1er ANNIVERSAIRE DES « GRANDES REALISATIONS » : Une célébration que le Rdpc a volontairement ignoréé

Cameroun - 1er ANNIVERSAIRE DES « GRANDES REALISATIONS » : Une célébration que le Rdpc a volontairement ignorééSi déjà les « grandes ambitions » n’étaient qu’une utopie, il ne fallait pas s’attendre à ce que d’une chèvre naisse une panthère. Malgré les poses de premières pierres aux allures folkloriques, cette distraction ne peut faire oublier qu’un projet n’est réalisé que lorsqu’il est réceptionné. C’est ce que les Camerounais attendent, même s’il est vrai, comme le claironne  le porte-parole du gouvernement, que « notre temps n’est pas celui de Paul Biya.  

Des sept années que compte l’actuel mandat de Paul Biya à la magistrature suprême, il n’en reste plus que six, qui ne sont d’ailleurs plus si éloignés. Et pour une fois, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais(Rdpc) a eu raison de se cacher, pour ne pas attirer l’attention de ses contradicteurs sur le compte à rebours des « grandes réalisations » qui a déjà commencé. «Le Cameroun sera un grand chantier dès janvier 2012 », annonçait au lendemain de sa  victoire, le président Paul Biya réélu pour un nouveau mandat. Il faisait ainsi référence à son programme baptisé les « Grandes Réalisations». Un an après, à la place des grands chantiers, on en est encore aux poses de premières pierres, dont la toute première a eu lieu au mois de juin, soit huit mois plus tard.

Contrairement à ce qu’il avait dit lors de sa prestation de serment le 3 novembre 2011, lorsqu’il affirmait que « l’heure est à l’action », c’est pratiquement l’inaction et l’immobilisme au sommet, où on est plus intéressé par la succession ou le maintien à la mangeoire. Du moins, pour ce qui est de certains grands projets structurants. Et le constat est d’autant plus grave quand on se rend compte que ce n’est pas seulement du fait du gouvernement ou des partenaires, mais aussi de Paul Biya en personne.

Si c’est en 2004, c’est-à-dire après 22 ans au pouvoir qu’il a enfin pensé à des ambitions, fussent-elles grandes, il y a des raisons d’être surpris quand on sait que partout ailleurs ce sont effectivement des grandes ambitions qui amènent les gens à prendre le pouvoir. Cette politique où c’est le pouvoir qui fait naître des ambitions ne pouvait que conduire à la navigation à vue. Et les termes aussi vides, sans la moindre consistance, étaient bien là pour le démontrer: « l’homme du 6 novembre », « rigueur et moralisation»( qui sont devenus des sobriquets), « l’homme-lion », « le meilleur choix », et surtout « Paul Biya toujours gars» qui est le refrain du meilleur chant de ralliement qu’a pu trouver un parti au pouvoir, qui se dit sérieux. A titre de rappel, cette chanson est reprise même par des sexagénaires, pour la gloire de leur « créateur », afin qu’il soit éternel au pouvoir.

Et le slogan des « grandes ambitions » dont on n’est bien en peine de faire ressortir les grands traits de cette vision jusqu’à nos jours, ne pouvaient s’arrêter qu’aux niveaux des ambitions, des rêves, de la virtualité, de l’utopie. C’est pourquoi après ce septennat de philosophie pure, les rois de cette gaffe, qui est le produit des cabinets de communication européens, payés à coups de milliards, ont réussi une autre trouvaille : les «grandes réalisations». Ce qui n’est autre qu’une variation sur le même thème.
 
La parfaite illustration de cette thèse est qu’avec les « grandes réalisations », Paul Biya qui selon la constitution doit définir la politique gouvernementale et celle de la nation a fui ses responsabilité en demandant à chaque ministre de faire sa feuille de route à sa guise. Ce qui donne l’impression que le chef de l’Etat n’a finalement rien à proposer et ne sera par conséquent responsable de rien.

De « Greater achievements » à « Major accomplishments » : pour les anglophones, rien n’a changé

En réalité, « grandes ambitions » et « grandes réalisations » est une escroquerie du « Renouveau » qui a traduit à sa manière en anglais pour dire la même chose. Selon le Pr Jean Takougang, « le traducteur du Rdpc a dû recourir à une fraude sémantique et grammaticale pour rendre les deux slogans. Après avoir traduit « Grandes Ambitions » par « Greater Achievements », alors que « ambition » est un internationalisme, (ambition se traduit par ambition en anglais, en Allemand…) il n’a rien trouvé de mieux que de rendre « Grandes Réalisations » par « Major Accomplishments ! », synonyme parfait de Greater Achievements ! Qui peut réellement lui en vouloir ? Non seulement il ne pouvait pas concevoir qu’un président passe 22 ans au pouvoir sans ambitions, mais encore il ne pouvait pas prévoir que sept ans plus tard, il annoncerait qu’il allait passer des grandes ambitions aux grandes réalisations. Quel locuteur natif peut s’imaginer une phrase bonnet blanc, blanc bonnet en anglais comme celle-ci : « We are going to move from Greater Achievements to Major Accomplishments” ? Et pour ne pas contredire son traducteur-maison, le président de la République est passé de la théorie à la pratique, de la parole aux actes, et les grandes réalisations qu’il nous a annoncées en grandes pompe et qu’il nous brandit ne sont jusqu’ici que des premières pierres… »

