30 ans au pouvoir - Projets structurants: Parades autour des poses de premières pierres

DOUALA - 06 NOV. 2012
© Le Messager

Pour continuer à endormir le peuple camerounais, Paul Biya est subtilement passé des« grandes ambitions » aux « grandes réalisations », sans pour autant poser des actes concrets en vue d’améliorer les conditions de vie de ses compatriotes. Malgré les annonces à grands renforts de publicité des cérémonies de pose de premières pierres pour la réalisation des projets structurants, les travaux piétinent.


Paul Biya: Pose de la premiere pieere a Lom Pangar
Photo: © PRC


Projets structurants: Parades autour des poses de premières pierres…

Pour continuer à endormir le peuple camerounais, Paul Biya est subtilement passé des« grandes ambitions » aux « grandes réalisations », sans pour autant poser des actes concrets en vue d’améliorer les conditions de vie de ses compatriotes. Malgré les annonces à grands renforts de publicité des cérémonies de pose de premières pierres pour la réalisation des projets structurants, les travaux piétinent. Le peuple s’impatiente et attend une sortie du tunnel. Et cela dure depuis 30 ans aujourd’hui.

« Cérémonie de pose de la première pierre ». Cette phrase est désormais dans toutes les bouches. Avec la bénédiction des médias à capitaux publics. Elle est même devenue une formule consacrée. Parce que le Roi Biya a entrepris, après avoir appauvri son peuple pendant près de 30 ans, de placer le mandat en cours sur le slogan des grandes réalisations. Mais ces grandes réalisations qui devraient se manifester sur le terrain par la montée en puissance des projets structurants, ne se résument ni plus ni moins, qu’aux cérémonies de pose de premières pierres à n’en point finir. Pis, après le passage du chef de l’Etat sur le terrain pour ces grandioses cérémonies aux budgets faramineux, les informations qui en proviennent ne rassurent pas. Le 25 juin 2012, Paul Biya se rend à Nyabizan dans la région du Sud. Il y procède à la cérémonie de pose de la première pierre de construction du barrage hydroélectrique de Memve’ele. Son show est retransmis en direct sur les antennes de la télévision nationale. Une interruption de diffusion de quelques minutes liée à des problèmes techniques suscite le courroux de Martin Belinga Eboutou, le directeur du cabinet civil, qui sert une demande d’explication à Amadou Vamoulké, le directeur général de la Cameroon radio and television (Crtv). Le projet doit coûter un peu plus de 420 milliards Fcfa. Mais le Cameroun ne doit apporter qu’une contribution de 65 milliards Fcfa. Parmi les actions à mener avec cette enveloppe, figure en bonne place le bitumage du tronçon de 90 kilomètres reliant Nyabizan et Meyo Centre. Bien que lancée depuis 2010, cette route n’est toujours pas achevée le 25 juin 2012, lors de la cérémonie de pose de la première pierre. Cela rend d’ailleurs l’accès au site extrêmement difficile aux invités de marque, stoppés net dans leur voyage par une boue d’une épaisseur rare.

Nos sources sur place à Memve’élé indiquent même que cet axe n’est toujours pas accessible jusqu’à ce jour. De même, la légèreté des autorités chargées de distribuer les frais d’indemnisation a occasionné les assassinats de trois personnes dans cette localité. Dans la même logique, un mouvement d’humeur des autochtones se sentant abusés a été étouffé dans l’œuf par les éléments des forces de défense mobilisés par milliers sur le terrain. Parce que le Programme d’accompagnement socio-économique qui a pour but de faire bénéficier aux populations riveraines des retombées du projet ( Electrification rurale, hydraulique villageoise, améliorations des conditions de vie par des activités génératrice de revenus, etc.) n’a pas été respecté. A cette allure, l’on est en droit de se demander si ce projet ira jusqu’à son terme. Alors qu’il devrait satisfaire les besoins actuels et futurs du Cameroun qui s’est donné pour objectif de porter sa production d’électricité à environ 2000 Mw à l’horizon 2015.

C’est d’ailleurs le même son de cloche à Lom Pangar dans la région de l’Est, il y a quelques jours, Le Messager annonçait une grève stoppée de justesse sur le site de cet autre barrage. Les employés de la société chinoise chargée de construire le barrage, exigent toujours un meilleur traitement salarial.

