A Dakar : « Wade, il vous arrivera ce qui arrive à un dictateur »

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A Dakar : « Wade, il vous arrivera ce qui arrive à un dictateur »
(Rue 89 28/01/2012)


(De Dakar) Des émeutes ont éclaté vendredi soir au Sénégal, alors que le Conseil constitutionnel a validé la candidature à la présidentielle d'Abdoulaye Wade, l'actuel président sénégalais. Une candidature pourtant jugé contraire aux règles de la constitution du pays, selon l'opposition et la société civile.


Un opposant arrêté samedi

Alioune Tine, un des responsables du Mouvement du 23 Juin et président de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme, a vu son domicile perquisitionné avant d'être arrêté par la direction des investigations criminelles.

Youssou Ndour, la star internationale de la chanson, s'est vu quant à lui refuser le droit de se présenter le 26 février, faute d'un nombre suffisant de signatures d'élus.

Ce matin, le calme était revenu à Dakar. La veille, peu après 21 heures, l'annonce de la validité de la candidature d'Abdoulaye Wade a parcouru la foule rassemblée la place de l'Obélisque, dans le quartier populaire de Colobane, à Dakar.

Un policier tué dans les affrontements

Des milliers de manifestants étaient venus protester contre la candidature du président sénégalais, au pouvoir depuis 2000 et qui se représente pour un troisième mandat.

La nouvelle a tout de suite provoqué des mouvements de foule, tandis que des dizaines de policiers anti-émeutes ont chargé, lançant des grenades lacrymogènes et se servant de canons à eau.

Les manifestants ont riposté, jusqu'au milieu de la nuit, en jetant des pierres vers les forces de l'ordre et en brûlant des pneus sur la chaussée. Lors des émeutes, un policier a été tué selon le ministère de l'intérieur.

Dans plusieurs quartiers de Dakar, les routes étaient barricadés avec des feux et des grosses pierres. On pouvait entendre des manifestants crier « le pays est à feu et à sang, il faut que Wade dégage ! ». Les villes de Thiès, Kaolack et Mbour ont également connu des manifestations.

Tard dans la soirée, le Mouvement du 23 Juin, coalition des forces d'opposition, a lancé un appel à marcher aujourd'hui vers le palais présidentiel. Appel qui est pour le moment en suspens.

Un mot d'ordre devrait être donné ce samedi ou dans les jours qui viennent. « Les leaders de l'opposition doivent se rencontrer aujourd'hui pour décider des actions à mener », précise Abdoul Aziz Diop, un des responsables.

« Répondre à la violence par la violence »

Du côté de la présidence, Amadou Sall, le directeur de campagne du président sénégalais, demande au camp d'en face « d'être raisonnable et démocratique », tout en assurant : « Je ne vois pas pourquoi la candidature de Wade ne serait pas maintenue, nous sommes dans une démocratie. »

Vendredi, pendant la manifestation, les candidats de l'opposition martelaient le même discours : « Nous sommes prêts à aller jusqu'au bout et nous répondrons à la violence par la violence. »

Macky Sall, ancien premier ministre d'Abdoulaye Wade, haranguait ainsi la foule :


« Si vous persistez à vous présenter il vous arrivera ce qu'il arrivera à un dictateur. Il faut défendre la rue, la République et la constitution. Nous sommes prêts à payer le prix qu'il faut. »

Pour la première fois dans l'histoire politique du pays, une mission d'observation de l'Union européenne, composée de 90 observateurs, est à Dakar pour surveiller la campagne et le scrutin.

C'est par ailleurs la délégation de l'Union européenne au Sénégal qui a organisé la médiation avec le gouvernement sénégalais pour que les manifestations de vendredi soient finalement autorisées.


(Julien Tack




Fontaine Aurélie | Journaliste

Mis à jourle samedi 28 janvier 2012 à 16h06


29/01/2012
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