À quoi ressemblera le péage en 2012 ?

À quoi ressemblera le péage en 2012 ?

Cameroun : À quoi ressemblera le péage en 2012 ?2012 sera, entre autres, l’année des grandes réalisations. Cela tombe bien. Peut-être découvrirons nous enfin, les avantages de notre péage routier. À quoi ressemblera le péage en 2012 ? Un automaticien s’est posé cette question et pense que la logique de type:
« Payes et casse toi ! ne pourra pas durer » et voici ce qu’il imagine pour le futur et ca fait rêver!… Première partie d’une mini série sur l’automatisation du péage routier.

Comme vous le savez, le problème de fraude au péage suscite de vifs et légitimes mécontentements de la part des usagers et depuis plusieurs années, l’avenir du péage fait débat: Contributions, rapports, projets d’automatisation se succèdent.

Si la question est si sensible, ce n´est pas la première fois que ce type de débat surgit dans notre pays. Mais aujourd’hui, il est rendu brûlant par les menaces qui pèsent sur la sécurité routière.

La protection du patrimoine routier est un objectif primordial de notre pays. C’est pourquoi je m’étonne qu’en ce qui concerne l’automatisation du péage, il semble que cette priorité ne soit plus de mise.

En effet, comment ne pas être frappé par une contradiction majeure et qui ne cesse de s’accentuer :

d’une part, il existe une véritable volonté de diminuer le fléau que représentent les accidents de la route et d’autre part, l’on renonce dans le même temps à s’en donner les moyens.

Comment comprendre que chaque année, la violation de péage génère plus de 3,5 milliards de pertes quand malgré l’augmentation des avoirs mis à disposition, le fonds routier ne peut entretenir qu’environ la moitié du réseau national ? 

La pilule est difficile à avaler car ce sont donc autant de pertes que supportent l’ensemble des usagers.

Est-ce à dire que le péage ne joue pas pleinement son rôle ?
A-t-on mal initié le projet ?  Quelque chose a-t-il raté dans le processus ?
Le péage un échec ? Les usagers sont de cet avis.

Les raisons qui conduisent à le penser sont multiples et tiennent en premier lieu à son inefficacité au regard des objectifs qui lui sont assignés.

Elles sont parfaitement résumées par le communiqué du conseil de cabinet daté de juin 2009.

" Le péage routier ne donne plus la pleine mesure de ses potentialités ;
de 2003 à 2007, l’on a enregistré une perte de 17,5 milliards de Francs CFA".
Ce chiffre considérable qui interpelle, donne une idée vertigineuse du montant réel du total des fraudes annuelles.

Depuis de nombreuses années, les usagers n’ont eu de cesse d’identifier les pépins nés de la diminution constante des recettes et malgré quelques interventions d’atténuation, ceux-ci n’ont pas disparu et plongent l’usager de la route dans un océan de perplexité.

Doit-on s’en accommoder?
Combien de temps devrions nous payer d’autant de vies humaines la liberté de circuler?

La fraude au péage a raison sur un point : aucune installation n’est totalement dépourvu de risques de fraude ou d’inconvénients potentiels : Le péage n’échappe pas à la règle.

Le propre des responsables de notre péage est précisément de veiller à ce que les bénéfices potentiels dépassent le plus largement possible les risques inévitables.
Des actions correctives immédiates doivent être prises chaque fois que le seuil de tolérance
est atteint.

L’entretien routier est un élément crucial pour sauvegarder les investissements très coûteux qui ont été affectés à la construction, à la sécurité de notre réseau routier, à sa rentabilité et à toute l’économie en général.

Il faudrait être malhonnête pour nier quelques progrès enregistrés, mais pour assurer pleinement ses missions et satisfaire les besoins des usagers dans le respect des objectifs réciproques, le péage ne peut plus se contenter d´être seulement un droit que l´usager doit acquitter pour franchir un passage. Il doit offrir à des usagers de plus en plus nombreux et de plus en plus exigeants un certain service routier qui satisfasse ses besoins de déplacement dans les meilleures conditions.

Un service routier composé d´un ensemble de services complémentaires et regroupé en trois grandes catégories.

La mise à disposition de l´infrastructure:
elle répond aux finalités de desservir la population et lui permettre de se déplacer.

La mise à disposition d´un service d´entretien, d´assistance et services associés:
Elle vise à répondre aux besoins d´assistance et de secours, de confort et surtout de sécurité. Il est fait allusion aux moyens d´intervention en cas d´accident et/ou de panne de véhicules mais surtout des aires de stockage des véhicules évacués de la route.

Les services de maintenance, de gestion et d´exploitation: ils répondent aux finalités d´entretenir, et de rétablir l´état de l´ infrastructure, de piloter et d´optimiser son usage, mais aussi de satisfaire les besoins exprimés des usagers en élaborant et en mettant en œuvre une politique qualité en vue d’offrir un service optimal.

