8e Congrès ordinaire du SDF: Fru Ndi tance l’organisation

DOUALA - 15 OCT. 2012
© Le Messager

A quelques heures de l’ouverture du congrès, les nerfs de John Fru Ndi étaient à fleur de peau

8e Congrès ordinaire du SDF: Fru Ndi tance l’organisation

A quelques heures de l’ouverture du congrès, les nerfs de John Fru Ndi étaient à fleur de peau.

Le leader du Social democratic front (Sdf) était dans tous ses états jeudi 11 octobre 2012. Lorsqu’il débarque pour la énième fois vers 11h au siège de son parti, situé non loin du palais de Congrès de Bamenda, lieu retenu pour les assises du 8e congrès ordinaire du Sdf, John Fru Ndi a les nerfs à fleur de peau. Visage froissé, regard peu amène, il apostrophe une dame postée à l’entrée du bâtiment : « Qu’est-ce que tu fais là ? Tu bloques le passage ». Le leader du Sdf est mécontent. Et pour cause, jusqu’à cette heure-là, ni la ville de Bamenda, ni le palais de Congrès et encore moins le siège du Sdf, ne donnent l’impression qu’un évènement d’envergure va s’y tenir. Pourtant, chacun s’active. Mais pour quel but ? Le président régional du Sdf pour le Nord-Ouest, Evariste Njong, accuse Aes-Sonel d’avoir coupé la fourniture de l’énergie électrique dans la ville. Qu’est-ce que la décoration a à avoir avec le délestage ? Un alibi qui ne tient pas la route et qui démontre le degré d’impréparation de nombreuses commissions dont celui de la décoration.

Une situation qui a eu pour conséquence le retard dans le démarrage des activités : d’abord au meeting de lancement du congrès jeudi 11 octobre au stade municipal de Bamenda. Annoncé pour 14 heures, c’est finalement à 17 heures que le leader du Sdf a fait son entrée au stade pour un meeting-marathon. Pour s’en excuser, Evaristus Njong dira qu’il a rencontré le gouverneur de la région du Nord-Ouest pour se plaindre contre cette coupure et que ce dernier lui a donné toute l’assurance qu’il va plaider auprès des responsables de Aes-Sonel afin qu’ils rétablissent la fourniture de l’énergie. Malheureusement, ce n’est qu’autour de 18h que la lumière a été rétablie. Pour le Sdf, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un sabotage. La soirée culturelle prévue à 20h a été simplement annulée « faute de moyens », selon le responsable régional du Sdf pour le Nord-Ouest. Le même scénario de retard a été observé vendredi. C’est à 13h que le chairman a fait son entrée dans la salle des travaux, pourtant il était annoncé pour 9h. Son discours de politique générale a été reporté pour samedi.


Défense de la vérité

John Fru Ndi a placé son discours de bienvenue sur ce qu’il a appelé « la défense de la vérité ». Pour le leader du Sdf, la vérité, c’est ce qui est rigoureux, juste, précis et qui cadre avec la réalité. « Nous nous sommes efforcés d’être rigoureux. Nous avons aussi été réalistes et le temps nous a donné raison. Nos activités ont montré à suffisance que l’objet de notre combat n’était que la recherche de la vérité. Que nous sommes prêts à mourir parce que nous croyions en la vérité ; parce que nous aimions la vérité. Nous avons marché et défilé au nom de la vérité. Nous avons cru en la vérité parce que Dieu est Vérité et c’est ce que nous avons proclamé dans tous les coins du Cameroun ». Selon le chairman du Sdf « la vérité nous a protégés, elle nous a guidés ! Et c’est elle, la vérité, qui nous libèrera. On nous a empêchés de rechercher la vérité. Mais par votre fermeté, votre forte volonté de puissance, votre détermination et vos sacrifices vous avez montré que vous étiez prêts à mourir pour la vérité. Vous l’avez déjà fait, et plus que jamais auparavant, vous êtes disposés et déterminés à vous sacrifier encore davantage ».

Il a jeté un regard rétrospectif sur le parcours du Sdf de sa création jusqu’à nos jours ; les différents écueils du parcours. Le leader charismatique croit savoir que chaque lutte pour le changement a une histoire. « De même, chaque combattant pour la liberté a une histoire à raconter. Oui, chacun de nous en a une ! Dans mes archives figurent une paire de chaussures, un pantalon, un corsage. J’espère que ceux qui les ont abandonnés ont pu survivre pour pouvoir raconter leur part de vérité. Les manifestations de rue ont cessé, ou plutôt, nous les avons transportées vers les planchers des mairies et ceux de l’Assemblée nationale ».


