A QUAND LE PROCES ENOH MEYOMESSE ?

A QUAND LE PROCES ENOH MEYOMESSE ?

Meyomesse Menottes:Camer.bePour Enoh Meyomesse, tout a commencé le 22 novembre 2011, mais pour ceux avec qui il a vécu son ordalie, bien avant : le 11 novembre pour Bernard Manda ; le 15 novembre pour Song Kanga ; le 18 novembre pour Benoit Ndi. Ainsi donc c’est plus de deux mois que l’écrivain et homme politique a été arrêté et jeté, dans les cellules de la SED à Yaoundé d’abord, avant d’être transféré dans la légion de la gendarmerie de Bertoua où, sans que son nom soit mentionné sur aucun registre (mais sans doute le colonel Oumarou Galibou a-t-il falsifié ceux-ci maintenant), il fut torturé pendant 30 jours ! Trente jours de torture dans le secret afin qu’il avoue avoir planifié un coup d’Etat pourtant fictif, torture au bout de laquelle il sera paradé le 21 novembre devant les medias (Le Jour, Equinoxe Radio, CRTV), avec entre ses mains une pancarte disant qu’il avait commis un ‘vol aggravé’. Depuis cette rocambolesque scène dont la photo souvenir nous montre à gauche un gendarme en civil filmant les journalistes présents pour les faire chanter au cas où leurs articles publiés seraient différents du mensonge d’Etat d’Oumarou Galibou ; depuis cette scène infâme qui ne devint que plus surréaliste quand le ministre de la communication, Issa Tchiroma, tint une conférence de presse le 23 novembre pour encore plus noyer le poisson, l’écrivain dorénavant accusé de ‘braquage’ est séquestré à Kondengui, dans le voisinage de brigands. Oublié le coup d’Etat !

Extraordinaire que cette arrestation et séquestration arbitraire d’un citoyen, même si aujourd’hui il apparaît que le juge d’instruction du tribunal militaire où il a été transféré s’est saisi du dossier Enoh Meyomesse et refait l’enquête. Qu’enquête-t-il donc, le juge d’instruction militaire ? Pour savoir si l’écrivain quinquagénaire a organisé un coup d’Etat avec des kalachnikovs neuves afin de renverser Biya, quelque temps après que ce dernier ait fait lui-même un coup d’Etat constitutionnel ? Ou alors enquête-t-il pour savoir si ce même quinquagénaire a plutôt utilisé les kalachnikovs pour braquer une mine d’or à Betaré-Oya ? Ou enquête-t-il pour savoir si la promesse de dollars que Meyomesse a fait à son tortionnaire au moment même où il frôlait la mort dans le noir d’une cellule de la gendarmerie de Bertoua était sérieuse, ou alors s’il ne s’agissait que d’un subterfuge ? Enquête-t-il sinon pour savoir ce qui fait que cet écrivain filiforme se retrouve plutôt au tribunal militaire, alors que les cas de vol a main armée dans notre république sont traités au tribunal civil ? Enquête-t-il enfin, le juge d’instruction, pour savoir si les auteurs du braquage dont Enoh est accusé aujourd’hui n’étaient pas plutôt ces Centrafricains qui quelques temps après l’arrestation de celui-ci brulaient le drapeau national et faisaient des dégâts ici et là ? C’est-à-dire enquête-t-il pour comprendre pourquoi la légion de la gendarmerie de Bertoua où Enoh Meyomesse sera séquestré pendant trente jours avait étouffé cette affaire quand elle avait eu lieu ?

Le 23 décembre 2011, Issa Tchiroma, à la suite du gouverneur de l’Est, Adolphe Lélé Lafrique, et du colonel Oumarou Galibou, nous avait déclaré Enoh Meyomesse brigant ; soit. Depuis, le juge d’instruction du tribunal militaire fait son enquête. Oui, il enquête le jour, mange avec sa famille le soir, pendant qu’un homme innocent est séquestré à Kondengui. Ah, Cameroun ! Le juge d’instruction aurait ouvert le Code de la procédure pénale de notre pays qu’il y aurait lu ceci : Article 119: (1) a) Lorsqu'un officier de police judiciaire envisage une mesure de garde à vue à l'encontre du suspect, il avertit expressément celui-ci de la suspicion qui pèse sur lui et l'invite à donner toutes explications qu'il juge utiles. b) Mention de ces formalités est faite au procès-verbal. (2) a) Le délai de la garde à vue ne peut excéder quarante huit (48) heures renouvelable une fois. b) Sur autorisation écrite du procureur de la République, ce délai peut, à titre exceptionnel, être renouvelé deux fois. c) Chaque prorogation doit être motivée. (3) En tout état de cause, l'audition d'un témoin ne peut seule, justifier une prorogation de garde à vue. (4) Sauf cas de crime ou de délit flagrant, la mesure de garde à vue ne peut être ordonnée les samedi, dimanche ou jour férié. Toutefois, si elle a commencé un vendredi ou la veille d'un jour férié, elle peut être prorogée dans les conditions précisées à l'alinéa (2). Mais comme nous savons, la loi a foutu le camp au Cameroun, et l’affaire Enoh Meyomesse en est l’exemple le plus évident !

Dans ce pays sans loi nommé Cameroun, depuis le 23 décembre 2011, le procès de Enoh Meyomesse a donc lieu en public. Ce n’est que trop bien, car au fond c’est bien d’une affaire publique qu’il s’agit ici. Tout bon Camerounais peut dorénavant confronter la version des faits concoctée par le colonel Oumarou Galibou, imposée aux medias sous la pression d’une videocamera-gendarme et avec la violence symbolique du gouverneur et du ministère de la communication, avec celle écrite de la main tremblante de l’écrivain lui-même, du fond infecte de sa cellule, version qui, colportée par son avocat, écrasée pendant plus de deux semaines dans les tiroirs du rédacteur en chef de Mutations Xavier Messe dont l’écrivain prisonnier voulait répondre à l’article-infâme, a finalement vu le jour dans les pages de La Metéo et a été remise au grand public par Le Jour. Le citoyen camerounais est très intelligent et aujourd’hui peut lire de lui-même et juger, devant ces deux versions qui lui racontent l’arrestation et l’incarcération arbitraire d’un de ses concitoyens et de trois autres, où se trouve le mensonge et où la vérité. Plus besoin de gendarme-videographe en civil ! Nous sommes bien des adultes, et chacun de nous peut voir qui des deux versions est rectiligne dans sa présentation des faits et qui est tordue. Le juge d’instruction du tribunal militaire fait son enquête poussive, il peut prendre son temps, mais chacun de nous qui a eu le temps de lire les deux versions de l’arrestation et de l’incarcération de Enoh Meyomesse sait que cette enquête-là n’est que perte de temps en fait. La vérité est comme l’eau de roche, et elle a déjà éclaté au grand jour. Aujourd’hui, personne ne peut plus la retarder. Personne. Même plus le juge d’instruction ! Vivement que vienne le procès Enoh Meyomesse pour la révéler enfin au grand jour de notre capitale et de notre pays ! Le Cameroun a besoin de ce grand coup d’oxygène ! Enoh Meyomesse est innocent ! Allez djjjjiiiire !

© Correspondance : Patrice Nganang


29/01/2012
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