Les récents incidents survenus à Nkongsamba et plus récemment encore à Tonga illustrent l´importance d´un service d´assistance et de secours, et prouve bien que l´amélioration de la sécurité routière ne saurait être obtenue par quelques actions isolées. Elle ne peut être que le résultat d´une entreprise résolue et coordonnée de tous les acteurs - institutionnels, usagers de la route, communauté dans son ensemble - qui mettent en œuvre un ensemble complet de mesures se renforçant mutuellement. C´est surtout un choix de  société.

L´usager étant au centre des préoccupations, le besoin de mieux le connaitre, mieux connaitre ses attentes, mieux connaitre son degré de satisfaction et aussi son évolution, s´impose.
Voilà autant de priorités dont seule une démarche structurée permettrait d´assurer la coordination et dégager un constat objectif.

Nos routes trop utilisées, insuffisamment entretenues, à peine électrifiées et qui manquent des panneaux de signalisation constituent un risque de sécurité. De nombreux accidents auraient pu être évités, si les routes étaient plus convenables et commodes aux attentes des usagers.

Cependant, la forte pénurie de recettes publiques ne permet plus de faire face à une telle équation, et la crise qui frappe nos sociétés creuse chaque jour nos déficits.
Nous sommes confrontés au défi de mobiliser suffisamment de fonds pour faire face à la demande croissante de transport routier, minimiser l´écart important entre le niveau de service attendu et le niveau de service perçu par l´usage mais surtout entretenir et améliorer notre réseau routier.

On peut toutefois arriver à des améliorations substantielles de la sécurité routière en abordant d’une manière complètement différente le problème de péage.

Un des leviers d’action à notre disposition demeure l’automatisation.
Y échapper est quasiment impossible - la logique est basique : rien n´arrête le progrès - et la question qu’il convient désormais de se poser est celle de savoir: quand aura-t-elle lieu?

Quelqu’un ayant le pouvoir de l´engager se doit à un moment de le faire afin de faire de la route ce bien commun garantissant la sécurité dans notre marche vers le développement individuel et collectif.

L’automatisation, recette miracle ?

Oui, car nous avons là un moyen technique qui permettra de tirer parti du potentiel que recèle notre péage, d´atténuer la fraude, donc d’améliorer la qualité du service routier et de poursuivre l’objectif des recettes, accrochez-vous, à deux chiffres en milliards.

Le péage est aussi une vitrine formidable et donc un potentiel publicitaire important qui permet par ailleurs d´atteindre un cœur de cible.
Toutefois, même les outils les plus sophistiqués ne servent à rien s'ils ne sont pas utilisés.

Non, car l’efficacité d’une technologie dépend aussi du contexte dans lequel elle est déployée. Si elle omet de prendre en compte le contexte qui est le notre - condition primordiale lorsqu'on s'apprête à bouleverser les habitudes -, l’automatisation pourrait s’avérer impuissante pour enrayer la fraude.

Mais, s'il y a urgence, encore faut-il se garder de toute précipitation!
L’automatisation du péage doit prendre en compte deux facteurs déterminants :

Tout d’abord, elle doit prendre en compte les aléas et carences de notre réseau électrique. D´où la nécessité d´une alimentation électrique de secours.

Enfin, elle doit être dotée d´un système de surveillance et de contrôle de fraude assurant la traçabilité des opérations à chaque poste de péage.
Le système de surveillance composé de compteurs enregistreurs de trafic, du journal des événements aux différents péages, etc. constituent d´une part la base d´étude du trafic avec pour finalité de prévoir l’impact du trafic sur la chaussée, et par conséquent une meilleure programmation des travaux de réfection mais d´autre part l´outil de surveillance et de contrôle de fraude.

Le péager, maillon faible ?

Volontiers pointé du doigt pour sa fonction de collecte des droits de péage, le péager n’est pas pour rien dans la fraude au péage, mais quant à lui renvoyer la totale responsabilité, je juge l’explication un peu courte et c’est toute une stratégie qui doit être aujourd’hui remise en question.

Il y´a un grand nombre de problèmes liés aux tickets de péage qui entrainent des pertes de revenus et augmentent des coûts d’exploitation. C’est la structure même du système de ticket qui est problématique.

Des spectateurs passifs ?

Les véritables perdants d’un mauvais service routier sont des usagers. Ce sont donc eux qui auraient directement intérêts à ce que les routes soient bien entretenues et que le service associé soit meilleur.

C’est peut être difficile à entendre, mais la réussite du péage et de l’automatisation est aussi de la responsabilité de l’usager de la route. Pour l´automaticien et l´usager de la route que je suis, ma responsabilité est même double.

Ma contribution ne saurait donc se limiter aux paroles, ce qui évoque l´adage selon lequel :
"Pour donner du goût, il faut aussi mettre la main à la pâte".