Biométrie frelatée

Sans détours, John Fru Ndi s’est offusqué du fait, dénonçant la gabegie et autres formes de détournement et corruption dans les sphères de prise de décision au sommet de l’Etat, « on nous demandait des preuves, la vérité a surgi et aujourd’hui, il y a plus de ministres en prison qu’en liberté […] Il a fallu à ceux qui passent leur temps à exiger des preuves 20 ans pour voir ce que nous avions vu 20 ans plus tôt. Nous avons alerté les Camerounais sur la fuite des capitaux, l’évasion des cerveaux, la corruption et les détournements des fonds publics. Nous a-t-on cru ? Toujours est-il qu’aujourd’hui, il y a plus de ministres en prison que dans le gouvernement ». Il n’est pas allé du dos de la cuillère pour réprimander les maires de son parti aujourd’hui en taule pour soupçon de détournement «ils ont commencé à demander : qui est Fru Ndi ? ». Le chairman a également ressassé les cas d’application du non moins fameux article 8. 2 qui pour lui, n’avait pour but que de discipliner les militants trempés dans les activités antiparti. Cependant, « nous nous sommes vite ressaisis et nous sommes réconciliés, sans toutefois perdre de vue que la démocratie, ce n’est pas l’anarchie. Nous avons pardonné quand c’était opportun. Mais encore aujourd’hui, nous avons des vestiges de ces rabat-joie qui continuent à demander : « Qui est Fru Ndi » ? Les vestiges de ceux-là qui se demandent si nous sommes encore dans « ce machin » en parlant du Sdf. Et rappeler en guise de fierté « Si ! Nous sommes encore dans le Sdf. Nous sommes encore dans ce « machin » qui nous a apportés l’honneur et la dignité, malgré les multiples embûches qui jonchaient la route ». Il s’est versé dans l’énumération d’un certain nombre d’actions menées au cours des 22 ans d’existence du parti de la balance pour améliorer la démocratie camerounaise. « Nous avons marché pour exiger les urnes transparentes : Les urnes octroyées n’ont pas assuré la transparence. Nous avons défilé avec des ordinateurs pour exiger l’informatisation du processus électoral : Nous avons plutôt eu droit à l’informatisation de la fraude électorale. Nous avons exigé la biométrie et celle qu’ils nous ont servie était frelatée. Nous avons exigé une Commission électorale indépendante : en lieu et place, nous avons eu droit à l’installation d’une section du Rdpc avec des démembrements régionaux »

Les inondations au grand Nord, à l’Est et dans le Nord-Ouest n’ont pas manqué dans l’escarcelle de ses récriminations. Et John Fru Ndi rend le pouvoir en place responsable de ce désastre « Nous avons décrié la déforestation sauvage et avons demandé aux Camerounais de dire adieu à notre bois que l’on convoyait vers le port. Aujourd’hui, nous déplorons les inondations, la sécheresse, les changements climatiques et contraints de courir partout pour planter des arbres, même en pleine saison sèche » Toutefois, il a réitéré son engagement et celui de son parti à ne pas faillir, malgré ces écueils de parcours.

Déjà, Evaristus Njong, président regional du Sdf a rappelé à la gouverne de tous que « le Cameroun n’est pas une propriété privée d’une poignée d’individus radins et avides du pouvoir ». Pour lui, les prochaines consultations politiques seront l’occasion de tester et de renouveler « l’engagement et la détermination » des militants vis-à-vis du Sdf. Dans cette veine, il a invité les militants et sympathisants du Sdf à s’inscrire massivement sur les listes électorales, de voter et de défendre leur vote sans peur le moment venu.

Donat SUFFO



Discours de politique générale: Fru Ndi s’attaque au BIR

Devant plus de 3000 personnes, le leader de l’opposition a dénoncé les divisions dans l’armée et a taxé cette unité d’élite de force privée.

C’est très rarement que les hommes politiques camerounais abordent des questions liées à la sécurité des personnes et des biens et à la défense du triangle national. Ni John Fru Ndi, président national du Sdf, a rompu avec cette attitude samedi 13 octobre lors de son discours de politique générale à la tribune du palais de Congrès de Bamenda. « Non seulement l’incapacité du régime de maintenir l’ordre public fait vivre les citoyens chaque jour dans la peur, mais encore, elle fournit à de groupuscules incontrôlables un terrain fertile pour commettre des crimes et semer la terreur.

Ceci se vérifie par la recrudescence des coupeurs de routes, des attaques publiques, des prises d’otages sur presque toute l’étendue du territoire et la présence présumée du Boko Aram dans la partie septentrionale de notre pays », souligne-t-il. Pour le leader de l’opposition, cette dérive est assez prononcée. Malaise sécuritaire autant inquiétante que le libraire de Bamenda indique que « l’armée elle-même est divisée et aussi au bord de l’implosion », car poursuit le leader politique « depuis l’indépendance le régime n’a pas pu mettre un seul général à la retraite, frustrant ainsi le corps de jeunes officiers supérieurs qui voient leur carrière compromise et bloquée. Sous la menace pressante d’essuyer une insurrection armée, le régime s’est enfin résolu à recourir aux services de mercenaires. » Courroucé par une telle situation, Fru Ndi qualifie le Bataillon d’intervention rapide (Bir) de « force armée privée, mieux équipée, mieux entretenue et mieux payée que l’armée régulière ». Ce qui pour l’homme du 26 mai 1990 ne pourrait engendrer encore plus de frustrations et de déceptions dans les rangs des forces armées nationales. Et là, le patron du Sdf ne manque point d’établir un parallèle entre cette incohésion de l’armée et l’effritement ou la non-consolidation de l’unité nationale au Cameroun. « Notre fragile unité nationale paralysée par le tribalisme et le népotisme ne tient encore que parce que le peuple a été émasculé. Le régime se sent à l’aise dans cet équilibre instable parce qu’il offre à l’extérieur une apparence de stabilité. Il n’a pas toujours compris que l’absence de guerre ne signifie pas nécessairement qu’on est en paix », analyse John Fru Ndi. Et de conclure : « En février 2008, les jeunes camerounais se sont levés pour protester contre la faim, l’injustice sociale endémique, la modification de la Constitution pour supprimer le verrou de la limitation du mandat présidentiel, et l’absence de perspectives. Le régime y a répondu avec la violence qui le caractérise, tuant 148 enfants innocents et emprisonnant plus de 2000 au terme d’un simulacre de procès. »Au nom du respect de la vérité, de l’engagement et de la détermination, les militants et cadres du Sdf entendent remettre les pendules à l’heure au sortir de cette convention.

Guy Modeste DZUDIE, à Bamenda



15/10/2012
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