« Pays mort » pour corser le bras de fer

« Pays mort » pour corser le bras de fer
(L'Observateur Paalga 18/01/2011)


L’actualité ces derniers jours aura été marquée par la fuite de l’ex-président Ben Ali, le premier dirigeant arabe contraint de quitter le pouvoir sous la pression de la rue. Un événement historique dont les échos raisonnent encore à travers le monde, reléguant d’autres actualités au second rang de nos préoccupations. Et le feuilleton de la crise ivoirienne est loin de faire l’exception.

Mais comme les faits ont la réputation d’être têtus, voilà que le bras de fer engagé depuis la présidentielle du 28 novembre dernier entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara refait surface après que la révolution tunisienne lui a volé la vedette.

C’est en effet aujourd’hui, mardi, que débute la grève générale dont le mot d’ordre a été lancé par le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), fidèle à Alassane Ouattara. Cette opération « pays mort » devrait s’étendre à l’ensemble du pays et ce « jusqu’à ce que Laurent Gbagbo reconnaisse sa défaite et quitte le pouvoir ».

En somme, rien de neuf sous les cieux ivoiriens, qui avaient déjà connu des mouvements similaires ayant connu des fortunes diverses. On se souvient en effet du succès mitigé de l’appel à la grève générale décrété du 27 au 30 décembre dernier.

Cette fois, l’opération lancée par le camp Ouattara s’inscrit dans un contexte où le ballet de médiateurs s’intensifie tandis que la menace d’une option militaire « est toujours sur la table », si l’on en croit James Victor Gbeho, président de la Commission de la CEDEAO.

Une option qui n’est pas pour décourager les efforts déployés tous azimuts pour renouer le fil du dialogue entre les frères ennemis d’Abidjan. Il faut dire que cette nouvelle opération « pays mort » coïncide avec l’arrivée du médiateur de l’Union africaine, le Premier ministre kényan Raila Odinga.

Un arbitre supplémentaire venu raviver le peu d’espoir qui subsiste encore quant à l’issue de la crise. Cette mission, rappelons-le, s’inscrit dans la suite d’une première visite infructueuse en début janvier. Mais au point où les choses en sont, il y a peu d’espoir de voir cette nouvelle ambassade parvenir à un quelconque résultat, surtout après les appels à l’usage de la force que ne cessent de lancer les premiers responsables du gouvernement retranché à l’hôtel du Golf.

Reste à se demander ce que nous réserve la journée d’aujourd’hui. La situation en Côte d’Ivoire est donc, plus que jamais, bloquée et l’on se demande si le sort du bras de fer engagé le 28 novembre dernier se jouera dans le ballet diplomatique ou dans les instances militaires sous-régionales.

Raila Odinga, lui, estime en bon diplomate, que la force doit être une solution de « dernier recours ». Mais, pour l’heure, la question qui se pose est celle de savoir quel sera l’impact du mot d’ordre du camp ADO. Est-ce que l’opération « pays mort » sera un réel succès qui consacrera sur le terrain la légitimité de la République du Golf hôtel, ou plutôt un échec à l’échelle du pays, ce qui apportera du levain à la pâte du boulanger.

H. Marie Ouédraogo

© Copyright L'Observateur Paalga



18/01/2011
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres