A propos de l’affaire Frank Biya. Réaction de Jean Michel NINTCHEU à la suite du communiqué du SG l’Assemblée Nationale: «Un mensonge d’Etat sur fonds d’enfumage destiné à détourner le peuple de l’essentiel»

DOUALA - 28 NOV. 2012
© Jean Michel NINTCHEU | Correspondance

Suite au communiqué laconique publié le lundi 26 novembre 2012 en page 5 du quotidien Cameroon tribune intitulé «la mise au point de l’Assemblée nationale» et signé du Secrétaire général de cette institution, je tiens à apporter des précisions importantes et vérifiables. Les affirmations suivantes contenues dans ce communiqué contre ma personne sont totalement infondées: « L’Assemblée nationale n’a reçu aucune question à adresser au gouvernement émanant de l’intéressé ». « La Conférence des présidents, organe qui juge de la recevabilité des questions adressées au gouvernement, n’opère aucune discrimination des questions qui lui sont soumises. Cela est vérifiable lors des différentes séances de questions orales adressées au gouvernement ».

Je suis en droit de me demander si l’auteur dudit communiqué est en paix avec lui-même et avec sa conscience après avoir rédigé de telles déclarations qui relèvent tout simplement d’une manipulation évidente des faits et de l’information.

La question orale que j’ai adressée au Premier ministre relative à ce qu’il convient désormais d’appeler « l’affaire Frank Biya » a été déposée au. Secrétariat parlementaire de l’Assemblée nationale et la décharge a été enregistrée dans le registre du Groupe parlementaire du SDF le mardi 21 novembre dernier. Ce n’est que le lendemain que j’ai décidé de la rendre publique pour prendre l’opinion nationale et internationale à témoin. Cette initiative a été prise pour des raisons évidentes.

L’Assemblée nationale qui est à la solde de l’exécutif reproduit les mêmes dérives totalitaires pour museler les droits des députés de l’opposition et notamment du SDF. A titre d’illustration, sur 22 questions orales que j’ai adressées aux membres du gouvernement, quatre (04) seulement ont été programmées. Sans compter les six (06) propositions de loi qui sont restées sans suite notamment la proposition de loi relative à la camerounisation des postes de directeurs généraux des entreprises stratégiques déposée au cours de la session de juin 2010 et qui n’a même pas encore franchi la première étape de la recevabilité par la Conférence des présidents en violation de l’article 27 alinea 3 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui stipule sans équivoque que « lorsque, à l’issue de deux sessions ordinaires, une proposition de loi n’a pu être examinée, celle-ci est de plein droit examinée au cours de la session ordinaire suivante ». Le délai réglementaire arrivait à terme à la session de mars 2011. Nous en sommes à la cinquième après le délai et toujours pas de suite réservée à cette proposition de loi. Dans ces conditions, j’ai estimé que je suis légitimement fondé de faire porter ma voix par la presse.

Au demeurant, je n’ai pas vocation, durant mon mandat à l’Hémicycle, à écrire des berceuses pour aider à faire dormir les tenants du conservatisme. La sortie du Secrétaire général de l’Assemblée nationale, à la suite de son patron qui m’a adressée une correspondance sur ce sujet en date du 23 novembre 2012 (voir fac-similé), participe d’une manœuvre pathétique de diversion. Le problème de fonds est que le chef du gouvernement doit répondre aux préoccupations républicaines contenues dans mes questions orales. Il est précisément question de démêler les écheveaux sur cette affaire de délit d’initié qui implique le fils du Chef de l’Etat et son entourage familial, d’apporter des « justifications » sur l’indolence voire la passivité des institutions de lutte contre la corruption et les détournements de deniers publics (la Conac, l’Anif, la Chambre des comptes, le ministère délégué à la présidence en charge du contrôle supérieur de l’Etat) et surtout de d’expliquer le ponce pilatisme du Tribunal criminel spécial qui, en refusant depuis la publication de cette affaire d’ouvrir une information judiciaire conformément à la loi la créant, a délibérément décidé de se murer dans un silence assourdissant et inquiétant pour la République. Tout le contenu du communiqué n’est que mensonge d’Etat sur fonds d’enfumage destiné à détourner de l’essentiel le peuple qui n’est du pas dupe.


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Photo: © J.-M. N.


Honorable Jean Michel NINTCHEU
Député à l’Assemblée nationale



28/11/2012
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