2nd Pont sur le Wouri: La France gagne, la Chine exécute

Yaoundé, 18 Novembre 2013
© Denis Nkwebo | Le Jour

La construction du deuxième pont du Wouri est un marché attribué à des entreprises françaises, mais qui sera effectivement l'œuvre des Chinois.

Si tout se passe bien, c'est sur un nouveau pont que les usagers vont traverser le fleuve Wouri d'ici 2017. En effet, au meilleur des cas, le nouvel ouvrage dont la pose de la première pierre a attiré une foule d'officiels camerounais et étrangers ne sera opérationnel que dans 44 mois, à compter de novembre 2013. Entre-temps, bien des choses pourront toujours se passer: Les sceptiques tirent argument de la réfection par une nébuleuse de l'ancien pont à hauteur de 13 milliards de francs CFA dont 7,8 milliards débloqués par l'Agence française de développement. En juin 2003, le groupement Udecto/Etic international est officiellement à l'ouvrage. Udecto, entreprise de travaux publics enregistrée probablement au Togo, ne dispose d'aucune expertise, et abandonne les travaux au sous-traitant Etic International. Les travaux durent alors 28 mois.

Le nouveau pont sur le Wouri, qui va être réalisé pour 120 milliards de francs CFA, n'échappe pas au même schéma. Des études d'opérateurs chinois avaient abouti sur une proposition forte: un pont pour un coût de 65 milliards de francs, ne devant pas déboucher sur un cul-de-sac, comme l'ouvrage aujourd'hui lancé par le pool constitué de Sogea-Satom (groupe Vinci), Lavigne Chevron, Eiffage, Greisch et Soletanche Bachi. La partie française, qui va financer le pont à hauteur de 86 milliards de francs CFA, a réussi, par un tour de passe-passe, à imposer les entreprises françaises comme attributaires de fait du marché. Pour que les autorités camerounaises s'entendent dire, après coup, que l'ouvrage sera réalisé, en sous-traitance par des ingénieurs chinois. La conséquence de cette cavalerie, à la fois technique et financière, est que les entreprises françaises vont engranger une importante marge financière, sur un prêt que le Trésor camerounais doit rembourser.

L'inquiétude est que le groupement annoncé s'efface dans les prochains mois, au profit des Chinois. Surtout qu'il se dessine à l'horizon, la question de la ressource humaine locale sur le chantier. 550 emplois sont annoncés, toutes catégories confondues, sur toute la durée des travaux. Dans une sortie récente, le Cameroon People's Party (Cpp) a soulevé la question du respect des travailleurs qui seront recrutés dans le cadre de ces travaux. L'expérience des chantiers du port en eaux profondes de Kribi, du barrage de Lom Pangar illustre le bourbier social en préparation. Sur le pont du Wouri, on attend mieux que 550 manœuvres.


19/11/2013
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