Pourtant, le chef de l’Etat avait, le 3 août dernier, lors de la cérémonie de pose de la première pierre pour la construction de ce barrage, rassuré l’opinion sur la sérénité dans la conduite des travaux. Il y a quelques semaines, le directeur de Electicity development corporation (Edc) annonçait à 40% le niveau de réalisation des travaux de Lom Pangar. Mais cette annonce ne peut convaincre que ceux qui y croient, en ce sens que jusqu’ici, aucun mot n’est dit sur le niveau de réalisation des travaux préalables dont la construction de l’axe Bertoua-Lom Pangar, toujours pas bitumé jusqu’ici. Pourtant, Lom Pangar est un barrage-réservoir d’une contenance de 6000 milliards de m3 d’eau. Il s’agit d’un projet qui va aider à régulariser le débit du fleuve Sanaga sur lequel le Cameroun a déjà construit deux barrages hydroélectriques à Edéa et à Songloulou. Avec ce barrage, la capacité de production de ces derniers va augmenter de 170 MW sans investissement supplémentaire. Mais le mépris avec lequel les employés sont traités sur le terrain risque de mettre un bémol sur le projet. L’incendie (criminel ?) ayant dévasté la maison du maître d’ouvrage de ce barrage est un signal fort.

Un peu plus tôt, vendredi 19 mars 2010 pour être plus exact, le Premier ministre procédait à la cérémonie de pose de la première pierre de la centrale thermique à gaz de Kribi, d’une capacité de 216 mégawatts. Plus rien n’a jamais été dit sur cet autre projet. Finalement, Paul Biya nourrit le peuple camerounais d’un espoir utopique de vivre dans une société moderne. «…La pénurie d’électricité a eu également pour conséquence de rendre insupportable la vie quotidienne d’une grande partie de notre population. Mais les délestages, parfois prolongés, ont également perturbé le fonctionnement de l’administration, des services sociaux, tels que les hôpitaux, et même des organismes de sécurité. Quand ils n’ont pas provoqué des pertes en vies humaines et des dégâts matériels.

Certes, ces interruptions de courant électrique n’ont hélas pas disparu
mais l’espoir apparaît enfin de doter notre pays d’une fourniture d’énergie à la
mesure de ses besoins…» Avait-il marmonné à Memve’ele. Mais on, on, on attend…

Joseph Flavien KANKEU


Exploitation sans fins des ressources minières: L’autre complot contre le peuple

Au rang des griefs que les populations gâtées par un énorme potentiel en Energie, mines (fer, bauxite, cobalt, diamants, alumine…) portent sur le régime du Renouveau, il y a surtout cette méfiance liée à l’exploitation des minerais : or, fer, cobalt, nickel et demain, le diamant.

A Mobilong, ce sont les Coréens de la société : « Cameroon and Korea mining incorporation », qui font la pluie et le beau temps. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, dans la région de l’Adamaoua, c’est l’entreprise Cameroon alumina limited (Cal), qui est dans la bataille, avec les mêmes intentions de filouterie et de tromperie sur le peuple. Alors que le pays regorge d’importantes ressources minières, il s’observe, une instabilité séculaire, dans le secteur à problèmes de l’artisanat minier qui connaît une cohorte de dérapages et un vaste déploiement des trafiquants véreux. Trois décennies durant, malgré des richesses agricoles, pastorales, fauniques ; du sol et du sous-sol, en quantités importantes, le Cameroun croupit dans la pauvreté. Dans certaines de ses contrées, des populations font pipi sur les ressources minières et forestières, sans en profiter. Marquons ainsi un temps d’arrêt sur le mauvais partage des retombées générées par l’exploitation anarchique du bois et surtout, des craintes et la méfiance liées à l’exploitation des minerais : or, fer, cobalt, nickel, chrome, manganèse, cuivre bauxite, étain, diamant… Depuis des lustres, des projets allant dans l’exploitation de ces ressources, ont été lancés. Hélas ! Le chef de l’Etat, Paul Biya et ses affidés avec lesquels il gouverne, dans une espèce de duperie latente ont allumé les braises de la contestation ; en restant muets et en fermant les yeux sur les doléances.
Blessées, les voix des populations qui s’élèvent sur le terrain, n’ont de cesse de demander une meilleure répartition des retombées générées par l’exploitation des ressources minières et énergétiques. Entre espoirs et désillusions, colères et lassitudes, les populations craignent que leurs pleurs, ne soient jamais entendus. Au cœur de la cité du diamant de Mobilong par exemple, le niveau d’enclavement et la difficulté d’accès donnent au site du gisement de diamant, l’allure d’une belle omelette dans un plat sale. Et pourtant, avec la découverte par la société : « Cameroon and Korea mining incorporation » (entreprise qui exploite déjà l’or dans la région), du plus grand gisement de diamant du monde, dans le site de Mobilong, département de la Boumba et Ngoko (on parle de 766 millions de carats), les populations de la « Cité du diamant » ont à peine ouvert l’œil que le Renouveau qui les nourrit des tartufferies, et des promesses non tenues, par l’estampille de son chef, le président de la République Paul Biya, a signé le 16 décembre 2010, le décret n° 2010/374, portant institution d’un permis d’exploitation minière valable pour diamant et substances connexes dénommé « Mobilong ».

