARS 2010
Muna Dimbambe | Aurore Plus

 

 

Malgré de nombreuses arrestations opérées dans le cadre de l'Opération Epervier et relatives à l'affaire Albatros, l'opinion nationale reste sur sa faim du fait du maintien en liberté de certaines personnalités pourtant reconnues y avoir pris une parte active.

 

 

 

Au nombre des arrestations jusqu'ici opérées, on retrouve Jean Marie Atangana Mebara, Jérôme Mendouga, Assené Nkou considérées comme fortes têtes. Mais à la réalité, tous auront pris en marche un train mu par Marafa Hamidou Yaya alors Secrétaire Général à la présidence de la république où il était secondé par Ephraïm Thomas Inoni qui dans la foulée sera porté au premier ministère. Ce bref rappel historique, pourrait-on le qualifier participe de ce que l'on a vite omis de classer dans la rubrique immunité de fonction dont bénéficiait encore Marafa Hamidou Yaya et bien évidemment Ephraïm Thomas Inoni dont les auditions préalables par la police judiciaire ont été gelées. Mais alors qu'on attendait les voir dessaisis de leurs fonctions gouvernementales respectives pour voir la justice se mettre en branle à leur encontre, l'un d'eux réussit la prouesse d'être maintenu au ministère de l'administration territoriale et de la décentralisation, pendant que le Pm retrouvait Bakingili pour y assumer pleinement les fonctions de chef coutumier. Si telles sont les raisons qui continuent de leur octroyer une immunité de fait, on est tout de même étonné que l'affaire soit désormais plutôt classée.

En effet, s'il a été par ailleurs établi le rôle trouble de Yves Michel Fotso alors Adg de la défunte Camair qui diligenta les opérations d'acquisition de l'aéronef présidentiel, le fait qu'il n'ait pas été inculpé jusqu'alors souffre de forts relents discriminatoires qui alimentent quelque controverse quant aux arrestations jusqu'ici opérées dans la cadre de cette affaire. Ce d'autant plus que ceux des acteurs de cette affaire passés par des auditions dans les locaux de la direction de la Police judiciaire au quartier Elig-Essono à Yaoundé, ont tous été incarcérés. Y aurait-il dès lors eu quelque arrangement entre le pouvoir et le fils du milliardaire Victor Fotso ? Rien jusqu'ici ne le laisse croire même si de l'avis de la majorité de l'opinion nationale, la levée de l'interdiction de sortie de Yves Michel Fotso sonne davantage comme une grave incongruité dans cette affaire pour laquelle des dizaines de milliards de FCFA ont été débloqués pour non pas un aéronef de seconde main, mais bien plus pour un neuf auprès de la firme américaine Boeing. C'est donc dire qu’à l'essence ceux qui avaient été commis pour diligenter l'affaire avaient prémédité les détournements de deniers publics comme l'atteste du reste la floraison d'intermédiaires intervenus dans l'opération.

Faits aggravants



En marge des immunités de fait dont ont bénéficié certains acteurs de cette affaire, il reste que les différents intermédiaires se seront tous caractérisés par des manquements graves quant à l'exécution de leur part de contrat. Ainsi en est-il par exemple de Aircraft Portofolio Management Cameroun (APM) qui n'aura été créé exclusivement que pour cette affaire, grâce à l'entregent de Thomas Ephraïm Inoni, même si après coup ce dernier ne s'y reconnaitra plus. Pourtant, il est constant qu'il y a des actions au travers d'un prête-nom qui n'est autre qu'un de ses frères qui y tenait par ailleurs une place d'administrateur. De même, le dossier initié par Marafa Hamidou Yaya avait laissé d'importantes brèches à l'origine du flou autour de l'acquisition de l'aéronef. En effet, si le pouvoir a pu braver par contournement les mesures restrictives des institutions de Bretton Woods, le non suivi de la dévolution réelle des décaissements réalisés par la SNH est tributaire de ce que Jean Marie Atangana Mebara ne pouvait qu'exploiter à fond ce filon, pour non seulement affirmer sa préséance dans la gestion dudit dossier mais aussi et surtout pour tisser sa toile. En effet, se déroulant sous le sceau du secret d'état, l'affaire jouissait d'une opacité à nulle autre pareille qui ne fut mise à nu qu'avec l'incident qui faillit coûter la vie à Paul Biya tout en lui dictant d'engager des enquêtes pour y voir plus clair.

Et si au terme des premières enquêtes il fut établi au moins cinq chefs d’accusations à l’encontre de la tête de file de l’opération, Jean Marie Atangana Mebara, il ne fait point de doute qu’il n’a pas pu le faire sans des complicités nettes et notamment celles de Yves Michel Fotso agissant en lieu et place du gouvernement, mais également Ephraïm Inoni par l'entremise de APM. Or, le dernier cité semble continuer de jouir d'une immunité de fait. Serait-ce du fait de sa non implication dans la fameuse Génération 2011 à laquelle on attribua des velléités successorales malveillantes et attachées à l'incident de l'Albatros ? Si cela alors on peut comprendre que les prétendus maillons forts de cette génération aient tous été interpellés quasiment au même moment, question très certainement d'en diluer l’influence au sein de l'administration camerounaise qu’elle avait, dit-on réussi d'enrôler dans sa vision du succès qui n'écartait pas l'élimination physique pure et simple de Paul Biya. Mais au-delà de telles considérations, quid de l'argent déboursé et surtout de l'Albatros retourné à celui qui le céda au gouvernement camerounais via la Camair ? Des interrogations qui restent sans réponses et qui contribuent à raviver la dilution de l'engouement de l'opinion nationale sur la portée réelle de l'Opération Epervier. Essaie-t-on dès lors de régler cette affaire avec plus discrétion que les autres pour s'éviter les foudres des institutions de Bretton Woods ?


Affaire Albatros, un coup de force ?

Si tant il est vrai que l'incident qu'eut l'Albatros aurait pu coûter la vie au Chef de l'Etat, aurait-il dès lors circonscrit ladite affaire à quelque velléité de coup de force pour en faire une affaire juridico-politique ? Néanmoins, certains estiment au contraire que si l'incident a été la conséquence logique pour essayer de taire la gravité et l'importance de forts pots de vins qui auraient été versés à l'achat dudit aéronef, on ne saurait balayer d'un revers de la main les milliards que cette affaire a engloutis. Aussi faudrait-il y impliquer tous les acteurs sans exclusive qui, d’une manière ou d'une autre ont tous perçu des royalties. Dans cette logique, on ne saurait par conséquent limiter les arrestations y afférentes aux personnes incarcérées tant qu’il est vrai que toutes ne pouvaient poursuivre le même objectif. Aussi, toutes doivent-elles payer de leur liberté le prix de leur cupidité pour ceux encore en liberté, et bien évidemment celui de leur ambition démesurée pour ceux qui ne visaient en réalité que la succession de Paul Biya. Mais comme les arrestations sont mues depuis Etoudi, peut-être devra-t-on attendre qu'il trouve des chefs d'accusation probants à l'encontre des acteurs encore en liberté pour envisager qu'ils retrouvent leurs complices à kondengui Sinon, la controverse sur les arrestations relevant de l’affaire Albatros se perpétuera.



17/03/2010
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