Une accumulation de dettes qui fait peur

Plus les jours passent, plus on an l’impression que le gouvernement du « Renouveau » a annoncé les « grandes réalisations » sans savoir viendrait les fonds pour le financement. A l’allure où vont les prêts successifs l’ardoise de ce projet pourrait être suicidaire pour les générations futures. Les chiffres sont ahurissants. A titre d’exemple: 130 milliards de fcfa pour améliorer l’offre en énergie ; 6 500 milliards de Fcfa pour le complexe industrialo-portuaire de Kribi ; 105,4 milliards de Fcfa pour le barrage de Lom Pangar ; 22 milliiards pour le barrage de Mekim, 119 milliards pour la construction du 2ème pont sur le Wouri ; 482,8 milliards pour l’autoroute Douala Yaoundé, 365 milliards pour le barrage de Memvé’ ele. Soit la somme de 7724, 2 milliards de Fcfa, pour une liste qui est très loin d’être exhaustive puisque qu’aucune industrie ou encore un projet agricole n’y figure.

En effet, loin d’être le produit d’un optimisme béat et par delà les positions militantes, la question de fond  de la réalisation des grands projets reste la capacité réelle du Cameroun à les réaliser.  Il faut bien des devises, c’est-à-dire, l’argent des autres pays obtenu à l’issue de la vente de nos matières premières. Ce qui n’est pas le cas pour le Cameroun où  pour la seule année 2011, 202 786 tonnes de machines et appareils ont été importés pour un montant global de 470,5 milliards de francs Cfa ; 507 388 tonnes de riz pour une valeur de 135 milliards de FCfa, 6 080 de maïs tonnes pour un montant de 1,4 milliards de FCfa,  212 198 tonnes de poissons de poissons de mer congelés pour 148 milliards en 2011, etc.

Dans ces conditions, il reste que le recours aux emprunts extérieurs et c’est bien la voie qu’ont choisie les pouvoirs publics .Du coup, on voit bien le problème qui bloque la réalisation des investissements. Cela pourrait aussi être assimilé à une absence de prévision et d’ambitions quand on constate que le  budget 2013 pour le petit Congo démocratique a été  arrêté récemment à plus de 4000 milliards de FCFA, soit précisément  en recettes à la somme de 4091.197.000.000 francs CFA et en dépenses à la somme de 3035.000.000.000 de francs CFA.  Il s’agit d’un pays dont le budget est passé de 675 milliards de FCFA en 2002, à 4000 milliards de FCFA en 2012. Il aura été multiplié par six (06) en l’espace de 10 ans. Rien à voir avec le Cameroun dont la situationest caractérisée par un grand paradoxe. Un pays riche. Riche de matières premières, de terres arables, de rivières et de fleuves, de forêts, de soleil. Mais qui est pauvre partce que le peuple n’est pas le premier souci du pouvoir. Pendant qu’en haut, les dirigeants vivent une vie fastueuse et dépensent des fortunes insolentes, tout en bas, les populations croupissent dans une misère noire. Une vie  à double vitesse.

Que sont devenues les promesses ?

Parmi les projets autrefois cités dans les grandes réalisations, certains ont connaissent un sort absurde. Le Yard pétrolier de Limbe est un projet monté en 2001. Son financement a été bouclé en 2003 et les travaux ont débuté deux ans plus tard, pour une durée de trois ans. Aujourd’hui, il ya de s’inquiéter sur l’évolution des travaux.

Il en est de même du deuxième pont sur le Wouri qui laissait croire que tout était ficelé. Alors qu’on attendait le début des travaux, les Camerounais ont appris qu’on était revenu à la case départ. C’est ce sort qui est aussi réservé actuellement à l’autoroute Douala-yaoundé.
 S’agissant du port en eaux profonde de Kribi, certaines informations font état de ce que l’Etat du Cameroun n’a pas encore payé ou fini sa quote-part.
Autant de projet qui ressemblent au caméléon aussi par leur vitesse que par leur manière de changer de couleur au fil jours et au gré des gouvernants ?

En tout cas, si pour certains les grandes réalisations sont en marche, pour beaucoup, elles  aboient peut-être, mais ne mordent pas encore. L’avenir saura mieux nous édifier.

© Ouest littoral : PONUS


14/11/2012
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