Le permis d’exploitation « Mobilong », d’une période de validité de 25 (vingt-cinq) ans renouvelable d’au moins dix ans chacune, confère l’exclusivité de l’exploitation minière à la société : « Cameroon and Korea mining Incorporation », ci-après désignée la société C& K Mining, Bp 550, Bertoua. Le gisement de diamant est dans une zone comprise entre Yokadouma et la Rca (à deux Km de la frontière avec la République centrafricaine). Les villages riverains où la prospection est passée sont Mang, Massendo, Mpaoh, Mboye I et II… En allant dans la forêt du Sud – Est, vers le côté de Libongo. D’accès difficile, le préfet a demandé à la société coréenne d’ouvrir les routes, pour faciliter le développement du site n’est qui toujours pas encore viabilisé ; malgré les vastes dégâts causés par une vaste déforestation.


Perspectives noires et sombres


L’avenir du Cameroun, peut-on le dire est dans le secteur minier. La région de l’Est par exemple, regorge de plusieurs potentiels miniers. Une lecture panoramique des différentes ressources et richesses minières qu’on retrouve dans son sol et le sous-sol donne des frémissements. Commençons par l’or dont les grands bassins sont : les localités de Betare’Oya, Bidiba, Colomine, Kika, Bekie, Keté et Batouri… Il y a le diamant dans la localité de Béke, du côté de Batouri, et Biki dans l’arrondissement de Yokadouma. Le grand et plus important gisement de diamant se trouve dans la localité de Mobilong à Yokadouma. La région de l’Est est également féconde de par la présence du cobalt et le nickel à Nkanmouna (Lomié). Il faut préciser qu’il y a plusieurs gisements de nickel, cobalt et manganèse à Lomié. Mais pour l’instant, il n’y a que sur le site de Nkanmouna, que l’exploitation est en phase de démarrage. A ces richesses minières, il faut intégrer le fer de Mbalam ; un important gisement dont l’exploitation pourrait aller jusqu’à 100 ans, selon l’avis des experts miniers. Les exploitants faut-il le souligner, sont des capitalistes à la recherche du bénéfice. Lorsque, les nationaux (comme c’est le cas au Cameroun) lui prêtent leur concours de manière sauvage pour l’aider à piller les ressources et le sous-sol, c’est la pire des attitudes. S’ils appliquaient (les intermédiaires et les services techniques administratifs) tout ce qu’il y a dans le cahier de charges, chacun tirerait son compte et il n’y aurait pas autant de frustrations. Les emplois qui devaient en premier lieu nous profiter, ne sont pas visibles par les riverains. On assiste à une sorte de complaisance et d’affairisme qui sont telles que, le cadre, l’agent recruteur qui viennent d’ailleurs amènent leurs petits frères, cousins, amis etc. Le pillage anarchique des ressources minières se fait au détriment des attentes. Par conséquent le chômage et le sous-développement continuent de faire leur lit dans les régions. Tous les textes de loi sont foulés aux pieds. Bénéficiant de l’arbitrage partial des autorités, il n’y a que l’exploitant qui s’en tire à bon compte. Il existe un véritable paradoxe entre le potentiel minier et le niveau de pauvreté de certaines populations de l’Est Cameroun, s’agissant surtout de l’exploitation de l’or. Depuis l’année 2005, l’on avait pensé que l’Etat du Cameroun a compris qu’il fallait amener les populations à une prise de conscience ; même qu’il a été question de mettre fin à l’exploitation de l’homme par l’homme. L’Etat camerounais a mis en place, le Capam. Cette structure qui est le bras opérationnel de l’Etat sur le terrain à travers le ministère des Mines, de l’industrie et du développement technologique (Minimidt) a réussi à regrouper les artisans en "Gicamines" qui travaillent avec des partenaires étrangers. Par ce fait, nous avons mécanisé l’exploitation minière, en intégrant les machines. La pénibilité en est diminuée. Grâce à cette méthode de la mécanisation, l’Etat camerounais commence à engranger des bénéfices générés par l’exploitation de l’or. Chaque mois, les exploitants viennent payer la taxe « Advalorain », issue de l’exploitation de l’or. Dans le même ordre d’idées, nous reversons le fruit de ces taxes, au trésor public. Les choses sont en train de changer positivement. Nous allons poursuivre dans la mécanisation, car avec cette méthode, l’Etat du Cameroun gagne beaucoup et peut enfin avoir droit à sa part.

Souley ONOHIOLO



08/11/2012
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