Achille Wouagoum : L’avenir est incertain

Journal Mutations du 18/03/2011

Achille Wouagoum : L’avenir est incertain

Le délégué des étudiants de niveau 3 en géographie à l’université de Dschang dit avoir fait face à plusieurs tracasseries.

Qu’est ce qui vous a poussé à postuler pour le recrutement de 25000 jeunes diplômés à la fonction publique, à partir de la région de l’Ouest ?
Je suis ici [à Bafoussam] pour devenir fonctionnaire. Candidat à ce recrutement de 25 000 jeunes diplômés, je suis étudiant de géographie, à l’université de Dschang. Ma spécialité, c’est l’environnement et développement.

Un recrutement comme celui-ci glane une affluence assez considérable et visiblement incontestée. Ce qui amène les officiels à procéder par enregistrement et par distribution des tickets numérotés. Alors, quelle position occupez-vous ?
Le bout de carton qu’ils m’ont remis mentionne que j’occupe le 1191ème rang pour le compte de la journée du mercredi, 16 mars 2011. Parce que chaque jour, il y a des listes que l’on façonne à l’attention des postulants. Donc, j’attends encore mon tour, parce que sur la liste des candidats qui ont été enregistrés la veille, le lecteur a amorcé le 600ème nom.

Pourquoi avoir choisi de se jeter à l’eau pour ce recrutement, alors que vous êtes encore sur les bancs ? N’est-ce pas précoce de vouloir à tout prix travailler ?
J’ai opté pour ce recrutement, parce que l’avenir est incertain. Je ne sais pas si au moment où j’obtiendrai ma licence, on pourra encore lancer un tel recrutement. Je me dis que, si je suis là [à la Fonction publique], ou tout au moins, si l’on pouvait me recruter, plus tard, avec mon diplôme de licence, je pourrai faire autre chose, en sachant que mon avenir est assuré.

Avez-vous déjà fait des concours ?
J’ai déjà fait beaucoup de concours d’entrée à la Fonction publique, sans succès. Environ sept au total, j’en veux pour preuve, des récépissés de certains d’entre eux que je détiens actuellement. Depuis 2003, et ce jusqu’en 2005, j’ai fait le concours de la Gendarmerie. Puis s’en sont suivis respectivement : les examens d’entrée au Centre national de jeunesse et des sports (Cenajes), les Greffiers adjoints (Ga), les Cadres d’appui au ministère de la Santé publique, et j’en oublie certainement.

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées jusqu’ici ?
Tout a commencé à la délégation régionale des enseignements secondaires, pour le retrait des diplômes, de la promotion 2008, et je puis vous assurer que cela n’a pas du tout été chose facile, au vu du monde qui s’y est retrouvé. Malgré l’organisation et la discipline mises sur pied, pour faciliter le retrait du parchemin, je m’en suis tiré presque aux environs de 16 heures (avant-hier, mercredi). C’est un véritable parcours du combattant.

Face à cette pléthore de candidats, vous êtes un postulant plutôt découragé avant la lettre ?
Pas du tout. Se décourager, alors qu’on est loin de soupçonner les choix qui seront opérés, c’est trop dire. Je pourrais être le meilleur, mon profil pourrait être compétitif. Et en plus de cela, même pour le fait de se décourager, je n’en ai même pas la moindre intention. Car, cette opération étatique pourra constituer une banque de données à l’Etat. Ce dernier pourra à partir de là, pourquoi pas, faire des statistiques et savoir qu’il y a par exemple tel nombre de jeunes, qui ont tel âge, et tel niveau. De sorte que plus tard, l’on puisse les injecter dans des projets structurants. Ou encore l’Etat peut se projeter par rapport à l’avenir des jeunes, en créant d’autres formations en sachant qu’il y a des jeunes en attente, et les orienter même pour des formations. Parce que, aujourd’hui, lorsqu’on dit par exemple être titulaire d’un Bepc + un diplôme en secrétariat, cela ne peut dépasser personne. Surtout qu’il faut savoir que tout cela peut ouvrir des portes.

Propos recueillis par Robert Nkaké (stagiaire)



18/03/2011
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres