10 ans après le 11-Septembre:Le monde est-il plus sûr ?

10 ans après le 11-Septembre:Le monde est-il plus sûr ?

WTC Usa:Camer.beTouchée dans son amour-propre un certain 11 septembre 2001 par la témérité du mouvement terroriste Al-Qaïda, l’Amérique, nation la plus puissante du monde, avait alors promis de traquer son ennemi déclaré jusque dans son dernier retranchement. C’est ainsi que, sous la houlette du président George Walker Bush, une liste noire de terroristes a été dressée, et une prison spéciale créée pour les y détenir. Des fronts de combats ont également été ouverts, notamment en Afghanistan et en Irak, des zones réputées très favorables à la prolifération d’adeptes de l’extrémisme radical. La peur de voir des recrues de la nébuleuse terroriste passer entre les mailles du tamis de sélection des émigrés a aussi poussé le pays de l’Oncle Sam à durcir les conditions d’accès sur son territoire. Autant d’actions et de mesures qui visent à anéantir Al-Qaïda et ses ramifications, afin de sécuriser et pacifier le monde en le débarrassant des illuminés qui croient pouvoir imposer leur vision par la violence.

Mais, en jetant un coup d’œil rétrospectif dans le rétroviseur placé sur le chemin parcouru dans cette lutte, l’on se rend compte que, dix ans après ces historiques attentats, le bilan reste très mitigé. Si fait qu’il serait très imprudent de croire que le monde est devenu plus sécurisé et plus sûr en ce dixième triste anniversaire du drame du World Trade Center. Les USA et le monde peinent à se remettre de cette douloureuse épreuve qui a causé la mort de 2 973 personnes, et la hantise de l’attentat est devenue le plus fidèle compagnon de nombre de passagers aériens ou d’occupants de gratte-ciels. Et pour ne rien arranger dans cette situation de quasi- paranoïa, deux principaux démembrements du mouvement terroriste, en l’occurrence Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et les talibans en Afghanistan, continuent de semer la terreur en multipliant rapts et attentats à la bombe.

Certes, les investigations des services de renseignements américains ont permis, à en croire certaines sources, de déjouer le plan d’une dizaine d’attaques potentielles dont les USA étaient la cible. Mais la victoire la plus importante dans cette guerre contre Al-Qaïda est, sans conteste, la neutralisation physique en mai dernier de Ben Laden, cerveau du mouvement, résultat d’une opération commando. Un succès tout de même biaisé par le fait que le chef du réseau terroriste, pur produit du système militaire américain, a pris le soin de préparer sa relève, conscient qu’il était du caractère imprévisible de son destin. De nombreux Ben Laden ont ainsi survécu à la disparition de leur maître, permettant au mouvement de survivre à sa mort. Et cerise sur le gâteau, la branche africaine du terrorisme, AQMI, est en train d’étendre ses tentacules en nouant des contacts avec des groupes islamistes comme Boko Haram au Nigeria. Sa déstabilisation ne sera donc pas une mince affaire et le Pentagone semble avoir bien assimilé la leçon en envisageant, par les soins de Barack Obama, moins va-t-en-guerre que son prédécesseur, de changer de tactique. L’action militaire oui, mais la négociation et la réduction des inégalités intolérables dans les rapports mondiaux aussi. Après avoir été confrontée aux épreuves les plus dures de son existence dans son intervention en Afghanistan, l’armée américaine, a sans doute compris que le combat contre Al-Qaïda ne ressemblait en rien à une opération éclair. Car, les mouvements terroristes puisent leur force dans leur caractère clandestin, disséminé et irrégulier. Toutes choses qui les rendent difficilement localisables, et donc insaisissables. La loi du talion consistant à réagir à la violence par la violence a largement prouvé ses limites dans la résolution des conflits. En bandant un peu trop les muscles contre des hors-la-loi qui poussent la lâcheté jusqu’à revêtir indûment le manteau religieux pour tenter de légitimer leur lutte et s’attirer la sympathie de certains fidèles, l’Administration Bush n’a fait qu’attiser la braise de la haine qui couvait dans le cœur de révoltés. Il était donc temps que le nouveau locataire de la Maison-Blanche recadrât la lutte contre la nébuleuse terroriste pour lui donner plus de chances d’aboutir.

En attendant donc un consensus mondial sur la définition du « terrorisme » qui divise les Etats, les USA devront associer davantage leurs alliés dans la lutte. Ils doivent concocter une stratégie inclusive qui viserait à adopter un plan d’action qui privilégierait des actions synergiques menées, d’une part par les pays de la bande sahélo-saharienne, et d’autre part par les alliés occidentaux en Afghanistan et au Pakistan.

Il appartient, pour ce faire, au président Obama, de prouver aux yeux du monde que son option de préférer au tout militaire une tactique visant à réconcilier le monde musulman et la culture occidentale mérite intérêt. Pour ce faire, il devra, par exemple, opérer davantage d’ouverture en tenant sa promesse électorale de fermer la prison décriée de Guantanamo, et en faisant montre de plus de fermeté envers Israël dans sa gestion du conflit qui l’oppose à la Palestine. Car, c’est en assainissant ses relations avec les autres pays que l’Amérique pourra voir sa main tendue au monde arabo-musulman, saisie. Le monde pourra alors entamer sereinement le chemin qui le conduira vers plus de sûreté et de paix.

© Source : Le Pays


12/09/2011
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