Personnellement, j’ai été sollicité plusieurs fois pour apporter ma contribution au "Comité Technique de Concertation" dans la recherche de solution technique, par ailleurs mon équipe a exprimé la volonté d´accompagner en offrant gracieusement un projet pilote d’automatisation du péage.

Mais tout se passe comme si une petite minorité s’attachait à profiter du système actuel et à prolonger son existence autant que possible.

Notre ministre des travaux publics déclarait il y’a quelques années, je cite :

" Le déficit annuel moyen de 3,5 milliards de francs CFA estimé sur les 34 postes de péage installés sur les routes revêtues constitue un handicap réel pour le financement de l’entretien routier national. Cet argent aurait pu permettre d’améliorer l’état du réseau par l’augmentation non seulement du linéaire entretenu mais aussi du niveau de service.
Ainsi, il est perçu moins de 62 % de ce que les usagers devraient payer".

Rhétorique consolatrice dans la foulée de l´émotion, clairvoyance ou aveu d’impuissance?

Si dans son discours, il a préconisé comme solution l’automatisation des postes de péage, sur le terrain, en revanche, les choses n’ont guère avancé, quand elles n’ont pas régressé.

Le péage, une drôle de farce, dont l’usager de la route - vous, nous -, dernier maillon d’une chaine infernale peine à ne pas se sentir le dindon ?
L’on aura en tout cas du mal à interpréter différemment le silence et surtout l’ inaction des responsables en charge du péage.

à quoi ressemblera le péage en 2012 ?

De graves dysfonctionnements ont été mis au jour au sein du système de tickets,
il semble donc voué à l’inefficacité tant sont béantes les possibilités de le contourner.

Il faut d’urgence aller à la cause du problème en s´attaquant au mal en amont.
Le ticket de péage est donc voué à disparaitre.

Au lieu de se contenter d’un simple ticket, nous devons déployer un badge multifonction qui pourra non seulement gérer les passages mais aussi faire office de porte-monnaie électronique.

Ceci devrait inévitablement faire appel à la technologie de radio identification (RFID).
Elle devrait apporter des yeux et des oreilles au poste de péage et contribuer fortement à l’action de lutte contre la fraude.

Grâce à cette solution intelligente, il ne serait plus nécessaire d’imprimer des tickets, ce qui entrainerait la suppression totale des tickets parallèles, des tickets remis à la vente mais aussi et surtout la suppression des surcoûts de réapprovisionnement.

Les principaux avantages des badges RFID par rapport aux autres technologies sont les suivants :

Ils offrent un niveau supérieur de sécurité car ils ne peuvent pas être copiés.
Non sujettes à l´usure car ils ne nécessitent pas de contact avec le lecteur.
Enfin les lecteurs sont robustes et sans entretien.

Chaque passage pourrait automatiquement être enregistré et la fonction d’horloge associée assurer un archivage horodaté des opérations.
Les fonctionnalités de cette solution sont nombreuses et peuvent s’élargir en allant des badges à prépaiement rechargeable, à la formule d’abonnement pour les usagers réguliers.

Protéger le route, un défi citoyen?

" C´est faire preuve de civisme car en la considérant comme « patrimoine », nous sommes tous conscients de l'impérieuse nécessité de la conserver !" La réponse est jetée en boutade, mais avec les accents de la plus éclatante des vérités.

Qui a le sourire quand il paye - pour soi ou pour sa société -  le péage?
Moi, honnêtement non ! et vous ? et le citoyen lambda ? donnons leur la parole.

Mais il faut avoir une éthique, une morale. Le péage en soi, c´est une bonne chose, certes difficile mais juste et s´y soumettre c´est faire preuve de civisme.

Qu´a donc donné le péage à l´usager? Rien ou peu, très peu.

L´effort doit conforter un sentiment d´une certaine justice.
C´est toujours beau le discours politique appelant à la vertu civique de l´usager de la route, mais prêcher par l'exemple demeura toujours le meilleur outil pédagogique.

Poser des actes justes, de la famille de ceux qui montrent notre réelle volonté et notre détermination d’agir mais aussi de satisfaire les besoins de l´usager de la route et s’astreindre à un devoir de résultats devient aujourd’hui une impérieuse obligation, notamment pour mieux rendre compte de notre action, et mieux la justifier.

Après l’ heure des bilans vient celle des prédictions, et je fais d’ailleurs le pari de l’automatisation dans les huit prochains mois d’ ici à fin juillet ou Août prochain;

Je reste persuadé que réduire la mortalité sur nos routes est en apparence un objectif qui nous réunit tous et je m’associerai naturellement aux futures initiatives qui pourraient être conduites en ce sens.

Germain Teguia
Consultant en automatisme et
Informatique industrielle

© Correspondance de : Germain Teguia


05/01/2012
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