Acquisition d’armes en Chine : Mebe Ngo’o sous le coup d’une dénonciation

 

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Une accusation «dont l’auteur serait très proche des cercles du pouvoir» parvenue au chef de l’État, «étale» le ministre délégué à la présidence en charge de la Défense.

 

De l’audience accordée le 7 août par le président Paul Biya à Wang Lin, vice-président de Poly Group Corporation et Président de Poly Technologies, deux consortiums spécialisés dans le commerce international, l’immobilier et l’armement, beaucoup n’auront retenu que la proposition de vente d’armes au Cameroun pour combattre Boko Haram. Cet entretien de près d’une heure aurait également, selon des sources introduites, porté sur un volet sulfureux dont les anecdotes animent aujourd’hui la chronique des faits divers.

 

Paul Biya et Wang Lin se sont en effet entretenus sur une affaire grave, qui concerne au premier chef le ministre délégué en charge de la Défense (Mindef). Informé de la guerre fratricide en cours au sein du pouvoir, l’hôte chinois aurait ainsi tenu à rassurer son interlocuteur quant aux excellents rapports que la Chine, en général, entretient avec le collaborateur du président de la République, Edgar Alain Mebe Ngo’o, afin d’éviter toute interprétation erronée de sa démarche. Affaire classée ? Voire.

 

En effet, en pleine guerre contre les fous d’Allah en effet, des indiscrétions ont inondé la scène et les rédactions de la République ces dernières semaines, accusant ce dernier d’avoir, avec l’aide d’un Corse du nom de Robert Franketti, fait ouvrir une ligne de crédit dans laquelle le Cameroun opère des achats d’armes chinoises (blindés, hélicoptères, etc.) dont la fiabilité est fortement remise en cause.

 

A preuve, soutiennent ces délateurs, un hélicoptère Z8 issu de ces transactions, en opération d’entraînement, s’est crashé le 23 avril dernier à la base aérienne de Douala sans que les résultats de l’enquête ouverte à cet effet soient publiés. Du coq à l’âne, ces rumeurs invoquent un climat de déstabilisation au front de la lutte contre Boko Haram, où nos vaillants soldats enregistrent pourtant d’éclatantes victoires, obligeant l’assaillant à réviser ses modes opératoires.

 

Les familles des soldats morts au front se plaindraient, apprend-on,  de l’exhibition du Mindef, qui se croit obligé de leur remettre solennellement, devant des caméras de télévision, les frais funéraires suite à une cérémonie d’hommage au Quartier général à Yaoundé. «(…) la gendarmerie et la police, désormais en première ligne pour la sécurité intérieure, ont pour l’heure endigué la spirale des attentats», souffle-t-on. A ce niveau seulement, il y a lieu de se demander si la gendarmerie ne fait pas partie intégrante des corps de l’armée nationale.

 

Selon des curiosités, les fameuses nouvelles seraient l’œuvre du contre-amiral Jean Pierre Nsola, révoqué des forces de défense en fin décembre 2013 «pour faute majeure» et dont les relais au Cameroun restent actifs. Par cet acte du chef de l’État, l’intéressé perdait non seulement son grade d’officier général, acquis le 1er novembre 2011, mais en plus ses droits devaient être calculés sur la base du grade de capitaine de vaisseau 3è échelon.

 

Le 16 septembre d’avant, l'ex-attaché de Défense du Cameroun en Chine était auditionné en conseil de discipline pour répondre des accusations d'insubordination, de refus de rejoindre son poste, d'outrage à la hiérarchie et de diffusion de documents administratifs. Le cas du contre-amiral Jean Pierre Nsola avait en effet, pendant des mois, animé la chronique au sein de l’armée nationale depuis que, encore en poste à l’étranger, il s’était fendu d’une lettre de dénonciation contre son ministre, Edgard Alain Mebe Ngo’o, l’accusant d’avoir engagé un dossier d’achat de matériels militaires à la Chine sans avoir requis son expertise. Plus tard, il eut des démêlés avec l’ambassadeur du Cameroun qu’il accusait de «zèle et rancœur», affirmant avoir été séquestré le 16 novembre 2011 en Chine par des subordonnés sur ordre du diplomate.

 

Le nom de Jean Pierre Nsola, comme par hasard, serait celui qui continuerait ainsi «d’inonder le chef de l’État de lettres de dénonciation sur l’enrichissement généralisé des hommes impliqués dans l’achat des armes en Chine, grâce à des commissions hors normes». Le crime semble donc signé.

 

 

Cette poussée épistolaire intervient, constate-t-on, au moment où le Mindef semble jouir d’une confiance renouvelée du chef de l’État alors que l’armée nationale contraint régulièrement Boko Haram à battre en retraite. On a ainsi pu noter comme une hausse de la cote d’Edgard Alain Mebe Ngo’o auprès de Paul Biya le 30 juillet sur le tarmac de l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen. Ce jour-là en effet, alors qu’il vient de raccompagner son homologue nigérian Muhammadu Buhari au terme d’une fructueuse visite d’amitié et de travail, le chef de l’État, publiquement et ce, pendant d’interminables minutes, s’entretiendra avec son ministre délégué sous les regards à la fois envieux et concupiscents de dizaines d’autres pontes du régime.

Ceci n’a sans doute rien à voir avec cela, mais il est difficile d’imaginer que le président de la République, l’un des hommes les mieux informés au monde, ait conservé au même poste un personnage que certains couvrent d’autant de forfaits contre la fortune publique. L’homme, rappelle-t-on, avant son arrivée à la Défense le 30 Juin 2009, a été – entre autre – directeur du cabinet civil de la présidence de la République et délégué général à la Sûreté nationale.

 

Face à Paul Biya, Wang Lin a donc insisté pour clarifier les choses et mettre un terme au «kongossa». Pour la fin de la «guerre», les jours à venir risquent de réserver bien de surprises encore…

 

© La Météo : Labaran Mamouda


13/08/2015
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